Livret A : son taux devrait (encore) nettement baisser au 1er août

Face au ralentissement de l’inflation et à la diminution des taux interbancaires, le placement préféré des Français depuis des décennies s’apprête à voir son taux de rendement reculer une deuxième fois en six mois.
Placement d’épargne emblématique, le livret A séduit depuis des décennies par sa simplicité, sa fiscalité avantageuse et la garantie de son capital. Mais sa rémunération devrait une nouvelle fois reculer dans les semaines à venir. Après un passage de 3% à 2,4% en février dernier, son taux pourrait chuter à 1,7% ou 1,8% au 1er août, selon les premières estimations. Une chute liée au ralentissement de l’inflation et à la diminution des taux interbancaires.
Car le taux du «placement préféré des Français» est déterminé selon une formule bien précise, encadrée par les pouvoirs publics. Il résulte d’une moyenne entre l’inflation et les taux interbancaires, c’est-à-dire les taux auxquels les banques se prêtent de l’argent entre elles, d’autre part. «Cette formule prend en compte la moyenne semestrielle des taux interbancaires au jour le jour dans la zone euro et la moyenne semestrielle du taux d’inflation, arrondi au dixième de point le plus proche, sans jamais descendre en dessous de 0,50%», détaille Catherine Rocha-Sanches, cheffe de produits sur l’épargne réglementée.
Chaque année, le taux du livret A est actualisé au 1er février et au 1er août. La Banque de France doit rendre son avis à la mi-juillet, avant que le ministre de l’Économie ne tranche, en fonction de la conjoncture économique et des prévisions d’inflation. Avec un taux actuel de 2,4%, un épargnant ayant atteint le plafond réglementaire de 22.950 euros perçoit environ 45,90 euros d’intérêts mensuels. Si le taux venait à tomber à 1,7%, ce gain passerait à 32,50 euros, soit une perte de plus de 13 euros chaque mois.
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Pourtant, malgré les fluctuations, les Français restent fidèles à ce produit. En juillet 2023, pas moins de 56 millions de livrets A étaient ouverts, ce qui signifie que 81% de la population française en avait un, selon les données de la Banque de France. «Le livret A est l’épargne de précaution préférée des épargnants. Il est sécurisé, exonéré d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux, et sa gestion est sans frais. Les Français le conserveront probablement, même si le taux de rendement baisse. C’est un produit phare», souligne Catherine Rocha-Sanches.
La baisse attendue en août ne devrait ainsi pas provoquer de désintérêt massif. Lors de la précédente révision en février, aucune baisse significative du nombre de livrets A n’avait été observée. Pour autant, certains épargnants pourraient se tourner vers des alternatives plus rémunératrices, comme l’assurance-vie. Mais pour Catherine Rocha-Sanches, le choix d’un produit d’épargne dépend avant tout du profil de l’épargnant : «Pour conseiller un produit d’épargne financière à un client, il est essentiel de connaître ses objectifs et contraintes personnels, son horizon de placement et sa tolérance aux risques», souligne-t-elle. Reste à savoir si, cette fois, le gouvernement optera pour la diminution mécanique du taux ou décidera de le geler à son niveau actuel pour préserver le pouvoir d’achat des ménages. «Il est très probable qu’une décision sur la baisse du taux de rendement soit prise», estime Catherine Rocha-Sanches.
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