Allemagne-France : Rayan Cherki, d’indésirable à l’Olympique lyonnais à buteur en équipe de France

Depuis ses débuts de sélectionneur, Didier Deschamps le répète à l’envi : les premiers pas d’un joueur en équipe de France masculine de football, brillants ou maladroits, ne définissent pas une carrière en Bleu. Ceux qu’a parfaitement réussis Rayan Cherki, entré en cours de jeu contre l’Espagne (4-5), jeudi, en demi-finales de la Ligue des nations, demanderont donc confirmation. Grâce à sa prestation, le milieu offensif de 21 ans a obtenu une occasion d’être revu, qui pourrait lui permettre de commencer le match pour la troisième place, contre l’Allemagne, dimanche 8 juin à Stuttgart (15 heures).

Cette titularisation, le joueur de l’Olympique lyonnais ne l’aurait pas volé. Face aux champions d’Europe, son entrée en jeu a tiré l’équipe de France des abysses. En une demi-heure, à ce poste de numéro 10 qu’il affectionne, Rayan Cherki a fait étalage de toute sa panoplie, avec un but splendide marqué d’une reprise de volée, une passe décisive pour Randal Kolo Muani et quelques angles de passe dont lui seul a le secret. De quoi concurrencer un Michael Olise très discret lors de la première heure de jeu.

« Il a fait une entrée quasi parfaite. Il a une qualité au-dessus des autres et il l’a montrée aujourd’hui », a salué son coéquipier en sélection Lucas Hernandez, à l’issue de la rencontre.

A plusieurs centaines de kilomètres de Stuttgart, John Textor n’a découvert la prestation de son joueur qu’en deuxième partie de soirée, au terme d’un dîner à l’Elysée dans le cadre de la visite d’Etat de Luiz Inacio Lula da Silva, le président brésilien. « Très fier de Rayan », a opportunément écrit sur ses réseaux sociaux le propriétaire américain de l’OL, conscient que cette première réussie pourrait faire du bien au portefeuille de son club.

Outre sa découverte de l’équipe de France, Rayan Cherki vit des heures décisives puisqu’il devrait rapidement quitter son club formateur. « Ça se dessine », a-t-il confirmé après le match contre la Roja, sans apporter plus de précision. Manchester City, et son entraîneur Pep Guardiola, serait le mieux placé pour l’enrôler rapidement, afin de l’aligner dès la Coupe du monde des clubs (14 juin-13 juillet). Un transfert prestigieux, qui paraissait inaccessible pour le Lyonnais il y a encore quelques mois.

En août 2024, à peine rentré des Jeux olympiques – il avait décroché la médaille d’argent avec l’Equipe de France espoirs emmenée par Thierry Henry –, le jeune milieu offensif avait été mis au ban de l’effectif lyonnais, et invité à quitter le club. Prodige annoncé dès ses débuts chez les professionnels avec Lyon, à l’âge de 16 ans, en 2020, il a longtemps tardé à confirmer, au point de devenir indésirable à l’OL. Mais les clubs intéressés, des équipes de seconde zone du championnat anglais, n’avaient pas su le convaincre ou ne répondaient pas à ses ambitions.

Mal engagée, sa saison a pris un tournant en septembre, après qu’il a prolongé de deux saisons avec l’OL et a été réintégré au sein du groupe professionnel. Transfiguré, Rayan Cherki a alors offert aux supporteurs lyonnais ce qu’ils espéraient depuis plusieurs années : une influence grandissante dans le jeu, que les statistiques ont démontrée. Meilleur jeune joueur de la Ligue Europa, nommé parmi les meilleurs joueurs de Ligue 1 et seul joueur de champ non parisien à figurer dans l’équipe type de la saison, le néo-international a également terminé meilleur passeur du championnat de France.

Un temps évoqué en mars, son nom est apparu dans la liste de Deschamps pour ce rassemblement de juin. « Qu’il garde sa créativité et sa spontanéité, en étant le plus naturel possible », avait prévenu le sélectionneur, le 21 mai. Contre l’Espagne, Rayan Cherki a appliqué ces consignes à la lettre, loin d’être perturbé par ce premier rendez-vous. « Je ne suis pas quelqu’un qui appréhende mes matchs, je les prends comme ils viennent », assurait-il après la rencontre.

L’intégration du jeune milieu offensif au sein du groupe tricolore a certainement été facilitée par la présence de Kylian Mbappé, l’un de ses bons amis dans la vie, de joueurs formés à l’OL et d’autres éléments croisés en équipe de France Espoirs. « Je ne me suis pas inquiété de ne pas être [convoqué], c’est un long chemin pour arriver ici », confessait le Lyonnais, lundi, à Clairefontaine (Yvelines), avant d’évoquer son intention de vivre « une longue histoire » avec les Bleus.

Un temps convoité par les sélections algérienne – le pays de sa mère – et italienne – dont la famille de son père est originaire –, Rayan Cherki pourrait s’inscrire dans la durée au sein de cette sélection française à la recherche de profils créatifs comme le sien. « Il a mis un super but », s’est félicité Deschamps après le match contre l’Espagne. Le sélectionneur s’est montré réticent à s’enflammer plus que de raison. Il le sait : désormais, le plus dur pour son joueur sera de confirmer.