Auvergne Rhône-Alpes. « Pour entreprendre, il faut avoir envie et écouter ses tripes »

Faut-il être fou ou téméraire, aujourd’hui, en France, pour créer son entreprise dans un environnement politique et économique aussi instable ?
« C’est à double tranchant. Oui, l’environnement politique est instable, mais nous avons en France une chance dingue pour entreprendre. Les créateurs peuvent par exemple compter sur beaucoup de mécanismes de soutien, comme France 2030. Les entreprises bénéficient d’un très bon réseau en matière d’accompagnement, comme les incubateurs. Une fois qu’on a un projet, beaucoup de structures peuvent accompagner les créateurs, en matière de mentorat, de coaching, d’ateliers, etc. Il y a également des sources de financement, via Bpifrance par exemple. »
Finalement, une entreprise et ses dirigeants, dès la création, n’ont pas d’autre choix que de s’adapter face aux circonstances et aux événements ?
« Tout à fait. On essaie d’anticiper au maximum, mais on s’adapte aussi en permanence. »
Vous avez créé Healshape en 2020 avec cinq associés, au début de la pandémie de Covid-19. Comment votre entreprise de médecine régénérative, créée à Lyon, s’est-elle adaptée à cette nouvelle donne complètement inattendue ?
« Nous avons décidé de créer en 2019. Je travaillais alors pour le groupe Sanofi. J’avais très envie d’entreprendre. C’est la rencontre avec mes cinq cofondateurs qui m’a orientée vers ce projet, car il y avait beaucoup de compétences et de complémentarités dans nos profils. Il y avait aussi un brevet qui avait beaucoup de potentiel.
C’est là qu’on a topé avec les uns et les autres en se disant qu’il y avait un beau projet. J‘étais complètement disponible pour me lancer dans l’aventure et eux étaient tous disponibles pour me donner un peu de temps en parallèle de leurs différents métiers. On a créé la boîte en janvier 2020.
Le hasard a voulu que ça tombe au début de la pandémie, mais il fait toujours essayer de transformer une contrainte en une opportunité. Le Covid m’a permis d’avoir du temps pour pouvoir bosser en profondeur sur le projet et d‘être moins sollicité partout. »
Depuis 2020, avez-vous commis des erreurs qui vous ont finalement permis de faire grandir l’entreprise ?
« Un développement de produits n’est jamais un long fleuve tranquille. Oui, on n’a pas fait tout juste du premier coup. On a connu pas mal de problématiques, mais on a toujours réussi à rebondir. C’est vraiment les montagnes russes, mais elles montent de plus en plus haut. On a vraiment beaucoup appris. Il y a des choses qu’on ne pouvait pas savoir, mais nous en sommes toujours sortis par le haut. Il fait toujours garder confiance. »
Quels sont les deux ou trois conseils que vous donneriez à un entrepreneur pour lancer sa boîte ?
« Pour entreprendre, il faut avoir envie et écouter ses tripes. C’est la clé. Quand on a envie, on ne voit que le positif. Ce qui est dans les tripes, c’est ça qui nous porte. On peut alors déplacer des montagnes. Je ne dis pas que c’est facile, mais j’adore ce que je fais. »
Et quels sont les deux ou trois conseils que vous donneriez pour maintenir et développer son activité ?
« Il faut savoir bien s’entourer et savoir se ressourcer pour tenir dans la durée. Il faut aussi savoir se challenger et se faire challenger. Il est tout aussi important de se confronter avec le terrain, avec le marché, avec des experts, avec les partenaires et les prestataires. C’est important d‘être ouvert, parce que les autres peuvent nous apporter. La clé de tout dans un projet, c’est le besoin et comment y répondre. »
En 2024, la France a battu son record d’immatriculations d’entreprises. Il a dépassé 1,1 million de créations (+ 6 %). La progression a même atteint 8 % dans la région Auvergne Rhône-Alpes. Comment l’expliquez-vous ?
« Il y a un mouvement de fond, qui s’appuie notamment sur la mise en valeur de l’entrepreneuriat , alors que le salariat a ses limites. De plus en plus de moyens, financiers et techniques, sont aussi mis à la disposition des entrepreneurs. Beaucoup de choses facilitent la vie des créateurs, même si ça reste un beau challenge. »
GO Entrepreneurs, jeudi 25 septembre, à la Sucrière, à Lyon 2e, de 8 h 30 à 18 heures. event.go-entrepreneurs.com

Créations d’entreprises : un été record
Alors que les entreprises individuelles classiques poursuivent leur repli, les immatriculations de micro-entrepreneurs et les créations de société sont en hausse.C’est une première depuis le début de la série statistique en 2000. Le nombre de créations d’entreprises en France a dépassé 100 000 en août, tout comme en juillet selon des chiffres corrigés publiés au mois de septembre par l’Insee.
102 961 entreprises ont été créées en août, en données exprimées corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables, a annoncé l’Institut national de la statistique. Le nombre de créations en juillet, initialement annoncé à 99 632, a finalement lui aussi franchi le seuil des 100 000, pour atteindre 100 330 nouvelles entreprises.
L’essor des micro-entrepreneursLes créations ont progressé de 2,6 % en août par rapport à juillet, après une hausse de 0,8 % en juillet. Ce dynamisme, explique l’Insee, est principalement porté par les immatriculations de micro-entrepreneurs, en forte accélération sur le mois (+3,6 % à 68 464 après +1,4 % en juillet), et par les créations de sociétés (+1,9 % à 25 707 après +0,2 %). En revanche, les entreprises individuelles classiques poursuivent leur repli (-2,6 % à 8 789 après -2,1 %).
Sur les 12 derniers mois (septembre 2024 à août 2025) et en données brutes, le nombre total d’entreprises créées augmente de 0,6 % par rapport aux 12 mois précédents, avec une hausse de 1,9 % pour les micro-entrepreneurs et de 1,8 % pour les sociétés, mais un recul de 10,8 % pour les entreprises individuelles classiques. Sur les huit premiers mois de l’année 2025, 757 593 entreprises ont été créées, dont 489 739 micro-entreprises, 198 091 sociétés et 69 763 entreprises individuelles classiques.
Le Progres