Fête de la musique sur France 2 : un concert de haute volée sous le ciel de Paris

Retransmis en direct, le spectacle événement présenté par Daphné Bürki et Mohamed Bouhafsi, a fait résonner des tubes engagés, tandis que la vasque olympique s’élevait de nouveau.
Par Emeline ColletGrosse ambiance dans le jardin des Tuileries (Paris, Ier) où 35 000 personnes ont bravé la canicule, ce samedi soir, pour la fête de la musique, lors d’un concert retransmis en direct sur France 2. Le public a applaudi, gentiment d’abord puis de plus en plus fort, des artistes survoltés et le retour de la vasque olympique, accrochée à son ballon à hélium, qui s’est élevée dans le ciel sur une version inédite d’un tube de Daniel Balavoine. Mais rembobinons.
Accueillis à 21 heures par le poète Abd al Malik, les spectateurs, ses « frères et sœurs en humanité » ont d’abord été invités à maintes reprises à faire preuve de compassion dans ce monde d’après qui commence maintenant. Gros tambours rouges tranchant sur les costumes noirs, « War », un cri contre toutes les guerres, a officiellement ouvert le bal.
Mohamed Bouhafsi et Daphné Bürki ont à peine eu le temps de rappeler que le concert de ce soir était inspiré d’une phrase de Victor Hugo - « La musique, c’est du bruit qui pense » - que déjà « Résiste », titre culte revisité par Camille, sautillante et pieds nus, retentissait devant le Louvre.
Marine, gagnante de la dernière Star Academy, entonne ensuite « La Grenade », hymne féministe de Clara Luciani. D’abord en piano voix, délicat. Quand la basse s’en mêle, le public exulte. « C’est génial, c’est vraiment une ambiance de fou », commente une jeune femme.
Tandis que le public arrive de plus en plus nombreux, Solann, dont une brise légère fait virevolter la tunique, reprend « Les Voleurs d’eau », d’Henri Salvador. Plus tôt, le ministère de la Culture avait fait savoir qu’il voulait, avec cette soirée, faire entendre « les plus beaux morceaux du répertoire de ces 40 dernières années (…)pour porter un message de paix ».
On avait un temps craint que la panne survenue plus tôt à France Télévisions compromette la retransmission du concert. Mais tout est rentré dans l’ordre à temps. Le soleil descend doucement derrière la vasque olympique quand Yodelice, tout de blanc vêtu, seul avec sa guitare s’avance avec « The times they are a-changin’ », offrant une image d’une douceur infinie.
Lunettes noires sur le nez, Bernard Lavilliers prend le relais avec « Noir et blanc », dans laquelle, en 1986, il dénonçait l’apartheid. Les Tuileries lèvent les bras à l’unisson sur « Balance ton quoi », d’Angèle, repris par Thee Dian, nouveau visage du hip-hop alternatif. Puis « Strange fruit », chantée pour la première fois par Billie Holliday en 1939, est entonnée par la voix envoûtante de Lou and the yakuza.
Suivent « Les émigrants » de Charles Aznavour, interprété par Malik Djoudi, « Here’s to you », chantée par la maîtrise populaire de l’opéra comique, rejointe par une Jeanne Added bouleversée sur « What’s up », « Un garçon pas comme les autres » par Alex Montembault et « Redemption song » de Bob Marley par Kalash.
Il est 22 heures passées quand le temps suspend son vol. La vasque olympique et paralympique s’élève lentement dans le ciel sur « Sauver l’amour » de Daniel Balavoine, réorchestrée par Victor le Masne, directeur musical des cérémonies des Jeux de Paris. Décidément, Paris est magique. En bonus, on joue « Parade », l’hymne des Jeux, et la caméra filme les spectateurs qui ont eu la bonne idée d’assister au spectacle depuis la tour Eiffel.
Toujours en live sur la scène de France Télévisions, Christine and the Queens électrise la soirée avec un puissant « Pride (in the name of love) » de U2. Le formidable chœur donne à entendre les grands tubes américains, de Marvin Gay à Aretha Franklin.
Après avoir repris « Banlieusards » de Kerry James, Youssef Swatt’s a le temps d’adresser ses pensées aux peuples opprimés, « de la Palestine au Congo, Soudan, Yémen » et de tâcler la politique de Retailleau (le ministre de l’Intérieur, NDLR), avant que Mohamed Bouhafsi le pousse gentiment vers la sortie.
Viennent encore Keren Ann et « Rockin’in the free world », de Neil Young, le groupe La Femme et « The Partisan » de Leonard Cohen. Chaque chanson a été spécialement choisie pour délivrer un message de paix. La nuit est tombée depuis longtemps quand Max Baby se lance dans un efficace « Born in the USA », de Bruce Springsteen. Le son monte encore d’un cran avec Marco Prince, une chapka en fourrure noire sur la tête, qui attaque « Antisocial », de Trust.
Changement d’ambiance radical : la violoncelliste Sol Gabetta interprète la « Sarabande » de Jean-Sébastien Bach, seule dans les jardins.
Toute frétillante, Daphné Bürki annonce enfin l’ouverture « du plus grand club de France » tandis que Mohamed Bouhafsi invite les DJs Major Lazer à prendre les commandes de la scène avec leur carton planétaire « Lean on » (plus d’un milliard de streams), « french baguette » brandie au-dessus des Tuileries en sus. Avec la vasque en arrière-plan, clairement, un mix inoubliable !
Le public, en nage, finit la soirée avec la DJ ukrainienne Miss Monique.
Le Parisien