Ces jeunes écrivains espagnols qui font danser la langue de Cervantès

Une nouvelle vague de jeunes auteurs déferle dans les librairies espagnoles. Leur point commun est d’explorer l’oralité : dialectes, argots, parlers locaux d’hier et d’aujourd’hui s’entremêlent dans leurs romans, à rebours d’une tendance mondiale à l’uniformisation de la langue.
La littérature est territoire commun, et la langue espagnole plus encore, elle qui rassemble plus de 500 millions de personnes sur une autoroute qui autorise cabrioles et régionalismes à l’infini. Des auteurs nés dans les années 1990, comme Luis Mario (né en Cantabrie [dans le nord de l’Espagne] il y a trente-trois ans), David Uclés (35 ans, originaire d’Andalousie) ou Greta García (native de Séville, 33 ans) se sont mis dans le sillage d’Andrea Abreu. En 2020, cette dernière, écrivaine de 30 ans originaire de l’île canarienne de Tenerife, avait, dans La Sœur que j’ai toujours voulue [traduit en français aux éditions L’Observatoire, 2022], envoyé valser les règles de grammaire et fait danser une langue absente des dictionnaires.
Y aurait-il une certaine lassitude à l’égard du mondialisme, de l’universalisme, de ce qui nous uniformise en général, et en particulier de cette littérature qui cherche à plaire au plus grand nombre, façon Zara ou Starbucks ? Le fait est que, dans un même mouvement, ces auteurs choisissent d’aller ressusciter l’oralité de leurs aînés et la langue locale à laquelle ils ont été biberonnés, dans leur village, leur quartier.
“Aujourd’hui, on sait désinstaller une application
Courrier International