Quand parlerons-nous du risque économique de la réforme judiciaire ?

La question n’est pas de savoir s’il existe un risque économique lié à la réforme du système judiciaire, mais plutôt de savoir quelle est l’ampleur de ce risque et quelles mesures seront prises pour l’atténuer. Qui sera en charge de ce dossier et quand commencera-t-il à y travailler ?
Nous sommes arrivés à la date des élections et il semble que tous les efforts du gouvernement soient concentrés sur l’obtention d’un taux de participation de 20 %. Le résultat de l’expérience électorale/institutionnelle sera déterminé à un autre moment. La priorité pour Morena, le Palais national et les gouverneurs est de faire en sorte que 20 millions de personnes se rendent aux urnes ce dimanche 1er juin.
Le système judiciaire fonctionne mal et nécessite une intervention chirurgicale majeure. Au lieu de cela, ils ont opté pour quelque chose qui a du sens politiquement, mais qui ne dissipe pas complètement les doutes. L’administration de la justice s’améliorera-t-elle pour les personnes défavorisées de longue date ? Aurons-nous un système qui contribue à un meilleur fonctionnement de l’économie ? Beaucoup de choses peuvent empirer, surtout au début. Ce risque est l’éléphant dans la pièce. Le rapport trimestriel de la Banque du Mexique, publié mercredi, identifie la politique commerciale de Trump comme un risque pour la croissance du Mexique, mais ne mentionne pas la réforme judiciaire comme un risque pour la croissance.
La prudence règne à la banque centrale, mais aussi parmi les organisations patronales. La situation à Banxico s’explique par le fait que chacun des membres du Conseil d’administration a été nommé par le 4T. Ils sont là pour mener la politique monétaire, lutter contre l’inflation et évaluer les risques pour le système financier. Il y a environ 56 000 procès intentés par des banques contre des clients devant les tribunaux, la plupart d'entre eux étant locaux. C’est l’un des nombreux défis de la transition du système judiciaire.
Comment comprendre l’extrême prudence des chefs d’entreprise et de leurs représentants ? En privé, ils expriment leur inquiétude quant à ce qui pourrait arriver dans l'administration de la justice, mais en public, c'est une autre histoire. Ils n’ont pas élevé la voix lors du spectacle de la tombola au Sénat, et n’ont même pas effleuré la surface des critiques concernant le processus d’élection des juges, des magistrats et des ministres. Les accordéons; l’intervention flagrante des gouverneurs et le scandale des candidats incompétents ou qui sentent le crime organisé.
Ils ont préféré garder le silence plutôt que de paraître ennemis d’un des projets imposés par AMLO. Ils reconnaissent qu'il existe un dialogue avec le président Sheinbaum qui n'existait pas avec López Obrador, mais il n'est pas clair si l'amélioration du dialogue comprend des conversations ouvertes et productives sur des questions sensibles. Le Plan Mexique vise à relancer les partenariats public-privé et à stimuler l’investissement privé dans les infrastructures. Sera-t-il possible de convaincre les entrepreneurs d’investir des milliards de pesos et, en cas de litige, de se soumettre aux décisions des juges qui émergeront de la réforme judiciaire ?
Les hommes d’affaires s’expriment davantage avec leur portefeuille qu’avec des mots. Nous connaissons depuis plusieurs mois une tendance à la baisse de l’investissement fixe brut. Dans quelle mesure ce déclin est-il lié à l’incertitude causée par les changements intervenus dans le système judiciaire ? Les données d'investissement les plus récentes disponibles datent de février 2025, qui montrent une baisse de 6 % par rapport au même mois de 2024. Le tableau des données d'investissement montre que la baisse a commencé en septembre, coïncidant avec le moment où la supermajorité de Morena au Congrès a été consolidée et la démolition du pouvoir judiciaire a été confirmée.
Il y a le facteur Trump et les facteurs internes. Dans l'enquête mensuelle de la Banque du Mexique auprès des spécialistes, les conditions externes ont le plus augmenté lorsqu'on les interroge sur les principaux facteurs qui pourraient entraver la croissance économique. La politique commerciale extérieure pesait 2 points en septembre de l'année dernière et a atteint 19 points en mars. Les questions relatives à l’état de droit, hors sécurité publique, sont passées d’un score de 16 en septembre 2024 à un score de 7 en mars 2025. À quoi est due cette baisse ? Les experts se sont-ils résignés ou sont-ils devenus optimistes quant à ce qui va arriver ?
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