Sous pression, la BNS vend toutes ses actions Chevron

Publié
La Banque nationale, très secrète sur ses investissements, ne commente pas la vente massive d'actions d'entreprises critiquées pour leur respect des droits humains.

La Banque nationale suisse (BNS) a vendu ses actions Chevron, mais n'en commente pas les raisons.
La Banque nationale suisse (BNS) vient de se débarrasser de plus de 700 millions de dollars en actions de l'entreprise pétrolière Chevron, rapporte la «NZZ». Pour plusieurs ONG qui militent depuis des années pour le respect des droits humains et le respect de l'environnement dans le placement de cet argent suisse, c'est une victoire, qui doit être suivie d'autres désinvestissements, ont réagi BreakFree et l'Alliance climatique suisse dans un communiqué.
Si la BNS ne commente jamais sa politique d'investissement, comme le montrait récemment une enquête de «Temps Présent», des moyens détournés permettent d'en apprendre quelques bribes.
Ses actions achetées auprès d'entreprises cotées en Bourse aux Etats-Unis doivent en effet être renseignées auprès des autorités américaines. Or la dernière communication en la matière montre que trois firmes ont disparu de la longue liste des 2440 sociétés soutenues par la BNS, dont Chevron. Le géant pétrolier était depuis longtemps pointé du doigt par des ONG comme BreakFree et l'Alliance climatique, qui demandaient son exclusion du portefeuille de la BNS, rapportait «Le Temps» en 2017.
Interrogée par la «NZZ», la BNS s'abstient de commenter. Elle précise qu'elle poursuit une approche d'investissement passive, diversifiée, équilibrée et neutre par rapport au marché. Cependant, ses directives la forcent à «prendre en compte les normes et valeurs fondamentales de la Suisse», indique le journal. Ce qui exclut les entreprises dont les produits impliquent des violations massives des droits humains, de graves dommages à l'environnement ou la production d'armes interdites au plan international.
Si Chevron était pointé pour son impact climatique, la BNS avait toujours refusé de s'en retirer au motif de la stabilité des prix. Mais Chevron a été condamné en avril à une amende de 745 millions de dollars pour la destruction d'écosystèmes en Louisiane, rappelle la «NZZ». De plus, des rumeurs circulent sur un rachat de la société BP, plusieurs fois épinglée pour des dégâts à l'environnement.
«Si on ne peut pas affirmer à 100% que ce soit grâce à nos pressions, c'est une hypothèse plausible puisque le suivi des indices habituels du marché ne poussaient pas vers une telle vente», explique Lilian Schibli, coordinatrice de la coalition BNS au sein de l'Alliance climatique suisse. Elle déplore toutefois qu'ExxonMobil, TotalEnergies ou encore Shell fassent toujours partie du portefeuille.
20 Minutes