Top 14 : qualification historique ou chute dans le sprint final... L’Aviron Bayonnais face à la peur du vide

Idéalement placé pour une première qualification pour les phases finales, le club basque n’a pas le droit à l’erreur samedi face au RC Toulon.
La dernière sortie de l’Aviron Bayonnais a jeté un froid. Une bonne douche glacée face à Castres 33-3. «On n’a pas existé. Je suis très déçu parce qu’on fait une des pires performances de la saison et elle tombe au plus mauvais moment», a lâché, à chaud, l’entraîneur basque Grégory Patat. Car, après avoir eu un petit matelas d’avance à la quatrième place, l’Aviron a vu la meute des poursuivants dangereusement se rapprocher. Certes, Bayonne (64 points) a encore son destin entre ses mains, devant Castres (63), La Rochelle (62), Clermont (59) et Pau (57).
Mais attention au faux pas face au RC Toulon qui vise, lui, une qualification directe pour les demi-finales. «Si on veut espérer avoir un barrage à domicile ou se qualifier, il va falloir finir le boulot sur le dernier match, et ce n’est pas en faisant une performance comme ça (contre le CO) qu’on va y arriver», met en garde Grégory Patat.
Il ne faut pas se contenter de ce qu’on a fait. On peut viser plus haut. C’est la mentalité qu’il faut avoir
Gerard Fraser, entraîneur des trois-quarts de Bayonne
Car le technicien bayonnais sait qu’il existe mathématiquement un cas de figure qui éliminerait son équipe. Il faudrait qu’elle ne prenne aucun point face au RCT et que, dans le même temps, Castres et La Rochelle s’imposent à l’extérieur (respectivement au Stade Français et à Pau) et que Clermont signe une victoire bonifiée sur la pelouse de Montpellier. Cela fait beaucoup de «si», mais cela ruinerait la belle saison de Bayonne qui pourrait ne terminer que septième. Grosse chute dans le sprint final...
Mais, à une journée de la fin de la saison régulière, l’Aviron a des certitudes à faire valoir. Notamment parce qu’il est le seul club invaincu cette saison à domicile avec dix succès à Jean-Dauger et deux délocalisations réussies à Saint-Sébastien (face à La Rochelle et Pau). «On a annoncé top 8 d’entrée, et aujourd’hui, on est quatrièmes. Notre quatrième place n’est pas usurpée, avait souligné Grégory Patat auprès de Rugbyrama. Elle est tout simplement juste par rapport à ce que l’on fait depuis le début de la saison.»
Et son adjoint Gerard Fraser, entraîneur des trois-quarts d’insister : «Il ne faut pas se contenter de ce qu’on a fait. On peut viser plus haut. C’est la mentalité qu’il faut avoir. Il faut cette exigence pour aller le plus loin possible et ne pas avoir de regrets. Parce que c’est peut-être la seule fois dans l’histoire de l’Aviron qu’on ira aussi loin, on ne sait pas...»
L’une des incertitudes de la semaine concernait la présence ou non de l’ouvreur Camille Lopez, moteur de la montée en puissance du club. Touché aux ischio-jambiers face à Vannes mi-mai, le demi d’ouverture - qui dispute sa dernière saison chez les pros - débutera sur le banc, avec Joris Segonds comme titulaire. Un absent de poids : le pilier droit Tevita Tatafu, touché à la cheville. Méfiance, donc, car l’an dernier les Toulonnais s’étaient imposés à Anoeta (10-46).
«On va aller à Bayonne décomplexés pour préparer au mieux ces phases finales. Mais, bien sûr, il faudra faire une grosse performance, parce que les phases finales s’enchaînent directement et il faudra être prêts», a martelé l’ailier international du RCT, Gabin Villière, au micro de Canal + après la victoire face à Bordeaux-Bègles dimanche dernier (27-10). Le manager varois Pierre Mignoni a bien conscience que «quand tu vas à Bayonne, dans ce contexte, tu t’attends à un énorme match. Je veux voir nos progrès. Je ne veux pas un coup oui et un coup non...»
L’ailier bayonnais Arnaud Erbinartegaray reste sur ses gardes. «On se concentre sur nous-mêmes et ce qu’on peut maîtriser. Notre challenge est excitant. Mathématiquement, ce n’est pas encore fait, rappelle-t-il. On joue au rugby pour ce genre d’événement. Mais il ne faut pas griller les étapes et rester très sérieux pour conserver cette quatrième place.»
L’Aviron - qui a soulevé le bouclier de Brennus en 1913, 1934 et 1943 - n’a retrouvé l’élite qu’en 2023 après avoir fait plusieurs fois le yo-yo. Mais le club du président Philippe Tayeb a su se construire patiemment et s’installer sûrement dans l’élite. «Il faut se battre tous les jours. On doit continuer à travailler parce qu’on n’a jamais vécu de phase finale de Top 14, avait expliqué le dirigeant bayonnais au Figaro début janvier. Je crois que les résultats sont là, que ce soit sportivement, structurellement, financièrement. (...) Aujourd’hui, les voyants sont au vert partout, mais cela reste fragile.» Porté par son bouillant et indéfectible public (36e guichets fermés !), Bayonne a l’occasion d’écrire une des plus belles pages de son histoire ce samedi.
lefigaro