La part de femmes aux postes de direction du CAC 40 a augmenté en 2024
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Petit à petit, la part de femmes dans les directions des grands groupes grandit en France. Trois ans après l’adoption d’une loi sur les quotas, les femmes sont de plus en nombreuses à la barre, selon une étude publiée ce mardi 25 février par l’observatoire Skema de la féminisation des entreprises. En 2024, 28 % des postes des instances dirigeantes des entreprises du CAC 40 étaient occupées par des femmes, soit deux points de plus en un an.
Cette augmentation de la mixité est un effet direct de la loi Rixain, qui va bientôt imposer des quotas de femmes aux postes de direction des entreprises de plus de 1 000 salariés : 30 % en mars 2026 et 40 % en mars 2029. «Cette loi n’a pas d’équivalent dans les pays occidentaux», relève Michel Ferrary, chercheur affilié à l’école de commerce Skema et directeur de l’observatoire. Les entreprises s’y préparent en trois ans seulement. Depuis la promulgation de la loi Rixain en 2021, la proportion de femmes dans les comités exécutifs ou les comités de direction des entreprises du CAC 40 a gagné plus de huit points de pourcentage. D’après les données de Statista, les niveaux étaient comparables au Royaume-Uni et en Allemagne en 2023 pour les postes de direction.
Pour ce faire, les entreprises n’ont pas nécessairement remplacé un homme par une femme. «Elles rajoutent plutôt une chaise autour de la table», explique Michel Ferrary. Sur les 543 postes des comités exécutifs (ou comités de direction) des entreprises du CAC40 (+15 par rapport à 2023), les femmes en occupent 155 (+16 par rapport à 2023) et les hommes en occupent 388 (-1 par rapport à 2023). «Il faut regarder dans le détail si les femmes nommées occupent des postes aussi importants que les hommes. Une directrice de la communication ou de la RSE, ce n’est pas pareil que directeur financier», estime Michel Ferrary.
En janvier, le patron du Medef Patrick Martin s’inquiétait de l’échéance des premiers quotas de la loi Rixain. «Nous ne serons pas prêts», se désolait-il. «Il y a des métiers qui sont genrés. Dans mon entreprise», dans le bâtiment et l’industrie, «je m’arrache les cheveux pour féminiser mon comité de direction.».
Un précédent existe pourtant, celui de la loi Copé-Zimmerman, qui instaurait en 2011 des quotas dans les organes de contrôle, comme les conseils d’administration, très largement respectés aujourd’hui. «Autant dans un conseil d’administration, il y a des mandats : vous nommez une femme à la place d’un homme, ce n’est pas dramatique», assurait Patrick Martin. «Dans l’entreprise, c’est un peu différent : quand vous avez un homme qui n’a pas démérité dans un comité de direction, et qu’on» le sort «parce qu’il faut féminiser l’instance, c’est autrement plus sensible», avait-il ajouté.
Portrait
En 2022, Michel Ferrary et son collègue Stéphane Déo avaient épluché les données de 159 entreprises cotées et scruté leurs résultats selon le degré de mixité de leur management intermédiaire. Des travaux qui avaient permis de «confirmer des relations statistiquement significatives entre la diversité de genre au niveau du management intermédiaire et des employés, et la rentabilité». Ils suggéraient que la marge nette et l’Ebitda (le résultat brut d’exploitation, l’indicateur de rentabilité principal des entreprises) grimpaient lorsque le taux de femmes approche des 50 % et retombent au-delà. Une mixité faible - trop d’hommes et peu de femmes, ou l’inverse - pèse sur la rentabilité, toutes choses égales par ailleurs.
Michel Ferrary dit constater depuis l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, «un revirement des entreprises» sur la mixité. «Certaines, comme Accenture, McDonald’s, ou Walmart sont en train de remettre en cause leur politique de diversité». «Mais d’autres, comme JPMorgan refusent de revenir dessus, car elles estiment que c’est un facteur de performance», note-t-il.
Libération