Il est révélé que Miguel de Unamuno a avoué au romancier Henry Miller qu'il craignait d'être assassiné.

L' écrivain espagnol Miguel de Unamuno (1864-1936), dans une lettre inédite datée du 7 décembre 1936 – trois semaines avant sa mort – avoua au romancier Henry Miller (1891-1980) sa peur d'être assassiné car il y avait un ordre de le tuer s'il tentait de s'échapper de son assignation à résidence.

La Maison-Musée Unamuno de la ville de Salamanque, où il fut recteur de l'université historique, a publié un important dépôt réalisé dans l'institution par le chercheur Carlos Sá Mayoral, qui comprend une lettre que Miguel de Unamuno a essayé d'envoyer à l'écrivain Henry Miller à la fin de 1936.

La lettre a été écrite le 7 décembre 1936 par Unamuno en réponse à une autre lettre (aujourd'hui inconnue) que Miller lui avait envoyée auparavant, qui montre une relation épistolaire inconnue entre les deux écrivains.

Dans le texte, Unamuno déplore sa situation depuis le 12 octobre, lorsque, lors de la célébration de la Journée de la Race dans l'auditorium de l'Université de Salamanque, il a censuré l'attitude des élites franquistes et phalangistes, donnant lieu à sa célèbre confrontation avec le général Millán Astray, l'un des militaires les plus proches de Franco.

"Sá Mayoral a publié plusieurs ouvrages, comme 'Miguel de Unamuno : mort naturelle ou crime d'État ?' et implique pour la première fois directement le dictateur Francisco Franco dans la persécution et la mort de l'écrivain ", a indiqué la Maison-Musée.

Unamuno va même jusqu'à dénoncer dans la lettre l'existence d'un ordre de le tuer s'il tente de fuir, décrit la terrible situation qui existait dans l'Espagne dominée par les rebelles contre la République en juillet 1936 (qui a provoqué une guerre civile jusqu'en 1939) et demande à Miller de raconter tout cela à qui veut l'entendre à Paris, en particulier parmi les exilés espagnols.

"La lettre a encore plus de valeur historique car, après avoir été saisie par le Service de Renseignement Militaire (SIM), le chef de cet organisme, le colonel Salvador Múgica, a remis au général Franco un rapport l'avertissant du désir d'Unamuno de fuir à l'étranger, daté seulement de onze jours avant la mort de l'écrivain", indique la Maison-Musée Unamuno.

L'apparition de cette lettre est une continuation des contributions précédentes aux écrits de Sá Mayoral, réalisées par le cinéaste Manuel Menchón et le professeur de l'Université de Salamanque et écrivain Luis García Jambrina ( La Double Mort d'Unamuno ), relatives également à la fin de la vie d'Unamuno, l'un des écrivains les plus prestigieux de la littérature espagnole.

Cette lettre s'ajoute à deux autres documents récemment découverts lors du processus de documentation de l'exposition sur les liens entre l'ancien recteur de l'Université de Salamanque et la science, que l'Unité de culture scientifique et d'innovation de l'Université de Salamanque prépare pour l'année prochaine. Parmi eux figure une note manuscrite du romancier britannique H.G. Wells à Unamuno.