Réduction de la bureaucratie dans l'UE : moins de charges, plus de progrès écologiques
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La Commission européenne a présenté un ensemble de trois propositions : une loi dite omnibus pour réduire la bureaucratie, un plan pour promouvoir les technologies vertes et les entreprises à forte consommation d'énergie, et un plan d'action pour une énergie abordable. Elles visent à soulager l’industrie non seulement de la bureaucratie mais aussi des prix élevés de l’énergie. La Commission souhaite également les soutenir par une promotion ciblée des produits européens, par exemple au moyen de lignes directrices « Achetez européen » et d’aides d’État.
L’« Omnibus » vise à rassembler quatre lois existantes sous un même toit et en même temps à les rationaliser – notamment au profit des petites et moyennes entreprises. Il s'agit de la directive sur l'information relative au développement durable des entreprises (CSRD), du règlement sur la taxonomie définissant la durabilité, des obligations d'audit des entreprises dans leur chaîne d'approvisionnement énoncées dans la directive de l'UE sur la chaîne d'approvisionnement (CSDDD) et du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM).
Environ 80 % des entreprises concernées jusqu’à présent, notamment celles de moins de 1 000 salariés, n’auront plus à rendre compte de l’impact de leurs activités sur l’environnement et le climat. Pour les grandes entreprises, la réglementation CSRD ne change pas. La Commission souhaite se concentrer sur les entreprises dont les activités ont le plus grand impact sur la durabilité. Toutefois, les entreprises qui restent tenues de rendre compte disposeront d’un délai supplémentaire pour le faire, soit jusqu’en 2028.
Selon ses propres déclarations, la Commission voulait à l’origine faire quelque chose de bien pour l’économie : la taxonomie devait fournir à l’économie en général et au secteur financier en particulier une référence pour déterminer quelles activités économiques et quelles entreprises devraient être classées comme durables. Les exigences de preuve pertinentes doivent désormais être considérablement réduites, comme dans le cas du CSRD. Elles ne s’appliquent pas aux entreprises de moins de 1 000 salariés, mais peuvent néanmoins être utilisées sur une base volontaire.
Beaucoup de choses vont changer ici. En substance, les entreprises devront vérifier de manière beaucoup moins stricte si les entreprises partenaires de leur chaîne d’approvisionnement respectent les normes environnementales, sociales et relatives aux droits de l’homme fixées par l’ UE . Cet audit ne se limitera plus à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, mais uniquement à l’entreprise suivante. En outre, cet audit ne sera plus réalisé annuellement, mais seulement tous les cinq ans, hormis des audits ponctuels si nécessaire. Les petites et moyennes entreprises devraient également être généralement tenues de collecter moins de données sur leurs partenaires commerciaux. La responsabilité en cas de violation des règlements doit être simplifiée. Finalement, les obligations des grandes entreprises doivent entrer en vigueur un an plus tard que prévu, en juillet 2028.
La Commission souhaite soulager les petits importateurs de la charge bureaucratique résultant des dispositions du CBAM sur les tarifs climatiques de l'UE. À l’avenir, cette règle ne s’appliquera que si les émissions totales de CO2 des marchandises importées dépassent 50 tonnes. La Commission calcule que 90 % des importateurs seraient exemptés des obligations du CBAM, tandis que 99 % des émissions seraient toujours couvertes par le tarif climatique.
La Commission estime que les entreprises économiseront 6,3 milliards d’euros si ses propositions entrent en vigueur telles que proposées. Cela permettrait également de mobiliser des investissements publics et privés supplémentaires.
Certainement pas. Elles seront désormais transmises aux États membres et au Parlement européen pour consultation. Au vu des critiques qui ont déjà été formulées mercredi, notamment par les Verts et les sociaux-démocrates, il est très probable qu'elles y seront sensiblement modifiées.
Le Clean Industrial Deal met l’accent sur deux points : la promotion des industries à forte intensité énergétique – comme l’acier, l’industrie automobile ou la chimie – et le développement des technologies vertes. Il comprend des propositions visant à conclure de nouveaux accords commerciaux, à fournir et à recycler des matières premières essentielles, à réduire les coûts de l’énergie et à promouvoir la demande de produits verts européens.
