Blocage du 10 septembre : syndicats, partis politiques… Qui appelle à faire quoi ?

Récap Entre ceux qui préfèrent rester loin de l’initiative, ceux qui la soutiennent et ceux qui sont circonspects, « Le Nouvel Obs » fait le point.
Par Service Actu
Un appel a été lancé à « bloquer tout » en France le 10 septembre prochain. STEPHANE MOUCHMOUCHE / HANS LUCAS VIA AFP
« Tout bloquer » le 10 septembre ? Les confédérations syndicales, poussées par leurs bases et certaines fédérations, restent méfiantes à l’égard de l’initiative, dont plusieurs responsables syndicaux craignent les tentatives de récupération ; ce mouvement, encore très nébuleux, rappelle celui des « Gilets jaunes » en 2018, dont les syndicats s’étaient tenus assez éloignés.
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De son côté, la gauche, qui fait sa rentrée politique depuis le milieu de la semaine avec les universités d’été de plusieurs partis, s’engage plutôt en faveur du soutien au mouvement « Bloquons tout » tandis que le Rassemblement national s’en distancie très clairement. Alors que la date approche, « Le Nouvel Obs » fait le point pour démêler qui des soutiens, des anti ou encore des frileux.
• Les soutiensCôté syndicats, plusieurs des instances départementales de la CGT et fédérations, dont celles de la chimie et du commerce, ont déjà décidé de soutenir le mouvement, sans attendre l’avis du bureau confédéral, qui se réunira mardi et mercredi prochain pour définir une position officielle.
Côté politique, la gauche s’engage dans le soutien au mouvement de blocage du 10 septembre, avec en ligne de mire la censure du gouvernement.
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon qui a, vendredi soir, appelé très clairement à la « grève générale » lors du mouvement de protestation, espère qu’il l’aidera à faire chuter le gouvernement de François Bayrou. « Il faut que le 10 septembre soit un jour de blocage général, c’est-à-dire, pour ce qui concerne le salariat, que le 10 septembre ce soit la grève générale », a lancé le chef de file des Insoumis, devant plusieurs milliers de militants à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme.
De son côté, la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier appelle aussi à soutenir cette mobilisation et celles à venir des syndicats, estimant dans « Libération » mercredi que : « l’avenir de notre pays se joue dans (les) mouvements d’ampleur annoncés à la rentrée ». Mais elle dit refuser toute récupération, invitant les partis à ne pas « tout gâcher en organisant une compétition de nombre de drapeaux ou en mettant les manifestants mal à l’aise parce qu’ils auraient l’impression de marcher dans les pas de tel ou tel candidat à la présidentielle ».
Les socialistes, sont aussi plutôt favorables aux appels de collectifs citoyens à « tout bloquer » en France le 10 septembre. C’est ce qu’a laissé entendre le premier secrétaire du Parti socialiste. « Nous serons là le 10 septembre et les jours suivants », a promis Olivier Faure. Pas pour « canaliser, dompter, instrumentaliser, ou soumettre » ce mouvement mais pour « lui offrir un débouché politique qui ne soit pas celui de l’extrême droite ». « Le 10 septembre, il y aura une mobilisation forte dont chacun mesure qu’elle peut être à la hauteur de l’exaspération et du rejet du pouvoir actuel. Elle peut être massive. Nous n’en connaissons pas complètement les contours. Ses revendications sont floues, mais nous devons l’accompagner », a-t-il précisé lors d’une intervention aux Journées d’été des Ecologistes à Strasbourg.
Contrairement aux partis de gauche, le Rassemblement national « n’a pas vocation à être l’organisateur de manifestations » et ne donnera pas de consigne à ses sympathisants, a indiqué vendredi à l’AFP la députée Edwige Diaz, vice-présidente du mouvement d’extrême droite. « Notre rôle en tant que parti politique est d’apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut-parleur », déclare l’élue de Gironde, pour expliquer que le RN « n’a pas vocation à être l’instigateur (ni) l’organisateur de manifestations ».
Pour autant, « nos adhérents et nos électeurs sont libres de faire ce qu’ils veulent », ajoute la vice-présidente chargée de la formation des membres du parti à la flamme, tout en disant redouter des débordements en marge des cortèges.
« On n’est pas là pour prendre position sur des mouvements sociaux, on a été élus autour de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale pour défendre les positions des Français, des classes populaires, des classes moyennes, de ceux qui bossent, des retraités de ceux qui n’en peuvent plus qu’on vienne les taxer », a abondé vendredi sur Europe 1 le député RN Thomas Ménagé, appelant à ne pas « bordéliser le pays ».
• Les prudentsLa CGT, première des représentants syndicaux à s’exprimer publiquement sur la question s’est montrée prudente, vendredi, sur l’initiative en attendant la position officielle du bureau confédéral. Si « les revendications sociales et la dénonciation » du projet de budget rejoignent « tout à fait notre analyse », « sur le reste, les choses sont très nébuleuses », a jugé Sophie Binet, leader de la CGT, sur France Inter. Tout en saluant « la multiplication des initiatives de mobilisation », qui « montre la volonté d’action et la grande colère sociale », la CGT reste « très vigilante sur les tentatives de noyautage et d’instrumentalisation de l’extrême droite, qui, à certains endroits, essaye de développer des discours anti syndicaux » ou de la diriger contre « les immigrés ».
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Chez Force ouvrière, certains militants s’interrogent : « On nous demande ce qu’est cette journée du 10 septembre », témoigne Patricia Drevon, secrétaire confédérale. En attendant, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa et Solidaires) convoquée le 1er septembre « définira les modalités d’actions », rappelle Patricia Drevon secrétaire confédérale. « Il y aura forcément une journée d’action », assure la responsable, mais « en intersyndicale, non ce n’est pas possible de décider de rejoindre le 10 septembre ». D’autant que « maintenant que Mélenchon a appelé à soutenir le mouvement, on ne va certainement pas se mettre derrière LFI », pointe un responsable syndical sous couvert d’anonymat.
Le Nouvel Observateur