Bordeaux : Barbey Village, une auberge espagnole de l’inclusion

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Bordeaux : Barbey Village, une auberge espagnole de l’inclusion

Bordeaux : Barbey Village, une auberge espagnole de l’inclusion

Barbey Village, un nouveau lieu « habité et hybride », est le fruit de la rencontre entre l’auberge de jeunesse de Bordeaux et l’association La Petite Sœur, spécialisée dans l’inclusion de jeunes issus d’établissements médico-sociaux. Un lieu d’accueil, de tourisme, hôtellerie, logement, restauration, fabrication, de création artistique et d’insertion. Inauguration le 13 juin

Emilie Mallet et Sabra Ben Ali le concèdent : vue de l’extérieur, l’auberge de jeunesse de Barbey est presque toujours aussi moche. Mais dedans, « ça commence à ressembler à un truc ». Quelque chose comme Barbey Village, concept mêlant logement, tourisme, résidences artistiques, ateliers inclusifs pour jeunes de 18-25 ans et rencontres en tous genres. Un « lieu des possibles » dans les murs de l’auberge municipale (la seule à Bordeaux), né de la rencontre de l’Association des centres d’animation de Bordeaux, gestionnaire historique du site, avec La Petite Sœur, spécialisée dans l’insertion, via le décloisonnement, de jeunes venus d’établissements médico-sociaux (EMS). Depuis quelques mois, les deux associations se partagent le bâtiment, « en synergie ».

Autour d’Émilie Mallet et Sabra Ben Ali, une partie de l’équipe de Barbey Village devant le bar de l’auberge de jeunesse.
Autour d’Émilie Mallet et Sabra Ben Ali, une partie de l’équipe de Barbey Village devant le bar de l’auberge de jeunesse.

S. L.

L’auberge de jeunesse, vieillissante, cherchait un nouveau souffle. « Elle a souffert de la concurrence d’autres hébergements collectifs, genre hostels. Elle a été réquisitionnée à plusieurs reprises, pour le Covid, les réfugiés ukrainiens… C’était nécessaire, mais ça a brouillé son image », retrace Émilie Mallet, sa nouvelle directrice depuis janvier 2024.

De son côté, La Petite Sœur, qui avait déjà porté ses projets de « Rêveries », modèle « d’inclusion inversée » au sein de centres spécialisés, était intéressée par l’auberge « en tant que lieu d’éducation populaire ». Et de brassage, en général. « Notre dynamique, c’est la recherche-action, dit Sabra Ben Ali, directrice. C’est d’expérimenter, pour faire en sorte que ces jeunes soient reconnus et que le citoyen soit plus conscient de ces milieux. »

Chantier participatif

Réunies par la Ville, les deux associations ont imaginé le projet Barbey Village, « lieu habité et hybride », qu’il a d’abord fallu transformer. L’espace a été repensé par l’agence Nicole-Concordet, le bâtiment remodelé via un grand chantier participatif, entamé au printemps 2024 et toujours en cours, qui mobilise « une centaine de personnes : jeunes, éducateurs, bénévoles ». Le projet est financé par les fonds européens, une foule de partenaires publics (Ville, Région, etc.), privés et une part d’autofinancement.

Autour d’Émilie Mallet et Sabra Ben Ali, une partie de l’équipe de Barbey Village devant l’entrée de l’auberge de jeunesse. « Toujours aussi moche », mais ça devrait changer.
Autour d’Émilie Mallet et Sabra Ben Ali, une partie de l’équipe de Barbey Village devant l’entrée de l’auberge de jeunesse. « Toujours aussi moche », mais ça devrait changer.

S. L.

Au rez-de-chaussée du Village, mitoyen de la Rockschool, le réfectoire et le salon ont été rafraîchis, la cuisine « rallumée » – elle propose petit-déj pour tous et demi-pension pour les groupes. Le pôle d’accueil doit encore être repensé, ainsi que la devanture, toujours datée. « On a travaillé une identité graphique commune. »

Le premier étage garde la vocation d’auberge de jeunesse, « ouverte à tous, pour tous les âges », précise Émilie Maillet. 60 couchages dans 15 chambres de 2 à 8 places, au prix moyen, compétitif, de 30 euros par tête, « petit-déjeuner compris ». Toutes les chambres ont été refaites, habillées de bois local, devenues « plus fonctionnelles, chaleureuses ». On a repeint, changé l’éclairage, multiplié les douches. « Tout a été retravaillé pour faire souffler un « esprit bienveillant ». On y accueille des touristes lambda, des groupes, de jeunes travailleurs, « beaucoup d’alternants ». « On tient à garder la vocation de tourisme social et solidaire. » Le but reste de mixer les publics.

« Des artistes qui traînent »

Le second étage a été investi par La Petite Sœur, qui y réside désormais. « Huit logements en intermédiation locative pour des jeunes entre 18 et 25 ans » permettent à des jeunes exclus du marché locatif, dont certains viennent d’EMS, de résider ici jusqu’à un an, pour un loyer de 420 euros par mois (avant APL). Une douzaine sont ainsi accueillis. « L’idée, c’est de créer un collectif, comme une colocation. »

« L’idée, c’est la mise en proximité de publics, de générations qui ne se seraient pas croisées ailleurs »

On y trouve aussi quatre chambres d’hôtes « pour des structures culturelles qui doivent loger des artistes » et deux ateliers pour quatre jeunes sortis d’école, en l’occurrence les Beaux-Arts de Bordeaux, contre un prix modique. L’étage prévoit aussi un espace pour artiste résident : en ce moment, Aurore Vegas, illustratrice et autrice de BD venue de Bruxelles, qui explore « la couleur des émotions » qui habitent les lieux. « On a appris à La Rêverie que c’est pas mal d’avoir des artistes qui traînent, pointe Sabra Ben Ali. L’idée, c’est la mise en proximité de publics, de générations qui ne se seraient pas croisées ailleurs. »

Aurore Végas, artiste venue de Bruxelles, en résidence à Barbey Village, explore la couleur des émotions qui habitent les lieux.
Aurore Végas, artiste venue de Bruxelles, en résidence à Barbey Village, explore la couleur des émotions qui habitent les lieux.

S. L.

Barbey Village compte à ce jour une vingtaine de salariés. Le lieu voit aussi beaucoup de stagiaires, car le maître mot, c’est l’insertion. D’abord par la cuisine, réinvestie. La Petite sœur a aussi repris l’exploitation du bar du TNBA, et assure le service pour les soirs de spectacle au centre dramatique tout proche. On propose également aux 18-25 ans un « parcours régie », dans sa version « bâtiment » ou « artistique », pour installer les futures expositions. Tous ont encore du pain sur la planche. Les espaces communs devraient être finalisés pour l’inauguration de Barbey Village, le 13 juin prochain.

SudOuest

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