PSG : Ramos, le patient portugais se mue en «supersub»
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DÉCRYPTAGE – Régulièrement efficace dans un rôle de remplaçant, l’attaquant portugais de 23 ans ne montre aucun signe d’agacement. Bien au contraire.
«Toutes mes décisions sont réversibles». L’une des phrases fétiches de Luis Enrique en conférence de presse. «L’idée que je veux transmettre à mes joueurs, c’est qu’il n’y a aucun titulaire dans cette équipe», aime aussi à répéter l’entraîneur parisien, fervent partisan d’une concurrence exacerbée. «Et l’année prochaine il y aura encore plus de concurrence. Kvara arrive (de Naples), ça va y contribuer, et je m’en réjouis. Plus il y a de la rivalité, mieux c’est. Cela signifie que personne ne baissera son niveau de concentration, on veut des joueurs qui n’abandonnent jamais», disait-il encore après la victoire en forme de déclic face à Manchester City (4-2), en réponse à une question sur Gonçalo Ramos, qu’il «tient en haute estime» et voit comme «un grand professionnel». Mais pas comme un titulaire.
Recruté pour 80 M€ en 2023, Ramos devait initialement fait le match avec Randal Kolo Muani pour le poste d’avant-centre. Entre la traditionnelle période d’adaptation et une maladie en fin d’année, le début de son aventure parisienne n’a pas été simple. Et Kylian Mbappé a finalement pris ce rôle. Début de la saison 2024-25, pas de recrue en 9. Et encore Ramos lâché par son physique, blessure à la cheville lors de la première journée de championnat. Dans tous les cas, Luis Enrique n’est pas spécialement fan du profil d’avant-centre, préférant nettement le rôle de faux 9, on l’a bien compris... Même après le retour du Portugais, fin novembre, il a continué de faire confiance à Kang-in Lee et surtout Ousmane Dembélé en faux 9.
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Et comme le deuxième nommé marche sur l’eau ces dernières semaines, Ramos, 23 ans, doit se contenter des miettes en sortie de banc. Sans beaucoup de perspectives de promotion… Contrairement aux autres joueurs offensifs, il n’a pas le bagage pour être baladé d’un poste à l’autre ou d’un côté à l’autre. L’axe ou rien pour cet avant-centre pur jus, même s’il est à la fois mobile, intelligent dans ses déplacements et pas avare de ses efforts sur le plan défensif. Les chiffres sont là : 22 matchs cette saison, huit en tant que titulaire et donc 14 en sortie de banc.
Luis Enrique ne manque toutefois pas une occasion de chanter les louanges de l’ancien goleador de Benfica. «Il est toujours à fond, qu’il joue 10 ou 90 minutes. Il aurait dû être l’homme du match ou Kvava, qui a été très bon. C’est Vitinha, c’est habituel et ça le sera au fil des années», disait par exemple l’ancien sélectionneur espagnol après la démonstration face à Brest (7-0), en barrages retour de C1. Entrée remarquée. «Pour moi, c’est important de marquer et de faire une passe décisive, mais le principal, c’est l’équipe et la victoire», avait indiqué le Portugais.
Ne comptez pas sur lui pour ruer dans les brancards, même s’il doit ronger son frein régulièrement. «Pour moi, c’est toujours important de jouer et de profiter de toutes les minutes», glissait-il encore après Brest. Des minutes qu’il met à profit : Ramos a inscrit sept de ses neuf buts cette saison en sortie de banc. Il sait aussi se montrer altruiste, malgré son manque de temps de jeu, et spectaculaire, à l’image de sa double talonnade sur le troisième but parisien, à Lyon (victoire 3-2), dimanche. Total régal. Le tout après un geste déjà spectaculaire pour se sortir du marquage face à Brest. Showtime...
Il est important lorsqu’il joue 1 minute, 10 minutes, 30 ou 90. Et même quand il ne joue pas, il est très important par son état d’esprit, il est au service de l’équipe.
Luis Enrique
L’impact de Ramos en sortie de banc, c’est une nouvelle preuve de ce que Luis Enrique répète encore et encore, il peut compter sur tous ses joueurs : «Certains ont rendement exceptionnel à certains moments de la saison, ça varie, c’est normal dans une équipe de football. Pour ce qui est de Gonçalo Ramos, je suis très satisfait de son attitude, qui est extrêmement positive, qu’il joue une minute ou plus. Il est toujours au maximum. C’est un joueur très fiable.» L’état d’esprit, un élément que l’Espagnol met souvent en exergue au sujet de Ramos. Il l’a encore fait mardi : «Il est important lorsqu’il joue 1 minute, 10 minutes, 30 ou 90. Et même quand il ne joue pas, il est très important par son état d’esprit, il est au service de l’équipe. C’est un joueur qui a un nombre de buts par minute jouée exceptionnel et j’espère qu’il va continuer comme ça, voire s’améliorer encore. Je suis ravi d’avoir un joueur comme Gonçalo Ramos.»
Il devra toutefois se contenter des matchs de moindre importance en championnat et des rencontres plus abordables de Coupe de France pour retrouver les joies du 11 de départ. Ce sera sans doute le cas ce mercredi (21h10), en quarts de finale de «CDF», contre les amateurs de Saint-Brieuc (N2). Ça ne l’empêchera pas de se tenir prêt pour faire la différence en fin de partie lors des plus grosses affiches. Peut-être même contre Liverpool en C1 (5 et 11 mars), allez savoir. «Il semblerait qu’il soit la solution à tous les problèmes. Lorsqu’il reviendra, il va apporter la même chose qu’avant. Je l’adore, comme les autres joueurs de l’effectif», disait Luis Enrique alors que le Paris Saint-Germain piochait en termes d’efficacité et que Ramos était sur le point de reprendre. Le décor était planté.
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À Paris, la star, c’est l’équipe. Et c’est par le jeu que les Parisiens doivent trouver la solution. Pas question pour Luis Enrique de revoir sa copie et de faire de Ramos le fer de lance d’une attaque qui tournerait autour de lui. «Il ne change pas notre jeu. C’est un finisseur. Il apporte de la continuité, c’est un autre profil», disait-il dernièrement. Charge au Portugais de s’en accommoder, comme il le fait actuellement, avec la bonne attitude sur comme en dehors du terrain et une efficacité qui en fait un parfait renfort en venant du banc. Un «supersub». Ce n’est sans doute pas le destin qu’il imaginait en signant à Paris, mais il faut faire avec. Luis Enrique voit son équipe – et les résultats lui donnent raison – sans avant-centre. Et donc sans Gonçalo Ramos. A priori, ça, ce n’est pas «réversible».
lefigaro