Ce qui reste à régler dans la réforme des retraites à 14 jours de son entrée en vigueur : entretien avec Andrés Velasco

L'avenir de la loi 2381 de 2024, ou réforme des retraites, sera décidé cette semaine, puisque la Cour constitutionnelle devra résoudre deux recours contre la loi susmentionnée, qui entrerait en vigueur le 1er juillet, dans moins de deux semaines.
Quelle que soit la décision que la Cour suprême pourrait prendre – qu’elle déclare la réforme des retraites constitutionnelle, qu’elle se prononce contre elle, la qualifiant d’inconstitutionnelle, ou qu’elle la renvoie au Congrès pour examen et ajustement – il est important de maintenir la sécurité juridique concernant une loi aussi importante que la loi 2381.
"La pire chose qui puisse arriver au système de retraites, c'est qu'il y ait encore de l'incertitude le 1er juillet", prévient Andrés Mauricio Velasco, président d'Asofondos, qui, dans une interview à EL TIEMPO, a abordé les scénarios possibles auxquels est confrontée la réforme des retraites, les questions importantes qui restent à résoudre, comme l'assurance retraite et les fonds générationnels, ainsi que sa réglementation.
Cette semaine est cruciale pour la réforme des retraites. Que voyez-vous chez Asofondos dans les trois scénarios possibles ? Si la réforme est déclarée constitutionnelle, alors allons de l'avant. Nous redoublerons d'efforts pour que les décrets nécessaires soient publiés afin d'obtenir la plus grande clarté et de mettre en œuvre cette option minimale viable dès le 1er juillet. Si elle est déclarée inconstitutionnelle, soyez rassurés, car la Colombie dispose d'un système de retraite fonctionnel. Si la décision est renvoyée au Congrès, nous y reviendrons pour formuler les meilleures propositions pour le système de retraite et continuer à améliorer cette initiative. Nous espérons que les décisions prises jusqu'à présent resteront légales, notamment pour les personnes qui ont profité de cette opportunité pour se déplacer. Il est essentiel que cela soit maintenu.
Nous sommes à moins de 15 jours de l'entrée en vigueur de la loi 2381. Quel est le pire scénario avant cette date clé ? Le pire scénario serait que la Cour constitutionnelle ne statue pas, qu’une décision ne soit pas prise avant le 1er juillet, que la réforme entre en vigueur et que des décisions de justice soient ensuite rendues qui modifient le statu quo, le renvoient au Congrès ou le déclarent inconstitutionnel.
Le problème est que les cotisations en vertu des nouvelles règles de pension commencent le 1er août. Si une personne gagnant plus de 2,3 fois le salaire minimum n'a pas choisi son Accai (Individual Savings Supplementary Component Administrator) dans le délai établi, elle sera affectée à l'un des programmes Accai et son employeur contribuera le montant de son salaire qui dépasse ce seuil.
Mais si la réforme échoue, il faudra définir comment ces ressources personnelles seront gérées ; elles devront être reversées aux AFP. À cela s'ajoute le fait que la cotisation de base à la retraite de cette personne, équivalente à 2,3 SMIC, a été versée à Colpensiones et répartie entre ces institutions. Une partie de cet argent a été versée au Fonds d'épargne de la Banque de la République, le reste ayant déjà été dépensé.
Par conséquent, l'incertitude générée par l'absence de décision de justice, non seulement avant le 1er juillet, mais même avant la fin de la législature, est énorme et pourrait engendrer un chaos considérable avec ces ressources, ce qui pourrait entraîner des poursuites judiciaires contre l'État. Les risques juridiques et opérationnels sont considérables, car inverser ces processus ne sera pas simple ; il s'agit de 20 millions de personnes.

