"Maintenant, les gens veulent vivre des expériences": l’office de tourisme de Provence Verte cherche à réinventer l’attractivité du territoire

Hélène Dos Santos ([email protected]) Publié le 23/08/2025 à 06:30, mis à jour le 23/08/2025 à 06:30
C’est un constat que font les professionnels à l’Office de tourisme intercommunal Provence verte Verdon (OTI), Audrey Falcou, la directrice, en tête. "Maintenant, les gens veulent vivre des expériences, c’est le grand thème à la mode. Une exposition avec un panneau d’informations à lire, cela ne les intéresse plus," relève-t-elle.
Ces dernières années, l’OTI est sorti de sa mission première de promotion de l’offre touristique pour proposer des activités que la structure a vocation à commercialiser. Par exemple, "on a créé un jeu d’enquête au château de Valbelle à Tourves. On essaie de travailler avec nos socioprofessionnels pour les amener à ça." Ainsi, l’office a défini une stratégie pour répondre aux nouvelles attentes en se basant sur les richesses du territoire.
Allier nature et patrimoine
D’abord renforcer des activités de pleine nature qui mettront en valeur le patrimoine, notamment cultuel. "On travaille depuis cinq ans sur un GR de pays qui va relier, à pied, les trois sanctuaires: Notre-Dame de Grâce à Cotignac, la basilique à Saint-Maximin et la grotte de Sainte-Marie-Madeleine à Plan-d’Aups. On espère que d’ici la fin de l’année, on aura la maîtrise foncière et qu’on pourra déposer le dossier à la fédération. On croise les doigts."
L’œnotourisme, les balbutiements
Ensuite, l’OTI a naturellement porté son regard sur les domaines viticoles. L’œnotourisme est apparu comme une évidence "mais nous sommes très en retard, admet Audrey Falcou. Pendant longtemps, les domaines n’ont pas eu besoin de développer cette activité. Ils vendaient leur vin et tout allait bien. Et puis, certains ont commencé à vendre de l’offre : salle de réception et hébergement principalement."
Depuis 2017, c’est la voie qu’a choisi d’emprunter le domaine Saint-Julien à La Celle. "Nous proposons cinq chambres d’hôte à la bastide et une salle de réception qui peut accueillir 400 personnes," détaille Claire Canolle, la directrice.
Les ateliers de dégustation jugés "trop ordinaires" ont laissé la place à des cours de cuisine dispensés par Julien Lépine, le chef de l’Hostellerie des gorges de Pennafort. "Cette année, nous avons relancé les soirées musicales. La clientèle qui vient à la bastide ne vient pas faire de l’œnotourisme," analyse Claire Canolle. "C’est à nous de l’intéresser au vin, de faire d’un touriste, un œnotouriste. Sauf que les gens ne viennent pas dans le Sud pour ça." D’autres régions ont fait du vin, une attraction, un objectif de visite et ont fait de l’œnotourisme une activité à part entière avec du personnel dédié. Sur le territoire, "même s’il faut de nouvelles ressources économiques, les domaines ne sont pas encore très bien structurés même s’il y a une volonté," ajoute Audrey Falcou. Alors pour aiguiller les visiteurs, il existe une route des vins et le label Vignobles et découvertes.
Enfin, l’agriculture est un secteur qui s’ouvre aussi au tourisme. Vente directe, visite d’exploitation, Bienvenue à la ferme est un label qui garantit des expériences de découvertes auprès des agriculteurs.
"N’ayez pas peur, elles ne vous feront rien" Fabienne Grison mène ses oies au pas. "Ici, il y a les aubergines, les salades, les oignons. Et là, dans la serre, il y a les tomates." Il faut suivre la cadence. Fabienne connaît son exploitation sur le bout des doigts et ses pieds ont déjà foulé chaque recoin. Et puis, elle n’a pas l’habitude de tourner autour du pot. Il ne faut pas aller spécialement vite mais il y a mille choses à faire. Son exploitation, c’est sa maison. Son travail, sa vie. "C’est 7 jours sur 7. C’est sûr, il faut que ça plaise. Moi, ça m’a plu tout de suite."
Fabienne s’installe en 1996 et fait de La Machoto (chouette en provençal) une ferme-auberge en 1998. Son exploitation est connue comme le loup blanc à Saint-Julien-le-Montagnier. Elle a pris la suite de son père et de ses grands-parents avant lui. L’agritourisme, elle est en plein dedans avec une longueur d’avance. Elle savait que les curistes de Gréoux-les-Bains, à seulement quinze minutes du village, seraient de fidèles clients. Elle n’avait pas tort. "Nous avons sympathisé avec plein de monde, des gens de Bretagne, de Strasbourg…"
"Il n’y a pas plus court comme circuit"
Mais une ferme-auberge, c’est quoi? "On prépare des repas uniquement avec des produits de l’exploitation." De saison, ça va sans dire. En 1998, le label Bienvenue à la ferme - La Machoto a été labellisée tout de suite - exigeait la part de produits cuisinés issus de l’exploitation à 75%. "Aujourd’hui, c’est 50%. Moi, je fais un maximum avec mes produits. Nous avons 16 ha de vignes, 30 ha de céréales et 3 ha en maraîchage. Et des volailles,” ajoute-t-elle. “Pintades, poulets, canards. Des lapins aussi. Il n’y a que le fromage de chèvres que je ne fais pas. Je le prends à Montmeyan."
Autant dire que les journées sont longues. "Je fais aussi la vente directe des légumes mais pas l’hiver." Ses légumes vont directement à la casserole. Il n’y a pas plus court comme circuit. "Je ramasse au fur et à mesure. J’ai horreur des légumes qui sont passés en chambre froide. C’est ce qui plaît aux touristes."
Des touristes, justement, qui se font rares cette année, estime Fabienne. "De 35 personnes par service, on est tombé à 12." Mais il en faut plus pour décourager l’agricultrice. "Je ne suis pas prête pour m’arrêter."
Il a été officiellement lancé à la foire de Brignoles en avril dernier. Le chichoulet est le plat qui pourrait relancer la culture du pois chiche sur le territoire. L’OTI travaille avec l’agglomération Provence verte pour mettre la recette à la carte de grands restaurants. Objectif: créer une identité culinaire. "C’est encore un peu tôt pour une accroche touristique", conclut Audrey Falcou.
Var-Matin