Athlétisme. « Rendre spectaculaire l'athlétisme » : le 4x100 m mixte va être testé aux Mondiaux de relais

Les relayeurs internationaux disputent ce week-end la Coupe du monde de relais en Chine où ils tenteront de se qualifier pour les championnats du monde d'athlétisme de Tokyo (13-21 septembre). Mais ils testeront surtout un 4x100 m mixte, une première en compétition internationale, qui sera au programme des Jeux olympiques de Los Angeles en 2028.
C’est une petite révolution dans le monde de l’athlétisme. Un sixième relais a été ajouté au programme olympique des Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, le 4x100 m mixte. C’est la deuxième épreuve de ce type après le 4x400 m mixte, inauguré aux championnats du monde 2019 de Doha. Et celle-ci fait déjà parler. « On est un peu étonnés de la façon dont ça apparaît. On ne l’a pas vu arriver, ça va super vite », explique Franck Né. Même si le responsable du relais 4x100 m féminin français n’est pas contre cette innovation, tout comme son homologue Richard Cursaz : « Je trouve ça bien dans le sens où il faut rendre un peu spectaculaire l'athlétisme, comme avec le 4x400 m mixte. »
La France favorisée ?Le principe est (presque) le même : deux athlètes masculins et deux féminins constituent une équipe sur l’épreuve historique du 4x100 m. Seule différence, il y aura un passage de relais entre un homme et une femme sur la charnière « ligne droite-virage », comme l’explique Cursaz. Un ordre imposé par World Athletics et qui pourrait favoriser les nations techniques dont fait partie la France.
« On a une façon de transmettre le témoin qui est tout à fait unique puisqu'il n’y a pratiquement que nous, et les Japonais, qui utilisons cette technique. Donc, le fait d'avoir une charnière fille-garçon, ça va demander des apprentissages techniques et des coordinations des vitesses un petit peu plus importantes que ce qui se fait jusqu'à maintenant. L'aspect technique va être renforcé », estime Franck Né, qui, comme le staff tricolore, aurait voulu que l’instance aille plus loin avec une deuxième charnière mixte, alternant homme et femme tout au long du relais.
« En multipliant les charnières entre les hommes et les femmes, on augmente le degré technique des transmissions et donc on favorise les pays qui travaillent techniquement, poursuit Né. Là, tout va se jouer sur une charnière, mais qui peut être catastrophique vu le différentiel de vitesse ».
Et niveau spectacle, le public aurait également été servi, comme cela avait été le cas au début des relais 4x400 m mixte avec des écarts impressionnants entre certaines nations. « Ça aurait amené pas mal de surprises, de bouleversements dans la course ».
L’athlétisme, un sport spectacle ?
Après le 4x400 m mixte, c’est au tour du 4x100 m mixte de faire son apparition au programme olympique. Est-ce seulement le début d’une révolution dans le monde de l’athlétisme ?
Oui et non pour Franck Né. « Là on ne dénature pas une épreuve », relève le responsable du 4x100 m féminin français qui s'interroge davantage sur d'autres rumeurs évoquées. « Ca me dérange moins que la longueur où on ne mettrait plus de planche mais une zone d'élan. Là on dénature la discipline parce que la régularité des marques, être capable de venir poser le pied le plus près possible de la plasticine, c'est une des qualités qu'on recherche le plus chez des sauteurs en longueur. De même si, en hauteur, on enlève la barre et qu'on met la marque là où le bassin monte le plus haut possible. L'attitude de quelqu'un qui est capable de s'enrouler autour d'une barre ou de sauver un essai en récupérant un saut, c'est aussi des qualités qui font qu'un champion est un champion. On se rapproche des jeux du cirque où les disciplines vont couronner l'athlète le plus fort ou le plus rapide et pas forcément celui qui s'adapte le mieux au règlement. Comme en demi-fond quand ils (World Athletics) parlaient d'éliminer à chaque tour des athlètes qui étaient en dernière position, je trouve que ça met en péril la nature et l'historique de la discipline. Ça peut nous rendre inquiet ». Pas question d'en arriver là dans son épreuve.
Mais pas de panique pour les responsables qui estiment que le format n’est pas figé. « A l'issue de cette première compétition, ils vont faire des demandes auprès des entraîneurs pour voir s'il y a des choses à réajuster », déclare Richard Cursaz, qui ne veut pas « se tromper » d’objectif sur ces World Relays en Chine.
Si la France a le « troisième temps par rapport à la moyenne que (s)es relayeurs ont pu réaliser », détaille Cursaz, la priorité n’est pas là. Tout est donc une question de stratégie, qui sera décidée au jour le jour en fonction des performances des différents collectifs.
« On a les championnats du monde à Tokyo au mois de septembre, donc l'objectif c'est de qualifier avant tout le 4x100 hommes et le 4x100 femmes, martèle le responsable du relais masculin qui se décidera le moment venu. « Le 4x100 mixte, il n'y a qu'une course, il n'y a que huit pays, c'est le dimanche matin, donc on verra au regard de nos modalités de qualification ».
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.
En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).
En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données. Gérer mes choix
En dehors de l’aspect compétitif, c’est aussi le corps des athlètes qui peut en pâtir. Entre les différents tours des courses individuelles, puis des relais, c’est tout une organisation de récupération du sprinteur qui est mise en place. En ajoutant un nouveau relais avec des séries et une finale, cette organisation est chamboulée. « C'est toujours pareil. Les sprinteurs sont des athlètes qui sont fragiles, surtout en pleine période de compétition. Donc il va falloir aussi voir comment on va gérer le programme », anticipe Franck Né, qui s’attend déjà à un sacré casse-tête pour protéger ses athlètes. « À la fin, sur 10 jours, ça fait beaucoup de courses. Ce n'est pas anodin. Est-ce qu'il va falloir faire des impasses ? On étudiera. »
La question se posera au moins en 2028 à Los Angeles, d’ici là, le 4x100 m mixte devrait être progressivement introduit aux programmes des grands championnats.
Avec de nouveaux rêves de podium pour l’équipe de France. « S'il y a un enjeu de médaille olympique, évidemment, il y aura une toute autre stratégie ». Richard Cursaz a déjà les yeux rivés sur cette nouvelle olympiade.
Le Républicain Lorrain