« C’est un désastre annoncé » : la cathédrale de Jean Linard, monument d’art brut, en danger dans l’Aisne

La « maison aux coquillages » de Viry-Noureuil (Aisne) est-elle menacée ? C’est la crainte de nombreux passionnés de patrimoine qui se mobilisent notamment sur les réseaux sociaux. Ils accusent la municipalité comme la direction régionale des affaires culturelles de ne rien faire. « Elle va disparaître. C’est une honte. Mes abonnés y sont très sensibles », s’exclame la blogueuse lyonnaise et lanceuse d’alerte dans le domaine de l’art, Nicole Esterolle, sur Facebook.
Dès sa retraite en 1975 jusqu’à sa disparition il y a vingt ans à l’âge de 91 ans, Bohdan Litnianski, maçon ukrainien, n’a eu de cesse de concrétiser son « jardin idéal » au 15, rue Jean-Jaurès en érigeant notamment une cinquantaine de colonnes alliant coquillages, faïences, pierres, bouteilles en verre, poupées… Le tout scellé avec du ciment : « Avec du vieux, on fait du neuf », disait-il.
Après sa disparition, la demeure est restée longtemps fermée. Ses héritiers l’ont ensuite mise en vente. Elle a été achetée il y a quatre ans par un particulier amoureux du travail et de la patience de Bohdan Litnianski qui vit dans une commune voisine : « Il ne veut toucher à rien, nous a-t-on indiqué en mairie. Des petits objets tombaient sur le trottoir il y a quelque mois. Nous lui avons demandé de sécuriser. »
Des voix s’élèvent donc pour faire protéger ou classer cette œuvre hors norme, tandis que la mairie répond : « C’est une propriété privée ». Galeriste à Rouen (Seine-Maritime), Pierre Gentès ne comprend pas une telle réaction : « Beaucoup de villes et de villages, confrontés au même problème de propriété privée emblématique, ont trouvé des solutions. C’est un désastre annoncé. » Contacté, l’actuel propriétaire de la « maison aux coquillages » n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Le Parisien