Régularisation de travailleurs étrangers : la liste des métiers en tensions enfin publiée
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Elle se sera fait attendre. Présentée par le gouvernement aux partenaires sociaux courant février, la liste des métiers en tensions a été publiée au Journal officiel ce jeudi 22 mai, après plusieurs reports successifs. Cette mise à jour, prévue chaque année selon la loi immigration de janvier 2024, devait être publiée fin février avant d’être repoussée plusieurs fois. La dernière version date de 2021.
Établie région par région, cette liste de 80 métiers en manque de main-d’œuvre, établit les secteurs dans lesquels les travailleurs étrangers peuvent être régularisés, en justifiant de douze mois de bulletins de salaire au cours de 24 derniers mois et trois ans de résidence en France. Une réforme mise en place par la loi immigration, votée en janvier 2024.
Parmi ces secteurs en tensions se trouve notamment l’hôtellerie et la restauration, mais aussi des métiers comme les «agriculteurs salariés», les «aides à domicile et aides ménagères» et des «maraîchers /horticulteurs salariés». Cette liste permet donc à des patrons de garder leurs employés étrangers dans ces métiers et d’éviter une condamnation de 30 000 euros d’amende et de cinq ans d’emprisonnement, prévu pour l’emploi d’une personne en situation irrégulière.
«On reconnaît que l’hôtellerie-restauration, premier recruteur de France est un secteur en tension. C’est une avancée», félicite Franck Trouet, délégué général du Groupement des hôtelleries et restaurations, qui s’étonne tout de même que seul le métier de cuisinier figure dans la liste à Paris et non ceux d’aide cuisinier, plongeur ou serveur. Les métiers de serveurs et de plongeur n’ont pas non plus été inscrits en Bretagne et en Provence-Alpes-Côté d’Azur, alors que la saison estivale approche.
Selon France Travail, le besoin de main d’oeuvre dans ce secteur en 2025 est estimé à 336 000 emplois (CDI et CDD de plus de six mois) avec des «difficultés» de recrutement pour la moitié d’entre eux.
«Cette liste est issue des tensions entre le ministre du Travail et celui de l’Intérieur et ne prend pas en compte toute la réalité des besoins de main-d’œuvre et de formation», a pointé de son côté le secrétaire confédéral de la CGT Gérard Ré.
Cette liste «articule les exigences du marché du travail, les réalités humaines et les priorités économiques du pays», a estimé la ministre chargée du Travail Astrid Panosyan-Bouvet dans un communiqué. «Sa publication et son utilisation vont de pair avec la poursuite de nos efforts pour lutter contre le chômage des étrangers en France et le remplissage des postes non pourvus par une immigration de travail régulière, sélective, régulée et conforme à nos intérêts nationaux»
L’une des raisons du retard de la publication de la liste, qui n’a évolué qu’à la marge depuis sa première présentation en février, pourrait être à chercher du côté du ministre de l’Intérieure. Bruno Retailleau milite pour une baisse de l’immigration et souhaite que les employeurs recrutent des étrangers en situation régulière. Mais le locataire de Beauvau était campagne pour prendre la tête des Républicains ces dernières semaines. Il a été élu président du parti dimanche, soit quatre jours avant la publication du document.
Libération