Lorraine. Antoine Pétry : vingt ans de chansons et un premier album

Ses chansons, ses textes et musiques lui ressemblent : drôles mais doux, piquants mais bienveillants, écrits à l’encre sympathique qu’un William Sheller n’aurait pas reniés. Notre confrère et reporter régional Antoine Pétry sort son premier CD. Une petite perle joliment enregistrée à la maison, à Bouxières-aux-Chênes, au cours d’une soirée musicale entre potes. Du vrai bon live, sans filtre ni bricolage de studio. Dix-huit chansons en circuit court, qui au départ ne devaient donner que de la joie brute.
Un bon verre de vin, de l’amitié sincère à foison et de la musique : « J’ai toujours écrit des chansons, comme ça, sans prétention, des tableaux, parfois des blagues, des clins d’œil, qui de rimes en rimes finissent par échapper à celui qui écrit. Je le confesse… J’aime cette alchimie », explique Antoine qui, avec son complice et ami Christophe Bind, travaille en artisan des mots et des mélodies. Sans frime et sans esbroufe, Vildo - son pseudo d’artiste hérité de sa Touraine natale - nous emporte à Pont-à-Mousson, chante les joies du couple, l’odeur des protège-tibias, les affres de la première calvitie et aussi ces « rimes en vrac » qui nous remettent bien droit quand le moral flanche.
Elles font du bien les chansons d’Antoine et de ses amis musiciens, dont la filiation culturelle est évidente. En effet, en parallèle de ses recherches personnelles avec ses complices de Vouzutetor, un combo dédié 100 % à l’œuvre de Brassens, Antoine Pétry a déjà une bonne cinquantaine de concerts à son actif. Des strophes de Brassens, l’artiste en connaît des dizaines par cœur, fasciné qu’il est par l’écriture si fine et pétillante du patriarche de Sète.
Nourri par près de 40 ans de reportage de proximité partout dans le Grand Est, Antoine Pétry livre, avec Pontamoussongs, une série de tableaux colorés dignes d’un petit-maître du temps présent. Être attendrissant sans être chiant, redonner à la guitare ses lettres de noblesse, moquer son époque sans cynisme ni méchanceté y compris avec un peu d’autodérision : c’est la marque de fabrique d’Antoine Pétry, dont la couverture du CD toute blanche et sobre signée d’un dessin rigolo de Lefred Thouron, donne le ton. S’appliquer à donner de la joie, sans se prendre au sérieux.
L'Est Républicain