Occupée depuis 79 jours par des migrants, la direction de la Gaîté lyrique se place en retrait
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Plus de 440 personnes vivent aujourd’hui dans le théâtre parisien qui réclame une intervention des autorités, faute de quoi la société rompra son contrat avec la mairie de Paris.
Dans un communiqué diffusé jeudi, la direction de la société qui gère la Gaîté lyrique fait un état des lieux alarmant de la situation dans laquelle se trouve le théâtre aujourd’hui. Depuis décembre, de jeunes migrants, encadrés par un collectif, ont investi la salle des Grands Boulevards. La direction les estime aujourd’hui à plus de 400, en attente d’un règlement de leur situation et d’un gîte.
« Depuis 79 jours, la Gaîté Lyrique appelle à l’aide en vain face à une occupation qu’elle subit et une situation humaine indigne », explique la direction de l’établissement, qui juge maintenant la situation «explosive, avec une promiscuité intenable, et les violences liées à cette promiscuité». La direction déplore ainsi « plusieurs alertes incendies », dont «un départ de feu dans les espaces occupés le 21 février dernier, ayant nécessité l’intervention des pompiers de Paris et de la police nationale ».
Après le retrait des salariés mardi, ceux-ci estimant que la situation constitue « un danger grave et imminent pour eux, pour les personnes qui occupent le lieu et pour le bâtiment », les dirigeants de la société gestionnaire annoncent que « sans intervention des autorités d’ici vendredi, la Gaîté Lyrique SAS et ses équipes seront contraintes de quitter le bâtiment et de suspendre l’exécution des contrats des prestataires en charge de la sécurité incendie, de la sûreté, de l’hygiène et la propreté, de la maintenance, de la collecte des déchets ». Ils interpellent notamment la mairie de Paris, propriétaire du théâtre, et les pouvoirs publics.
Environ 200 jeunes migrants avaient investi les locaux le 10 décembre, avec l’appui d’un collectif de secours aux migrants. Certains se sont vus refuser la reconnaissance de leur minorité et ils ont déposé un recours qui peut prendre plusieurs mois. Fin janvier, l’équipe du théâtre avait appelé à une «résolution rapide de la situation par une mise à l’abri», jugeant «impensable de rejeter plus de 400 personnes à la rue sans solution».
Saisi par la Ville de Paris, propriétaire des lieux, le juge des référés du tribunal administratif a ordonné jeudi 14 février l’évacuation dans un délai d’un mois. La mairie a indiqué qu’elle ne ferait néanmoins pas appel à la force publique, affirmant avoir lancé cette procédure pour forcer l’État, compétent en matière d’hébergement d’urgence, à «prendre ses responsabilités».
lefigaro