L'immigration contribue à ralentir la croissance de l'absentéisme

L'arrivée de plus d'un million d'immigrés sur le marché du travail au cours des dix dernières années a contribué, entre autres, à ralentir la hausse de l'absentéisme, qui augmente d'année en année. Dans un rapport conjoint avec la mutuelle Umivale Activa, l'IVIE a analysé un échantillon de microdonnées de l'Échantillon Continu de Vies Professionnelles (ECVV), accessible uniquement aux chercheurs, qui croise des données anonymes de plus de 700 000 travailleurs. « Toutes autres caractéristiques personnelles et professionnelles étant égales par ailleurs, la probabilité d'être en arrêt maladie est significativement plus faible chez les étrangers (10,3 points de pourcentage de moins), tout comme leur taux d'absentéisme pour incapacité temporaire (2,4 points de moins) », selon le rapport.
« Ces résultats suggèrent que l'immigration pourrait avoir contribué à modérer l'augmentation de l'absentéisme observée ces dernières années », ajoutent les chercheurs de l'IVIE. Dans l'échantillon analysé, l'absentéisme était de 38,6 % chez les nationaux et de 26,6 % chez les étrangers. Cela ne signifie pas qu'il s'agit du taux d'absentéisme réel, mais plutôt du chiffre pour le groupe étudié, pour lequel une multitude de données ont pu être analysées.
Le taux d'absentéisme, c'est-à-dire le pourcentage de salariés qui, pour une raison ou une autre, ne se présentent pas au travail, s'élève à 12,1 %, comme le montre le graphique. Ce taux est supérieur à la moyenne européenne, qui est de 9 %. Des sources du CC.OO. (Conseil d'entreprise des travailleurs) expliquent qu'il convient tout d'abord de clarifier la définition de l'absentéisme : si pour les syndicats, il s'agit uniquement d'absences injustifiées, pour les entreprises, il désigne toute absence.
Les absences des travailleurs autochtones à leur emploi dépassent celles des étrangersLe rapport de l'IVIE se concentre sur les absences pour incapacité temporaire de travail devant être validées par un médecin. Dans ce cas, le nombre de journées de travail perdues en 2023 pour les seuls travailleurs du régime général s'élève à 368,7 millions, soit une perte de production de 81,574 milliards d'euros de PIB, soit 5,4 % du total, selon les estimations des chercheurs.
Le chiffre de perte d'activité potentielle est supérieur de 47 % à celui d'il y a cinq ans. L'augmentation de ces arrêts maladie n'a pas échappé à l'Autorité indépendante de responsabilité fiscale (AIREF), car ils représentent également un coût pour l'État. L'AIREF vise à analyser l'efficacité et l'efficience des dépenses publiques consacrées à cette prestation.
En matière d'arrêts maladie, l'Espagne se classe également parmi les pays de l'UE affichant le taux d'absentéisme le plus élevé pour cette raison, et la croissance la plus rapide. Entre 2018 et 2023, le nombre de journées de travail perdues a augmenté de 52 %, atteignant les 368,7 millions de jours mentionnés précédemment. Cela représente 5,6 % de l'ensemble des journées travaillées en Espagne. Autrement dit, ce chiffre équivaut à un million de travailleurs en arrêt maladie chaque jour, ou à une absence de 20 jours par an pour incapacité temporaire pour chaque salarié espagnol. Cela représente cinq jours de plus qu'en 2018.
Des sources au sein du CC.OO. (Conseil d'entreprise de l'indemnisation des accidents du travail) estiment qu'au vu de l'augmentation des congés maladie, « il serait intéressant de comprendre l'origine de ces absences et dans quelle mesure elles sont dues à la saturation des services de santé en sous-effectif ». Une autre explication possible, selon le syndicat, résiderait dans « le vieillissement de la population active et une plus grande sensibilisation à la santé suite à la pandémie ». Cette augmentation touche les salariés des secteurs privé et public, ainsi que les travailleurs indépendants. « Il s'agit d'un changement structurel, mais nous devons en comprendre les causes », affirme le CC.OO.
De nombreuses autres variables influencent les arrêts maladie, comme l'âge, le niveau d'études et le type d'emploi. Selon le rapport, alors que 3 % des jeunes de 16 à 29 ans souffrent d'incapacité temporaire, ce pourcentage atteint 9,6 % chez les 60 à 64 ans. Les absences sont également plus fréquentes et génèrent davantage d'incapacité temporaire chez les personnes moins instruites. Ce phénomène pourrait être lié au fait que ces travailleurs sont ceux qui effectuent les tâches les plus pénibles.
Des îles Canaries à MadridLe taux d'absentéisme de 5,6 % pour l'ensemble des jours ouvrables en Espagne est très dispersé entre les communautés autonomes, selon l'étude de l'IVIE. Les îles Canaries arrivent en tête du classement avec 7,5 %, tandis que Madrid affiche l'incidence la plus faible, à 4,5 %. La Catalogne se situe dans la fourchette supérieure, avec un taux de 6 %. Dans toutes les régions, on observe une augmentation significative entre 2018 et 2023, atteignant en moyenne 36 % pour l'Espagne, selon le rapport. Les communautés enregistrant les plus fortes augmentations sont la Galice (+ 53 %), les îles Canaries (+ 48 %) et les Asturies (+ 43 %). Ce sont précisément ces régions qui affichent les taux d'absentéisme les plus élevés du pays.
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