La loi 2381 de 2024 entrera en vigueur le 1er juillet. Photo : MinCit
Alors que la réforme entrera en vigueur le 1er juillet, nous restons profondément préoccupés par trois points, notamment l'assurance retraite pour la population en transition, qui couvre les cotisants contre deux types de risques : les accidents pouvant entraîner une invalidité ou le décès. Dans les deux cas, la couverture d'assurance est activée afin que la personne ou sa famille perçoivent la pension.
Le problème est que cette police devient de plus en plus coûteuse en raison du vieillissement de la population colombienne et du risque accru d'accidents. De plus, les suspensions de cotisation sont de plus en plus longues et les cotisations à l'assurance retraite sont très onéreuses, car imprévisibles. Un homme ou une femme épouse un jeune et sa pension est héréditaire, ce qui contribue à renchérir la police. Cette assurance est financée par une commission de 3 % prélevée par les administrateurs, qui prélève aujourd'hui 2,5 %, ne laissant à l'AFP que 0,5 %, ce qui nous oblige à être plus efficaces et à maintenir une concurrence féroce dans le secteur.
Jusqu'à présent, cette gestion pouvait être gérée sur la population totale, ce qui réduirait le coût de cette assurance. Cependant, la réforme segmente la population. Il y a une population en transition et une autre non en transition, où se trouve la population la plus jeune. Les personnes en transition, par définition, ont accumulé 750 et 900 semaines d'ancienneté, sont sur le marché du travail depuis près de 20 ans et sont plus chères en raison de leur âge. La population qui reste dans les AFP est celle qui a les revenus les plus faibles ; elle est la plus exposée aux accidents, et l'assurance retraite pour les couvrir est indisponible en raison du risque plus élevé. Il s'agit donc d'une défaillance du marché.
Comment résoudre ce problème ? Consciente du problème, la loi 2381 stipulait que tout problème lié à la souscription de cette assurance serait résolu par l'État. Le décret d'application prévoyait une solution en cas de défaillance du marché pour la population non en transition. En revanche, pour la population en transition, la loi 100 restait en vigueur, ce qui ne résolvait pas le problème. Nous courons donc actuellement le risque que la population en transition se retrouve sans assurance retraite le 1er juillet, ce qui est problématique car il y a toujours des blessés. Nous savons que le gouvernement est préoccupé et qu'il publiera un décret par l'intermédiaire de la Direction générale de la régulation de l'économie de la sécurité sociale du ministère des Finances. Nous avons souscrit une assurance, mais dès l'entrée en vigueur de la réforme, elle deviendra caduque. Si la réforme échoue, ce ne sera pas un problème, car nous sommes assurés.
Quels sont les autres problèmes qui n’ont pas été résolus ? Ce sont deux choses autorisées par la réglementation que nous jugeons illégales et qui nous préoccupent vivement en raison de la sous-capitalisation des fonds. La première est que la réglementation autorise l'utilisation du Fonds d'épargne du pilier contributif, géré par la Banque de la République, pour financer le pilier semi-contributif. La nation doit préserver ce Fonds comme un trésor inviolable, car il constitue la seule garantie de pension pour 20 millions de personnes, puisque c'est de là que proviendront leurs retraites.
La réglementation autorise également le Fonds de garantie des pensions minimales, destiné au RAIS (Système d'épargne individuelle solidaire) pour couvrir les versements de pensions minimales lorsque le capital individuel ne suffit pas à couvrir le montant minimum, à financer le système de mesure des primes Colpensiones. Il s'agit là d'une autre façon d'utiliser l'argent à des fins non appropriées. Ces deux problèmes sont d'ordre fiscal, mais ils sont gênants et illégaux, et doivent être résolus.

La Cour constitutionnelle commence à statuer sur l'avenir de la loi 2381 de 2024, ou réforme des retraites. Photo : Archives
Si la réforme est réintroduite, nous nous préparons à proposer au Congrès des modifications qui, selon nous, amélioreront la réforme sur deux plans : la viabilité du système et de ses aspects budgétaires, et l’équité. Concernant les fonds, nous préconisons systématiquement un seuil plus bas (1,5 fois le salaire minimum), ce qui contribue à améliorer ces deux aspects. À long terme, les Colombiens bénéficieront d’un rôle important du secteur privé dans le système de retraite, car il s’agit d’un système autofinancé et plus durable ; tout autre système nécessite des efforts budgétaires de la part du gouvernement.
Que peut-on encore améliorer dans le projet s’il y a une chance ? Il existe de nombreuses options, comme abaisser le seuil à 2,3 salaires, ou permettre aux fonds privés de participer au pilier de base en concurrence avec les prestataires publics, comme c'est le cas dans d'autres secteurs, comme la banque, l'assurance, les communications et la santé, où ils sont soumis aux mêmes règles. C'est un débat que nous pouvons mener au Congrès afin que chacun puisse choisir le système auquel il souhaite appartenir.

Le nouveau calcul des semaines de cotisation doit être effectué en jours calendaires, et non en mois de 30 jours. Photo : iStock
À l'heure actuelle, nous disposons de deux décrets sans commentaire. L'un concerne les fonds générationnels, avec lesquels nous pouvons travailler car c'est un décret assez bon. L'autre concerne le décaissement, mais il ne concerne que les fonds privés. Ce décret présente mille problèmes car il décrit des choses qui n'existent pas ; il exige une grande précision car, en fin de compte, il s'agit de ressources publiques. Par exemple, il ne dit rien sur le décaissement du Fonds d'épargne du pilier contributif, le plus important du pays.
Nous avons encore besoin de beaucoup de choses, mais c'est une question de vie ou de mort en matière d'assurance retraite. Il faut être très clair : il s'agit d'un problème gouvernemental, d'une défaillance du marché public. J'insiste sur le fait qu'il est également important de clarifier le fonctionnement du processus de déstockage du Fonds d'épargne, car on pense que ce processus commence dans dix ans, mais ce n'est pas le cas. Le fonds commence à s'accumuler, et ce dès le premier mois. Autrement dit, dès août, on observe déjà des accumulations et des déstockages.
eltiempo