«Des proies de viol virtuel» : Facebook ferme un groupe où des photos de femmes étaient partagées à leur insu

Des clichés arrachés à l’intimité du foyer, volés lors d’une après-midi paresseuse à la plage ou pris en douce dans les allées d’un supermarché. Meta a supprimé mercredi 20 août un groupe Facebook baptisé «Mia Moglie❤❤❤» - «Ma femme» en italien. Ses 32 000 membres s’y échangeaient des photos de leurs compagnes, le plus souvent prises à leur insu et les révélant parfois dénudées, comme le rapporte Corriere della Sera.
La firme de Marck Zuckerberg a sévi à la suite de l’alerte de la militante féministe italienne Carolina Capria. Sur Instagram, cette dernière avait dénoncé mardi l’existence de cette communauté, qui troque des images de «femmes souvent inconscientes d’être photographiées pour devenir la proie d’un viol virtuel». L’autrice a par ailleurs confié sa «peur et sa nausée» face aux commentaires de certains internautes du groupe. En ligne, son dégoût a fait effet boule de neige.
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A sa voix se sont jointes celles d’ONG, à l’image de «No Justice No Peace». Ou encore celles d’une partie de la classe politique. «Nous trouvons l’existence de ces conversations misogynes déconcertantes et inacceptables, car elles reflètent une culture de la possession et de l’oppression qui ignore le consentement des femmes», ont ainsi souligné les représentants du Parti démocrate italien au cours d’une commission parlementaire Féminicide et violence rapportée par la chaîne Sky TG24. Résultat : les signalements scandalisés se sont empilés et Meta a plié.
«Nous interdisons tout contenu menaçant ou encourageant la violence sexuelle, les abus sexuels ou l’exploitation sexuelle sur nos plateformes. Si nous prenons connaissance de contenus incitant au viol ou prônant le viol, nous pourrons désactiver les groupes et les comptes qui le publient et transmettre cette information aux forces de l’ordre», a déclaré un porte-parole de la société à la tête de Facebook auprès de Corriere della Sera.
«Mia Moglie❤❤❤» avait été été créé en 2019 par un utilisateur aujourd’hui désinscrit de Facebook. Longtemps resté inactif, ce groupe public aurait pris en ampleur à partir de mai 2025, notamment par le biais de participations anonymes.
Depuis sa fermeture, les victimes prennent la parole. Certaines partagent leur douleur sur la page Facebook «Alpha mom» : «Aujourd’hui j’ai découvert que je suis dans le groupe ‘’Mia Moglie’’, écrit l’une d’entre elles. Il s’est justifié en disant que c’est juste un jeu… Nous avons deux fils et dix ans de mariage derrière nous.» D’autres ont porté plainte. Beaucoup ignoreraient encore faire partie des femmes concernées.
Même s’il réunit un nombre impressionnant de participants, «Mia Moglie» ne représente que la partie émergée de l’iceberg. En ligne, bien d’autres communautés similaires - au nom parfois approchant - existent toujours. Aussi bien sur Facebook que sur Telegram. La messagerie a d’ailleurs réagi sur ce sujet auprès de France Info : «Le partage de contenus explicites non consentis est strictement interdit par les règles d’utilisation de Telegram et ces contenus sont supprimés dès qu’ils sont découverts». Chaque jour, elle assure supprimer des «millions de contenus nuisibles», notamment à caractère sexuel.
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