Basket-ball (Pro B) : Alexandre Ménard, l’architecte du titre de Boulazac

L’entraîneur de Boulazac a conduit son équipe au titre, son premier chez les pros, et à la montée en trois saisons. Et, à titre personnel, il a été élu meilleur coach de Pro B de l’année, une « récompense méritée » pour ses pairs
« Chalalalalala, oh Boulazac ! » T-shirt de champion sur le dos, au centre du Palio, Alexandre Ménard a mené le chant du sacre, mardi 13 mai. L’entraîneur boulazacois pouvait laisser éclater sa joie après des mois de travail.
De quoi découvrir son sens du rythme, en plus de son art de la punchline et de son goût pour la discussion, l’échange. Sans parler d’une passion immodérée pour le basket-ball, sous toutes ses formes. Alexandre Ménard peut parler de ballon orange pendant des heures – des nuits, glissent certains –, tant qu’il peut y trouver du plaisir. Avec ses amis, ses collègues, de jeunes joueurs, des journalistes, des fans, qu’importe. Toujours le sourire aux lèvres.
S’il n’a jamais embrassé la carrière de joueur professionnel, le Choletais (48 ans) a tout de même la science de ce jeu. Et l’envie de la transmettre, comme dans sa première vie professionnelle, enseignant. En trois saisons complètes (il a remplacé Nikola Antic le 17 mars 2022) à la tête de Boulazac, il a façonné l’équipe à sa main pour la conduire à la montée, selon ses principes de jeu. « Il est très moderne dans sa vision du basket », souligne Claude Bergeaud, qui a contribué à sa venue au BBD.
« Il est extrêmement curieux et sérieux, sans se prendre au sérieux. Mais du lever au coucher, il est connecté basket », dit de lui Vincent Loriot, directeur sportif du club du Mans, devenu un proche. C’est dans la Sarthe que Ménard a fait ses premières armes chez les pros (après un passage à Challans). D’abord comme assistant de JD Jackson.
Formateur« Il m’a formé en tant qu’entraîneur, se souvient l’actuel coach d’Antibes. Il était formateur et on a eu un bon feeling. Il y a un rapport de confiance et d’amitié. Il est toujours très ouvert et humble. » Les deux hommes ont partagé le banc du MSB pendant six saisons, se frottant à l’Euroligue en plus. « Il était expert en vidéo avant l’heure, alors qu’on n’avait pas les logiciels qu’on a maintenant. Il était solide et solidaire. »

Philippe Greiller
Pendant ce temps, Vincent Loriot est passé de recruteur à directeur sportif de la maison mancelle. « On est devenu amis très vite. Il est hyperactif, stakhanoviste. Il s’impose à lui-même et demande aux autres un très haut degré d’exigence », explique-t-il. Tous les deux partagent des footings – il faut dépenser cette énergie – mais aussi des soirées. « C’est un épicurien, un fin gourmet qui aime la convivialité », poursuit Loriot, qui se souvient d’une « Leaders Cup à Roanne où on avait peut-être été déraisonnable ».
« Ce n’est pas un dingo mais il est entier au boulot, en famille, en amitié »
Mickaël Hay aussi se souvient avoir « pu veiller jusqu’à très tard ». L’entraîneur de Pau et Alexandre Ménard se sont rencontrés à Angers, étudiants. « Il n’a pas changé, a peut-être un peu blanchi », sourit-il. Mais c’est « un gros travailleur, honnête et loyal. On a eu quelques confrontations épiques, mais avec respect. On s’appelait souvent après les matches. » Ce n’est pas un hasard si le Palois a demandé au Boulazacois d’être son assistant cet été avec l’équipe de France U20.

Heureusement, Boulazac est champion, ce qui pourrait lui laisser le temps d’organiser un de ses « séminaires » dans la maison familiale de Noirmoutier, où Ménard aime convier ses amis. Ce « très bon joueur de palet » (un jeu vendéen proche de la pétanque) en profite pour se ressourcer, revoir l’Atlantique (« il adore ça, il a une sensibilité avec l’océan », dixit Loriot) et… parler de basket.
Bon vivant« C’est un bon vivant, mais équilibré, selon JD Jackson. Ce n’est pas un dingo mais il est entier au boulot, en famille, en amitié. Avoir eu un boulot avant lui donne un peu de recul, il se maîtrise. » Et en ce qui concerne le jeu, le Canadien précise : « Alex ne change pas d’idées. Son équipe est toujours très difficile à affronter, c’est très structuré, très discipliné. Il demande beaucoup d’implication à ses joueurs et il arrive à emmener son groupe avec lui. »

Philippe Greiller
De quoi obtenir un titre de meilleur entraîneur de Pro B. « Cette récompense est logique et méritée cette saison mais aussi sur la continuité de ce qu’Alexandre fait à Boulazac », estime Mickaël Hay. « C’est la récompense pour tout son passage. Le BBD est l’équipe la plus régulière », pour son homologue antibois. En recevant son trophée, Alexandre Ménard, lui, a préféré mettre en avant son staff et son groupe. Humble, équilibré.
SudOuest