Prêt-à-porter : Jennyfer repris en partie par Beaumanoir et Celio

Placée en liquidation judiciaire fin avril en France, la marque de prêt-à-porter féminin Jennyfer, 350 de ses salariés et 26 boutiques ont été repris jeudi 11 juin par le Groupe Beaumanoir (Bonobo, Cache Cache, Caroll, etc.), selon une décision de justice. L’enseigne Celio reprend également 47 employés et 7 magasins.
Le consortium Beaumanoir/Celio a mis plus de 2 millions d’euros sur la table pour cette reprise, qui permet de préserver plus d’un tiers des salariés de Jennyfer qui en employait près de 1 000 salariés.
« L’explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable », avait indiqué en avril la direction de Jennyfer. Onze offres de reprise avaient été formulées auprès du tribunal, dont celles émanant de Pimkie et de Jules.
Mais les administrateurs judiciaires ont jugé que la mieux-disante était celle de Beaumanoir et Celio, permettant « de préserver durablement près d’un tiers des emplois », peut-on lire dans la décision.
Jennyfer, fondée en 1984, comptait, mi-2024, 220 magasins en France et 80 à l’international, notamment en Belgique, et revendiquait environ 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. La procédure en France ne concerne pas les activités en Belgique.
Placée en redressement judiciaire en juin 2023 en raison de l’« augmentation soudaine des coûts cumulée à une inflation galopante », elle avait annoncé en sortir il y a moins d’un an, avec « un investissement initial de 15 millions d’euros » et « l’arrivée d’un nouvel actionnaire ».
Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) était intervenu entre-temps, menant à la suppression de 75 postes (60 au siège et 15 dans les entrepôts) sans fermeture de magasins.
L’entreprise avait un temps essayé de se relancer via une nouvelle identité de marque, « Don’t Call Me Jennyfer », qui n’avait pas pris auprès des clients. Elle était finalement revenue en 2024 à son nom historique, Jennyfer.
Son nouveau directeur général, Yann Pasco, avait déclaré en avril 2024 vouloir « préserver l’ADN de Jennyfer », qui a « 15 % de part de marché sur les 10-14 ans » mais aussi « élargir la cible de clientèle » en se positionnant sur les 15-19 ans et les 20-24 ans.
« Malgré les mesures mises en œuvre dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire puis dans le cadre du plan (de redressement), le groupe pas parvenu à atteindre les objectifs ainsi fixés », a relevé le tribunal de commerce de Bobigny.
Lors de l’annonce de la liquidation judiciaire, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet avait dénoncé « une catastrophe sociale », avec « des femmes (…) principalement concernées », et voit, « dans le prêt-à-porter, une absence totale de réflexion stratégique sur la situation économique. »
La Croıx