Carlos Alcaraz face à Jannik Sinner : à Roland-Garros, une finale épique, « trois vainqueurs » et des chiffres fous

Billie Jean King l’a résumé sur ses réseaux sociaux. La finale messieurs de l’édition 2025 de Roland-Garros a été un « match épique digne d’un film, [en] plus de cinq heures de jeu », a écrit l’ancienne joueuse américaine aux 12 titres en tournois du Grand Chelem, l’une des nombreuses personnalités à s’être émerveillées du combat de titans livré par Carlos Alcaraz, finalement vainqueur, et Jannik Sinner, dimanche 8 juin (4-6, 6-7, 6-4, 7-6, 7-6). Une affirmation que les chiffres de cette rencontre inoubliable viennent confirmer.
C’est la durée de cette finale, la plus longue de l’histoire du Grand Chelem parisien. Elle efface largement des tableaux le marathon de 4 h 42 qu’avaient disputé, en 1982, le Suédois Mats Wilander et l’Argentin Guillermo Vilas (en quatre sets). « Je préfère gagner en trois sets, je ne vais pas mentir, a souri Carlos Alcaraz en conférence de presse. Mais lorsque la situation n’est pas à votre avantage, vous devez vous battre. C’est une finale de Grand Chelem, ce n’est pas le moment d’être fatigué ni d’abandonner. » Et le nouveau roi de Roland-Garros de conclure : « Je pense que les vrais champions se forgent dans ces situations. »
3C’est le nombre de balles de match sauvées par Carlos Alcaraz – ou, selon le côté du filet où l’on se place, manquées par Jannik Sinner – dans la quatrième manche. Dans l’ère Open, ils n’étaient que deux avoir remporté un tournoi du Grand Chelem après avoir écarté des balles de match : l’Argentin Gaston Gaudio, à Roland-Garros, en 2004, et le Serbe Novak Djokovic, à Wimbledon, en 2019. Mais eux n’avaient eu à en sauver « que » deux, là où l’Espagnol a dû se défendre à trois reprises – la première fois, un puissant coup droit lifté est resté de peu dans les limites du court. « Sa force est de continuer à y croire tant que la dernière balle n’est pas jouée, a fait valoir son entraîneur, Juan Carlos Ferrero (vainqueur en 2003), en conférence de presse. Avec Carlos, tout est possible (…) Il est né pour ces moments. »
9« Ce n’était peut-être pas la meilleure occasion pour une première de revenir dans un match après avoir perdu les deux premiers sets », a plaisanté Carlos Alcaraz après la partie. Si le Murcien a, pour la première fois de sa carrière, rattrapé un retard de deux manches avant de s’imposer, il devient le 9e finaliste d’un tournoi du Grand Chelem à l’emporter après avoir cédé les deux premiers sets, et le 6e à Roland-Garros – la dernière fois remontait à 2021, lorsque Novak Djokovic avait renversé le Grec Stefanos Tsitsipas.
1Première finale d’un tournoi du Grand Chelem à se décider au « super tie-break » (en dix points) – règle instaurée en 2022 et visant à départager deux joueurs au bout des cinq sets chez les hommes et du troisième chez les femmes –, la rencontre entre le numéro 1 mondial italien et son dauphin espagnol a été plus que serrée. Un, c’est aussi la différence de points qui sépare les deux joueurs (193 ont été gagnés au total par Sinner, 192 par Alcaraz). Par ailleurs, 30 jeux ont été remportés par l’Espagnol, contre 29 pour son adversaire.
5/5Même s’il lui a fallu livrer une âpre bataille, dimanche, pour prendre le dessus sur son rival transalpin, Carlos Alcaraz maintient intacte sa série en finale de tournois du Grand Chelem. Avec cinq victoires en autant d’apparitions, l’Espagnol est le joueur en activité dont le bilan est le meilleur à ce niveau – à égalité avec la Polonaise Iga Swiatek, chez les dames –, et il reste en mesure de rattraper l’Australienne Margaret Court (8/8), le Suisse Roger Federer (7/7) et l’ex-Yougoslave (devenue américaine en 1994) Monica Seles (6/6), qui ont été impériaux lors de leurs premières finales. Battu, Jannik Sinner voit sa série de finales victorieuses s’interrompre à trois (Open d’Australie 2024 et 2025 et US Open 2024).
XXIeCarlos Alcaraz s’est adjugé la première finale d’un tournoi du Grand Chelem entre joueurs nés après l’an 2000 : Jannik Sinner a vu le jour en 2001 et l’Espagnol, en 2003. Ce premier affrontement des deux hommes en finale d’un Majeur en appelle d’autres. D’autant que la planète tennis, orpheline des combats qui ont opposé les membres du « Big 3 » (Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer), s’est enthousiasmée pour cette rencontre. « Si les gens placent notre match à hauteur de Borg-McEnroe 1980 ou Federer-Nadal 2008 à Wimbledon, c’est un grand honneur, a salué l’Espagnol. Je ne sais pas si notre match est au même niveau, mais je suis heureux de l’inscrire, ainsi que nos noms, dans l’histoire des Grands Chelems et de Roland-Garros. »
C’est le nombre de téléspectateurs devant leurs écrans, au moment de la balle de match remportée par Carlos Alcaraz, selon les chiffres diffusés par France télévisions, lundi 9 juin, en citant Médiamétrie. En moyenne, la plus longue finale de l’histoire du tournoi de la porte d’Auteuil a rassemblé 5,5 millions de spectateurs sur France 2 puis France 3, soit la meilleure audience d’une finale à Paris depuis la victoire de Rafael Nadal face à Roger Federer, en 2011 (5,3 millions). Il y a eu « trois vainqueurs à Paris aujourd’hui [dimanche]. Carlos Alcaraz, Jannik Sinner, ce beau jeu qu’est le tennis », a loué l’ex-champion helvète sur le réseau social Instagram. « C’est beau de voir que nous pouvons produire un tennis pareil. C’est bon pour le tennis dans son ensemble », a renchéri Jannik Sinner, confessant néanmoins qu’il aurait été « encore plus content [s’il] avait remporté le trophée ».
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