Voile . À Plymouth, le Ludovicien Loris Schimanski a fait de son rêve une réalité

Passionné par la voile depuis l’enfance, le Ludovicien Loris Schimanski a fait carrière dans la charpenterie de marine en Allemagne. Intégré à l’équipage du skipper Thomas Cramer en 2024, l’Alsacien de 28 ans a pris part à son premier championnat du monde J/24 du 6 au 14 septembre à Plymouth, en Angleterre.
En France, difficile de trouver un département plus loin du large. Dans le Haut-Rhin, à plus de 550 kilomètres des plages normandes, les sports nautiques peinent à se faire une place.
Pratiquée par moins de 300 personnes, la voile haut-rhinoise s’est pourtant trouvé un nouvel ambassadeur. Après avoir découvert le championnat allemand puis les championnats d’Europe, Loris Schimanski a pris part à ses premiers Mondiaux à bord d’un J/24, un voilier de 7,32 m de long et 2,72 m de large, du 6 au 14 septembre derniers à Plymouth (Angleterre).
La dixième place décrochée par l’équipage emmené par le barreur Thomas Cramer devant une quarantaine d’embarcations est encourageante.Pour le natif de Saint-Louis, elle est aussi le dernier épisode d’une romance unique, commencée il y a plus de quinze ans. « Ma mère a toujours admiré les grands navigateurs. Elle m’expliquait des tas de choses, me racontait des histoires », confie Loris Schimanski.
Dans cette famille alsacienne, le Vendée Globe s’impose comme un rendez-vous immanquable, avec comme premier souvenir « la victoire de François Gabart en 2012 », glisse le Ludovicien de 28 ans.
Loris Schimanski s’est alors pris de passion pour le milieu. Il naviguera pour la première fois en Méditerranée à l’adolescence, à l’invitation d’un ami de son père. « Il nous a montré comment faire fonctionner un bateau, comment régler les voiles », détaille-t-il. « Ça nous a tellement plu qu’on a recommencé chaque été. »
À 16 ans, l’Alsacien passe son permis bateau : « Je me voyais déjà travailler au port de Bonifacio ou d’Antibes ». Scolarisé à Colmar, loin des côtes corses ou provençales, Loris Schimanski a dû mener sa barque seul, pour se donner les moyens de ses ambitions. « Avec ma classe de lycée, on s’est rendu au salon de l’orientation à Strasbourg. Le seul conseil qu’on m’ait donné, c’était d’intégrer la marine nationale. »

Navigateur amateur, Loris Schimanski opère comme charpentier de marine du côté de Brême, en Allemagne
Option rejetée. À 19 ans, le Haut-Rhinois choisit de partir à Karlsruhe pour y poursuivre des études d’ingénieur. Ce fils d’une famille franco-allemande continuera sa formation à Brême trois ans plus tard, dans la charpenterie de marine. De quoi lui permettre enfin de mettre les deux pieds dans le monde de la voile, avec l’entreprise Greenboats. « L’avantage, c’est que dès qu’on finit un bateau, on part l’essayer pendant quelques jours », dit-il.
En plus de cultiver son amour pour la navigation, le frontalier travaille désormais pour les plus grands skippers. « J’ai conçu le lit de Boris Herrmann lors du dernier Vendée Globe (*) », ajoute-t-il dans un éclat de rire. Il a aussi l’opportunité de croiser quelques-unes de ses idoles de jeunesse, « comme François Gabart et Samantha Davies ».
Tout ça ne suffit pas à satisfaire Loris Schimanski, bercé depuis toujours par le rêve de naviguer en régate. Son collègue de travail Lucas Günther, l’un de ses plus proches amis qui est par ailleurs membre de l’équipage de Thomas Cramer, lui propose un essai au sein du « crew » germanique, en 2024, lors de « La Semaine de Kiel », une compétition allemande de voile.
« J’avais très peur. Je suis passé par-dessus le bateau quelques fois », reconnaît l’Alsacien. « Mais eux ne m’ont pas trouvé horrible. » Ce solide gaillard d’1,85 m pour 100 kg est gardé comme « mât » au sein de l’équipe. Traduction : c’est lui qui est chargé de « monter les voiles le plus vite possible et qui “danse” de gauche à droite à l’arrière du bateau pour lui donner de l’équilibre. »
Pas avare de conseils sur l’eau, Loris Schimanski tire profit de sa profession : « Aux Mondiaux, il y a quelques jours, il y avait beaucoup de vagues. J’arrive à savoir comment les prendre en fonction de la forme du bateau. »
Bien qu’il ait coché une nouvelle case, le Haut-Rhinois, qui a grandi à Sigolsheim, garde en lui un appétit débordant. Il rêve de se mesurer un jour aux plus grands de la voile et à participer, comme l’ont fait ses modèles, « aux courses au large ».
(*) Le skipper allemand a terminé 12e de la course en solitaire et sans assistance.
L'Alsace