Face au projet de stade du PSG, les ouvriers de Poissy veulent « être le cauchemar de Stellantis »

Alors que se déroulait le conseil régional d’Ile de France, une centaine de travailleurs scandaient au pied de l’immeuble leur opposition à la possible fermeture du site automobile de Poissy et au projet du PSG de racheter un bout du terrain pour y installer son nouveau stade. Le club de sport professionnel, qui a déjà son campus à Poissy, étudie en effet la construction du « PSG Land » dans les Yvelines. En discussion : un stade de 60 000 places, des restaurants et des hôtels. La direction de Stellantis affirme que l’usine peut cohabiter avec l’équipement sportif, mais les salariés n’y croient pas du tout.
Sur sa petite estrade rouge, Farid Borsali demande des garanties de la part de la direction du constructeur automobile et des pouvoirs publics, pour l’avenir des employés de la firme. Il souhaite notamment des « plans séniors » de cinq ans, pour les ouvriers en fin de carrière. Militant du syndicat Sud Stellantis, il travaille depuis 35 ans dans le montage de voitures à Poissy, le site qui produit notamment l’Opel Mokka. Le véhicule devrait arrêter de sortir de cette usine en 2028, avait annoncé Valérie Pécresse, présidente de la région Ile de France, sur France Info le 22 mai dernier. Après, les projets sont inconnus du personnel. Selon Farid Borsali, le groupe automobile ne propose « aucun futur. Il n’y a rien après la Mokka ».
Une crise qui touche aussi les entreprises sous-traitantes d’Opel, comme dans l’assemblage des pneus. « J’aime bien l’équipe de foot, je suis supporter du PSG. Mais pas de cette politique », sourit Mohammed, employé depuis 20 ans dans l’usine MC Syncro qui produit des pneus pour le compte de Stellantis. Mohammed s’est mobilisé pour obtenir du groupe des garanties sur l’emploi automobile. « Notre production a déjà ralenti, de 2000 pneus par le passé à 1 200 pneus cette année. On pense qu’en octobre ça sera fini. » Face au silence de leurs employeurs, les représentants des travailleurs se voulaient combatifs contre « la saignée de l’emploi », et pour être « le cauchemar de Stellantis ».
De son côté, le groupe français, dont le chiffre d’affaires est en baisse de 14 % par rapport à 2024, maintient qu’il y pourrait y avoir à la fois le club de football et le site de production. « Le terrain est immense », explique Jean-Charles Lefebvre porte-parole du groupe. Le PSG lorgne sur 50 hectares du site afin de construire le « PSG Land », mais pas la totalité de l’exploitation (170 ha). Le porte-parole de Stellantis explique qu’en 2022, la firme avait vendu 42 hectares sur son site de Sochaux pour d’autres activités économiques. Jean-Charles Lefebvre précise que le « PSG Land » est encore à l’étape d’étude et que la ville de Massy pourrait finalement être choisie par le club de sport, pour construire son stade. Selon lui, « le dossier est encore dans les mains du PSG ».
Indépendamment de la décision du PSG, le comité de travailleurs, qui organisait la mobilisation devant le conseil régional, redoute des licenciements. « Stade ou pas stade, l’emploi de tous ces salariés est menacé par l’arrêt de la fabrication de voitures », fustige le communiqué rédigé par les employés. Le porte-parole de Stellantis réfute les 2 500 suppressions de postes, et rassure quant à un « avenir industriel » à Poissy pour Stellantis. Il évoque la diversification des activités automobiles dans les années à venir, telles que l’emboutissage des métaux et la préparation de batteries.
Un schéma économique déploré par Phillippe Juravert, conseiller régional d’Ile de France, étiqueté LFI. Il rappelle la situation dans le secteur automobile, avec le cas de Renaut à Flins en 2024 ou de Peugeot à Aulnay en 2014, qui ont fermé leurs portes dans la région. Il affirme que les pouvoirs publics peuvent faire mieux, et que « l’État devrait mettre le paquet non pas sur le PSG mais sur les emplois industriels ».
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