Immersion seynoise pour Gary Hunt, le plongeur de l’extrême

Des sauts de moins de trois secondes, d’une plateforme à des hauteurs affolantes, à 85km/h, avec pour seule protection un développé technique irréprochable: voilà le quotidien de Gary Hunt, professionnel du plongeon de haut vol. Une déferlante de titres à son actif, la quarantaine, l’athlète international, Britannique d’origine et Montreuillois d’adoption (Seine-Saint-Denis), de passage dans la région, se confie sur son parcours.
"Mon lien avec la France vient de ma rencontre avec ma femme française Sabine Rabinet, raconte-t-il. J’ai commencé à faire des spectacles de plongeons en France en 2009, c’est là que nous nous sommes rencontrés. Elle était présentatrice du spectacle. Sa mère, disparue il y a quelques semaines, habitait ici à La Seyne. Nous avons passé des vacances ici, j’y ai découvert les plages et les villes du Sud. J’aime les petites rues seynoises, la plage des Sablettes et ses restaurants. J’aime aussi le quartier de Sainte-Asile et sa pinède à Saint-Mandrier, que j’ai découverts plus tard."
Athlète le plus titré de l’histoire du Red Bull Cliff Diving World SeriesDix fois champion du monde du Red Bull Cliff Diving World Series (1), Gary Hunt, entré dans le monde du plongeon de haut vol à l’âge de 24 ans, revient sur ce parcours hors normes.
"C’est toujours difficile de rester longtemps à ce niveau. J’ai eu de la chance d’entrer dans cette discipline au moment où elle devenait plus populaire. J’ai été un des premiers plongeurs de la compétition à 10mètres à s’être dirigé directement dans la catégorie des 27mètres (équivalent à 9 étages). J’ai donc pu innover, et inventer des figures de plongeons qui n’existaient pas. Je m’entraîne avec l’équipe de France depuis 2013, après avoir représenté la Grande-Bretagne durant six ans, puis en 2018 j’ai eu la double nationalité. Puis il y a eu les JO 2024, ou je représentais la France."
Avec de nombreuses "World Firsts" à son actif, dont le tout premier triple quadruple en plongeon falaise, un premier "Take-off" en compétition, sans oublier un plongeon au score parfait de 10/10, Gary Hunt écrit l’histoire de la discipline au fil de ses prestations en compétition. À bientôt 41 ans, l’athlète international poursuit sa saison.
Sa prochaine étape? "Les championnats du monde, avec des sauts à 3 et 10mètres (même format que pour les JO), fin juillet à Singapour. Juste après, j’aurai la seconde étape du Red Bull avec le 27mètres." Quelles différences entre ces sauts? "Le 10mètres, c’est plus une question de physique, les athlètes sont généralement plus jeunes, il faut être vif. Il faut pouvoir faire ses saltos dans très peu d’espace. Alors que le 27mètres, c’est plus avec le mental, il faut avoir le courage de se lancer dans le vide à une telle hauteur, en principe les athlètes sont plus âgés. Difficile de dire lequel je préfère, j’aime le fait de plonger par la tête avec le 10mètres. Mais j’apprécie encore plus le milieu naturel où se déroulent les épreuves du 27mètres, pieds en avant. C’est aussi un format où je suis plus indépendant et créatif."
Cette saison, Gary Hunt amorce quatre compétitions Red Bull, un championnat du monde et un autre en Sardaigne. Six dates au calendrier de l’athlète franco-britannique aux couleurs tricolores, qui envisage déjà une future reconversion.
Une future reconversion?"Actuellement, je m’entraîne à l’Insep de Montreuil et au centre aquatique des JO. Récemment, j’ai animé un stage de plongeon, j’aime cette idée de transmission. Bientôt un nouveau club de plongée de haut vol va s’ouvrir à la nouvelle piscine olympique; avec mon binôme des JO en synchronisation, Loïs Szymczak, nous allons aider à la formation des futurs athlètes du 27mètres. Il serait dommage de ne pas transmettre tout ce que j’ai appris."
Même si au fond de lui Gary nourrit aussi l’envie de se tourner vers le spectacle au côté de son épouse actrice, où se mêlent le théâtre et le jonglage, dans lequel il excelle aussi, secrètement.
1. Compétition annuelle de plongeon de haut vol qui se déroule en 7 étapes différentes autour du monde dans lesquelles les compétiteurs doivent effectuer 4 plongeons différents.
Var-Matin