La Commission veut renforcer la demande en privilégiant la production locale par rapport aux importations en provenance de pays tiers. Elle veut permettre aux États membres de privilégier les fournisseurs européens en réformant les règles relatives aux marchés publics. Outre le prix, ils devraient pouvoir utiliser des critères tels que la durabilité ou l’indépendance de l’UE (résilience). Elle souhaite également encourager les entreprises à utiliser des produits intermédiaires européens verts, comme l'acier ou le ciment verts, en introduisant de nouveaux labels d'intensité CO2 sur l'ensemble du cycle de vie. Il faudrait alors également en tenir compte dans le cadre du financement public des contrats de leasing, par exemple. La part des produits verts dans la consommation européenne devrait atteindre 40 %. Afin de favoriser la conversion des entreprises à forte intensité énergétique, telles que celles de l'acier, du ciment ou de la chimie, vers une production neutre pour le climat, la Commission souhaite également accélérer les procédures d'approbation de ces entreprises. Cela fera partie de la loi sur l'accélération de la décarbonisation industrielle, que la Commission prévoit de présenter ultérieurement.
L’approche de la Commission européenne n’a pas changé dans son principe : elle veut réduire les coûts de l’énergie, élevés par rapport à la Chine et aux États-Unis, en développant les « énergies propres ». Cela inclut également l’énergie nucléaire. Les propositions sont à cet égard neutres sur le plan technologique. La part de l’électricité dans la consommation énergétique devrait passer de 21,3 % aujourd’hui à 32 % en 2030. À court terme, le soutien gouvernemental aux accords d’achat à long terme entre les entreprises et les producteurs d’électricité vise à apporter des prix plus stables et plus bas pour l’industrie. La Commission a l’intention de lancer un programme de soutien en collaboration avec la Banque européenne d’investissement (BEI). Dans quelle mesure, cela reste encore incertain.
D’un côté, la Commission veut autoriser davantage d’aides d’État. D’autre part, elle appelle les États à réduire les taxes sur l’électricité et les frais de réseau. La Commission souhaite également encourager les pays à acheter ensemble davantage de gaz. L'objectif est de renforcer le pouvoir de marché des entreprises participantes et d'empêcher qu'elles ne surenchérissent les unes sur les autres lors des achats et ne fassent ainsi monter les prix.
La Commission estime à 480 milliards d’euros par an l’investissement supplémentaire nécessaire à la transformation verte dans l’énergie, l’industrie et les transports par rapport à la dernière décennie. L’argent devrait provenir des États membres et du secteur privé. Elle-même souhaite mobiliser 100 milliards d’euros pour promouvoir la production verte dans l’UE. L’argent ne devrait pas provenir entièrement de l’UE. La Commission souhaite plutôt attirer les investisseurs privés avec des sommes nettement moins importantes provenant du budget de l’UE et des revenus provenant des échanges de quotas d’émission.
La Commission souhaite améliorer l’accès aux réserves de matières premières des pays tiers grâce à des accords commerciaux et à ce que l’on appelle des « partenariats pour un commerce et des investissements propres ». Elle souhaite également développer le recyclage des matières premières critiques. Leur part devrait passer de 11,8 % aujourd’hui à 24 % d’ici 2030. La Commission entend présenter une loi sur l’économie circulaire d’ici fin 2026. Cette mesure vise à restreindre l’exportation de déchets contenant des matières premières aussi critiques vers des pays tiers.
La Commission souligne qu’elle reste ferme dans son engagement envers les objectifs climatiques et le Pacte vert. Contrairement à ce qu'espéraient les Verts et les militants pour le climat, il n'a pas présenté de nouvelle loi européenne sur le climat en parallèle du plan d'aide à l'industrie afin de fixer un nouvel objectif de réduction pour 2040. L'objectif d'une réduction de 90 pour cent est toutefois évoqué.
Frankfurter Allgemeine Zeitung