Les Français boudent le livret A: pourquoi c'est une bonne nouvelle
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L’histoire d’amour entre les Français et le livret A c’est peut-être bientôt terminé. Après trois années de collecte record, les épargnants ont boudé les livrets d'épargne réglementée en janvier.
Et dans des proportions inédites. Les Français ont déposé seulement 810 millions d'euros sur les livrets A et les livrets de développement durable et solidaire (LDDS), soit quatre fois moins qu’en janvier 2024. Sur le seul livret A, c’est à peine 350 millions d'euros qui ont été collectés, le plus mauvais mois de janvier depuis 2016.
Une chute brutale après un mois de décembre record pour l'épargne (près de 4 milliards d'euros collectés sur les livrets) et ce alors que janvier est traditionnellement le mois des bas de laine. Les Français y déposent leurs étrennes de Noël et l'éventuel 13e mois perçu en fin d'année.
Si l'ampleur de la chute a surpris elle s'explique aisément. Le rendement du livret A est passé de 3% à 2,4% le 1er février dernier et les épargnants qui ont anticipé la baisse sont partis chercher de meilleurs rendements. Comme sur l’assurance-vie par exemple qui elle bat des records. D'autant qu'avec le recul de l'inflation qui devrait se maintenir sous les 2%, le taux des livrets d'épargne règlementée devrait très probablement à nouveau baisser l'été prochain.
Mais cette baisse drastique de la collecte est peut-être surtout un signe annonciateur d'une reprise de l'économie. Après trois années passées à épargner dans des proportions inédites, les Français se sont remis à consommer depuis quelques semaines. L'arbitrage en faveur de la consommation au détriment de l'épargne est synonyme de regain de confiance en l'avenir.
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Idem pour l'investissement des ménages dans l'immobilier. Après trois années terribles pour le bâtiment, ce "recul" de l'épargne est un signal positif envoyé au secteur. Les professionnels anticipent d'ailleurs une embellie avec un rebond de la demande cette année.
Le matelas colossal des épargnants français de ces dernières années a été un frein pour la croissance. Selon Dorian Roucher, le chef du département de la conjoncture de l’Insee, "il manque 60 milliards d’euros de consommation par an" pour retrouver des niveaux de croissance d'avant-Covid.
Ces dizaines de milliards d'euros sont partis "dormir" sur des livrets et des contrats d'assurance-vie depuis trois ans.
Parce que le matelas des Français est toujours très important. Si la collecte nette a reculé en janvier, elle est tout de même resté positive. L'encours total sur les livrets A et LDDS a battu un nouveau record à près de 604 milliards d'euros, soit 36 milliards d'euros de plus sur un an selon la Caisse des dépôts. Dépensés ou investis, ces milliards auraient permis de dégager quelques dixièmes de points de croissance supplémentaires.

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