La révolte tardive du RCT à Pau... pour une montagne de regrets

Dans l’avion du retour, certains joueurs nourrissaient une tonne de regrets, quand d’autres peinaient à se défaire d’un profond sentiment de colère. Mais pour dire vrai, tous peinaient surtout à décrypter les 80 minutes qu’ils venaient de vivre.
Les Toulonnais devaient-ils se réjouir de leur dernière demi-heure? Ou se flageller de leurs cinquante premières minutes en enfer? "Je ressens de l’agacement et de la frustration, tranchait Enzo Hervé. On venait ici pour rester au contact de la deuxième place, et finalement on ne joue qu’une mi-temps. Pau a mis beaucoup d’engagement, et nous n’étions peut-être pas prêts à y répondre au début. Après on a réagi, mais c’était trop tard."
"En première mi-temps, on ne se respecte pas"De suffisants à radieux. D’apathiques à extatiques. Pour un bilan sans appel: 25-0 sur les 48 premières minutes, 0-21 sur les 32 suivantes, après que Toulon a enfin décidé de jouer à la main, de chercher des espaces et de punir les Palois dans les rucks. Comme si le RCT avait attendu d’être au bord du gouffre pour relever la tête. Alors, amers d’avoir perdu d’un rien ou en pétard au regard de leurs cinquante premières minutes? "Pour moi, on ne peut pas parler de défaite cruelle, car en première mi-temps on ne se respecte pas, fustigeait Pierre Mignoni. On prenait des initiatives mais pas assez percutantes. Ou alors on breakait mais on échappait le ballon après trois phases."
Sur l’ensemble de la rencontre, Toulon a perdu des ballons à la pelle, et réalisé… seize en-avant. "Est-ce le ballon qui glissait? Certainement pas. Il était très bien, et pour les deux équipes! Il y avait des espaces, mais à ce jeu, il faut tenir le ballon, avoir des soutiens rapides et s’allumer en même temps pour déstabiliser une défense… Les Palois ont le droit de bien jouer, mais nous, on n’a pas le droit de faire ce qu’on a fait en première mi-temps. Ça commence à me gonfler." Le réveil, la révolte et le visage affiché en fin de rencontre permettaient finalement à Toulon d’accrocher un bonus.
Trois revers de rang, une première cette saisonPas suffisant, cependant, pour redonner le sourire au manager, alors que son équipe vient d’enchaîner trois revers de rang (ce qui ne lui était pas arrivé cette saison). "Depuis le quart [de Champions Cup perdu contre Toulouse], on est dans le dur. Mais c’était il y a plus d’un mois… Normalement, les émotions ne durent que cinq minutes, sauf que quand on répète et qu’on entretient des émotions négatives, elles restent, on les nourrit et on n’est pas ce qu’on doit être", soufflait "Pierrot", avant, comme toujours, de repartir au combat. "J’espère que la deuxième mi-temps va faire du bien aux mecs. Moi, elle me conforte sur le fait qu’on en est capables."
Capables de faire de grandes choses? S’il joue comme il l’a fait pendant cinquante minutes, ce RCT ne peut pas espérer regarder Toulouse ou Bordeaux dans les yeux en cette fin de saison. S’il prend à nouveau du plaisir, domine les impacts, relance à bon escient et se montre irrésistible comme il l’a fait lors de la dernière demi-heure, ce RCT peut rêver (très) grand. Aux Toulonnais de choisir le chemin qu’ils souhaitent emprunter lors des prochaines semaines…
Var-Matin