Technologie. VivaTech : l’IA française réfléchit aux moyens de son indépendance

La grand-messe de la tech européenne VIvaTech, qui se tient à Paris Porte de Versailles depuis 2016, ouvre ses portes sur le numérique et l’intelligence artificielle à partir de ce mercredi et jusqu’à samedi.

Cette année, c’est Jensen Huang, patron de Nvidi mastodonte américain des semi-conducteurs, qui en sera l’invité d’honneur. Elon Musk, patron de Tesla, SpaceX et le réseau social X, pourtant accueilli l’an dernier au même salon en véritable rock star a disparu du programme de VivaTech. Un « reset » du milliardaire américain - désormais en conflit ouvert avec Donald Trump - qui s’explique par la volonté de s’émanciper des moyens et des financements en provenance de l’autre côté de l’Atlantique, pour développer une chaîne de valeur sur l’IA européenne, voire française.

« Le sujet de la souveraineté, qui n‘était pas aussi important dans les échanges il y a encore un an ou deux ans, est devenu une priorité absolument stratégique », confirme François Bitouzet, directeur général de VivaTech.

Une indépendance qui passe essentiellement par la construction de centres de stockages de données sur le territoire national. Si les lieux d’implantation de ces sites n’ont pas encore été confirmés, l’Élysée a garanti que le niveau des investissements étaient de l’ordre de 20 millions, lors du dernier salon Choose France, qui s’est tenu au Château de Versailles, le 19 mai.

Mais elle passe aussi par notre capacité d’innovation et de recherches. « On est passé de l’IA de science-fiction à l’IA en application, grâce à la recherche et aux investissements privés », lance le directeur du salon.

Des expérimentations sur l’IA qui ne se font pas seulement dans les laboratoires de start-up ou de grandes entreprises privées, mais aussi dans des centres de recherche publics. C’est par exemple le cas de l’Université de Lorraine qui a lancé à l’occasion de VivaTech 2025 un partenariat public, privé unique avec neuf partenaires et dont l’objectif est « d’élaborer des nouvelles technologies de l’intelligence artificielle utiles et durables », souligne Hélène Boulanger, présidente de l’Université.

« Avec 138 contrats de recherche et 20 laboratoires communs avec des entreprises, nous pouvons affirmer que l’université et les organismes de recherche sont des partenaires stratégiques en vue de construire le futur », reprend l’universitaire.

Et toujours au chapitre franco français, des grands patrons comme Bernard Arnault, à la tête du groupe de luxe LVMH ou Christel Heydemann, directrice générale d’Orange, seront également présents à la Porte de Versailles.

Pas d’indépendance sans investissements. Les 1 000 start-up françaises de l’intelligence artificielle ont levé 1,4 milliard d’euros en 2024, selon les chiffres de la Direction générale des entreprises, soit environ six fois moins qu’une seule entreprise américaine, en l’occurrence Open IA (ChatGPT) en cours de la même période.

Parmi les 160 nations présentes à VivaTech à partir de mercredi, est bien sûr invitée l’Arabie saoudite… et ses milliards.