Angleterre A - France A : c’est quoi ce match amical qui ne compte pas pour une sélection ?

Ça se passe à Twickenham, il y a des Anglais et des Français, et un ballon de rugby au milieu. Mais le match de samedi dans la banlieue de Londres ne sera pas pleinement une rencontre de la longue histoire remplie de rivalité entre les Bleus et le XV de la Rose.
Un indice dans l’appellation déjà : la fédération anglaise parle d’un choc « England XV - France XV » et de ce côté de la Manche, on évoque une confrontation « Angleterre A - France A ». Mais dans tous les cas, ça ne compte pas pour un match officiel.
Pourquoi ? Car les rencontres internationales des sélections phare se disputent sur des créneaux négociés avec la fédération internationale, comme ce sera le cas pour les trois rencontres de la tournée d’été des Tricolores en Nouvelle-Zélande (5, 12, 19 juillet). Ici, il s’agit d’un match amical, et pas d’un test-match. Ce qui signifie qu’il ne comptera pas comme une sélection pour ceux alignés samedi sur la mythique pelouse anglaise.
« Nous aurions pu faire jouer le quinze de France dans sa dénomination habituelle. Mais vis-à-vis de la Ligue nationale de rugby, avec laquelle nous négocions sur la mise à disposition des internationaux, nous ne trouvions pas ça judicieux d’ajouter un match estampillé quinze de France, explique le vice-président de la Fédération française en charge du haut niveau, Jean-Marc Lhermet, à L’Équipe. Cela aurait également entraîné des soucis puisqu’il y a des compensations et des indemnisations à effectuer aux clubs. Un match du quinze de France induit des conséquences trop importantes. »
Ça n’est pas une première dans l’histoire récente du XV de France. L’an dernier, les Bleus avaient remporté (43-28) un match amical, passé inaperçu dans le marasme des affaires extrasportives, en Uruguay. Une rencontre coincée entre deux matchs officiels face à l’Argentine. Une initiative similaire avait eu lieu en novembre 2017, face à la Nouvelle-Zélande à Lyon.
Si le staff et le site d’entraînement sont exactement les mêmes que d’ordinaire, Fabien Galthié et ses adjoints n’ont pu faire qu’avec 28 joueurs, et non 42 comme d’ordinaire dans le cadre de la convention liant la Fédération à la Ligue (qui représente les clubs), cette semaine à Marcoussis.
Le sélectionneur doit également faire avec l’absence des internationaux qui évoluent parmi l’un des quatre clubs en demi-finale du Top 14 ce week-end : Toulouse, Bayonne, Bordeaux-Bègles et Toulon. Il faut aussi ajouter à cela des joueurs préservés cet été après une saison exigeante, à l’image des Rochelais Grégory Alldritt et Paul Boudehent.
Résultat : 13 joueurs qui ont préparé le déplacement à Twickenham n’ont jamais porté le maillot tricolore en compétition. Cinq de ces bizuts seront titulaires samedi, comme le deuxième ligne d’origine canadienne de Montpellier Tyler Duguid, et quatre autres remplaçants.
Les Anglais arrivent aussi diminués pour l’occasion, puisque de nombreux cadres, dont leur capitaine Maro Itoje, sont retenus avec les Lions Britanniques pour préparer la tournée d’été en Australie de cette sélection des meilleurs joueurs anglais, écossais, gallois et irlandais.
« On va affronter une grosse équipe anglaise, avec de bons joueurs qui vont être présents samedi même sans ceux avec les Lions, estime le trois-quarts centre Émilien Gailleton. Ça va être une bonne sélection pour la suite, une bonne préparation pour les matchs qui nous attendent en Nouvelle-Zélande, et une bonne opportunité pour nous de pouvoir voir de nouveaux joueurs avec une équipe remaniée. »
À noter que certains visages bien connus de part et d’autre seront de la partie. Côté français, Gaël Fickou (94 sélections) sera chargé d’encadrer les jeunes. Les Anglais s’appuient sur leur ouvreur George Ford, leur talonneur Jamie George ou encore leur centre Henry Slade. Il sera l’un des deux seuls titulaires, avec son partenaire Tom Willis, du dernier vrai Crunch en février dans le Tournoi des Six Nations.
Le Parisien