Diego Céspedes, cinéaste chilien : “J’ai voulu raconter le versant lumineux des années sida”

Pour “Le Mystérieux Regard du flamant rose”, son premier long-métrage, Diego Céspedes a planté sa caméra dans le désert du nord du Chili. Son film, projeté à Cannes dans la section Un certain regard, célèbre la résistance que la communauté queer a déployée dans les années 1980, pour survivre au sida. Entretien.
C’est un film “à la fois doux, drôle, passionné et parfois absurde”, “une énorme explosion d’émotions” qui “explore la part d’amour et la part de violence que tout être humain recèle en lui”, énumère le magazine américain Variety. Projeté jeudi 15 mai dans la sélection Un certain regard, Le Mystérieux Regard du flamant rose, premier long-métrage du jeune Chilien Diego Céspedes, a ému la presse étrangère.
Déchirant de tendresse et d’humanité, émaillé d’éclats d’humour et de fantastique, Le Mystérieux Regard du flamant rose revisite à sa façon la quête de la communauté queer pour la visibilité. Le film nous emmène aux confins du Chili, en 1982, dans un village minier qui abrite une petite communauté de transgenres et de travestis, habitués à se produire dans un cabaret local. Alors que l’épidémie de sida commence ses ravages, une légende circule dans la région : la maladie se transmettrait d’un simple regard, lors d’un coup de foudre entre deux hommes.
De passage au Festival de Cannes pour défendre son film, également en lice pour la Caméra d’or et la Queer Palm, Diego Céspedes a répondu aux questions de Courrier international.
COURRIER INTERNATIONAL : Beaucoup des films récemment tournés sur l’épidémie de sida ont pour décor des grandes villes. L’action de votre film, elle, se déroule dans le désert du nord du Chili. Pourquoi ce choix ?
DIEGO CÉSPEDES : Durant les années 1980, au Chili, l’exploitation minière a connu un grand essor. Des villes sont sorties de terre, habitées avant tout par des hommes et mettant en œuvre des technologies dernier cri. Puis tout s’est arrêté, et ces villes sont devenues des villes fantômes. Il m’a semblé qu’elles offraient un décor parfait pour mon film, dont je savais déjà qu’il s’articulerait autour des notions du
Courrier International