Il y a désormais 63 sans-abri décédés en 2025 et ils dénoncent un abandon de la part de l'État.

Les organisations dénoncent que ces décès ne sont pas des incidents isolés, mais plutôt la conséquence de la négligence de l’État et du manque de politiques d’assistance publique.
Depuis le début de l'année, au moins 63 personnes sans domicile fixe sont décédées dans différentes régions du pays, dont 13 à Buenos Aires, selon une enquête conjointe du CELS, de l'Assemblée populaire pour les droits des personnes sans domicile fixe et du groupe « Sociabilité en marge » de la Faculté de psychologie de l'UBA. Le rapport met en garde contre la détérioration des politiques publiques et révèle une réalité marquée par la négligence , la violence institutionnelle et l'épuisement des services d'assistance.
Luna Miguens, directrice de l'équipe « Terre, Logement et Justice Économique » du CELS, a souligné que les décès enregistrés témoignent de l' effondrement du système de logement et de l'absence de mesures structurelles. S'adressant à Noticias Argentinas , elle a déclaré : « Ces deux dernières années, nous avons assisté à une politique de lutte contre la pauvreté sur un ton punitif, stigmatisant et discriminatoire », et a critiqué le discours officiel associant pauvreté et désordre. Elle a notamment remis en question les publications du maire de Buenos Aires, Jorge Macri, dans lesquelles il présente les opérations d'expulsion comme faisant partie des politiques d'« ordre et de propreté ».
Un sans-abri avec son chien dans la rue

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La violence d'État envers les sans-abri a augmenté de façon alarmante, selon les chiffres du Bureau de défense publique de la ville de Buenos Aires. Entre 2024 et 2025, les signalements de maltraitance institutionnelle ont augmenté de 128 %, un chiffre corroboré par le CELS lors d'entretiens avec certaines des 11 892 personnes enregistrées à Buenos Aires. « Ils sont expulsés, leurs biens sont volés, ils sont persécutés et harcelés », a expliqué Miguens, qui a mis en garde contre un discours officiel qui occulte la souffrance et encourage l'expulsion systématique des espaces publics.
Malgré l'augmentation du budget alloué aux refuges, les organisations signalent que cette approche reste limitée et souvent violente. Les structures qui fournissent lits, douches et nourriture ne parviennent pas à répondre à la demande ni à garantir des conditions décentes. « C'est encore une approche très superficielle », explique M. Miguens, évoquant les mauvais traitements, la surpopulation et les expulsions constantes de personnes de ces espaces. Résultat, selon eux, beaucoup préfèrent dormir dans la rue plutôt que d'être maltraités dans les refuges.
Il y a environ 350 personnes dans la rue à El Gran Mendoza.

La situation s'aggrave avec les récentes décisions du gouvernement national. Par le décret 373/2025, publié le 30 mai, l' État a été déchargé de sa responsabilité concernant la Loi nationale sur les personnes sans domicile fixe et la gestion du problème a été transférée aux provinces. « Au lieu de renforcer l'accès aux services essentiels, le gouvernement a décidé de subventionner les services en fonction de la situation de chaque gouvernorat », explique le CELS, qui interprète cette mesure comme un recul dans l'élaboration d'une politique fédérale globale.
Parallèlement, la structure institutionnelle responsable de l'aide directe a été supprimée et des organismes publics clés ont été démantelés. Parmi eux, le Fonds d'intégration socio-urbaine, qui finançait des projets d'amélioration des quartiers populaires, est menacé de fermeture. « Nous sommes en procédure judiciaire pour garantir qu'il ne soit ni fermé ni privé de financement », ont confirmé les responsables du CELS. Parallèlement, à Buenos Aires, le budget de l'Institut du logement a été réduit de 28 %, ce qui a eu un impact direct sur les personnes en attente de logement.
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L'augmentation du nombre de personnes vivant dans la rue doit être comprise dans le contexte d'un désengagement délibéré de l'État. Il ne s'agit pas seulement d'un manque de ressources, mais d'une décision politique de démanteler les instruments publics qui garantissaient un niveau minimum de protection sociale. La stigmatisation, la criminalisation de la pauvreté et l'expulsion des espaces publics s'inscrivent dans une logique qui progresse sans offrir d'alternatives réelles et durables.
Les organisations exigent une réponse urgente et dénoncent le fait que ces décès ne sont pas le résultat d'un accident climatique ou d'une situation individuelle, mais la conséquence directe des décisions des États. Sans politiques de logement, sans accès aux soins, sans refuges adéquats ni assistance constante, les personnes sans domicile sont abandonnées à leur sort dans des conditions de plus en plus extrêmes.
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