À Fréjus, l'art comme support pour aider à se réinsérer

S’apaiser, se réinsérer, extérioriser ses problèmes et ses souffrances, se valoriser: les accueillis des associations “Promosoins” et “Logivar Estérel” de l’Union Diaconale du Var ont mis tout leur cœur dans la réalisation d’une cinquantaine de tableaux, maquettes, sculptures, installations, bijoux, qu’ils exposent dans les locaux de la maison Saint-Honorat, à Fréjus.

Sur le thème des quatre saisons, chacun est devenu artiste, imaginant des compositions hautes en couleurs, des origamis, des objets, avec des matières recyclées, lors des séances d’art-thérapie qui se déroulent le mercredi tout au long de l’année.

Des après-midi proposés à une trentaine de personnes, des demandeurs d’asile de “Logivar” et des malades démunis, souvent sortis de la rue, en voie de guérison, de “Promosoins”.

"Il ne s’agit pas de cours de dessins ou de leçon de peinture, mais de se resocialiser. Nous sommes là pour créer, dans le but de s’exprimer, a expliqué Sandrine Senis, art-thérapeute. On cultive l’imagination, la concentration, les capacités relationnelles, savoir écouter l’autre, prendre la parole tout en se canalisant. Et je travaille sur le renforcement des liens mère-enfant. L’art-thérapie développe la confiance en soi, l’esprit d’équipe, les échanges apaisés. Ceux qui sont spectateurs deviennent actifs et ceux qui n’osent pas parler se mettent à discuter."

Développer la confiance en soi

"L’art-thérapie permet d’éviter l’isolement des accueillis qui vivent dans les logements mis à disposition dans le cadre de la demande d’asile ou des appartements de coordination thérapeutique", a précisé la directrice de “Logivar”, Mathilde Tessier.

"Les personnes en grande précarité accompagnées par Logivar peuvent ainsi se rencontrer. Les demandeurs d’asile qui ne parlent pas français, les femmes qui se retrouvent dans un milieu inconnu, parviennent à s’exprimer par le dessin. Chacun apprend à communiquer de façon calme", a-t-elle poursuivi.

Et le président de l’association, Christian Viton, préfet honoraire, de renchérir: "L’art-thérapie est la meilleure façon de parler de soi sans dire je. C’est ce dont nos publics ont besoin, pouvoir montrer ce qu’ils ressentent sans craindre de se mettre en avant. Nous cherchons à créer du lien entre les personnes mais aussi entre les personnes et les groupes sociaux. C’est ce qui correspond à ce que nous voulons comme insertion. Une réintégration sereine et en douceur".

"Nous avons commencé les appartements de coordination thérapeutique avec quatre places en 2005. Et vingt ans après, nous en avons 14, a souligné la présidente de Promosoins, Danielle Dargon, chirurgien-dentiste. Les bénéficiaires sont soutenus par des accompagnateurs éducatifs et sociaux car il faut leur réapprendre l’hygiène, le ménage, la cuisine. On les aide à rouvrir leurs droits car ils n’ont plus de sécurité sociale. En vingt ans, nous avons beaucoup plus de personnes qui ont des problèmes de santé mentale. Ils peuvent venir régulièrement à la bibliothèque où de nombreux ateliers sont autant de supports pour les échanges".

"Je rencontre des gens gentils, ça fait du bien"

Entre les impressionnantes maquettes de plage, piste de ski, le port et son phare majestueux, les peintures, les lampes exotiques… les talents se sont révélés. Les auteurs se surprenant eux-mêmes de leur réussite.

Comme Abdel qui confie: "Mes problèmes de santé sont importants et j’ai été orienté vers Promosoins qui a constitué un dossier et m’a fourni un appartement de coordination thérapeutique. J’y suis depuis six mois et je vais mieux même si j’ai encore des douleurs. Je viens à chaque atelier, l’art-thérapie, la mémoire, jeux de société et aux jardins partagés. Je me suis même inscrit aux cours de français d’Epafa. Je rencontre du monde, je découvre des gens très gentils. En art-thérapie, j’apprends des choses, c’est amusant et très plaisant. Ça me fait du bien. J’étais très déprimé et je retrouve le moral avec ce groupe formidable".