Avancée majeure dans le traitement de la pelade: après les adolescents, un espoir pour les enfants

C’est une avancée majeure dans le traitement de la pelade, maladie auto-immune responsable de la chute réversible des cheveux et/ou d’une dépilation des poils corporels, qui vient d’être franchie.
Un médicament, le Baracitinib - un inhibiteur de la voie JAK - déjà approuvé chez l’adulte, a montré une efficacité significative chez les adolescents (12-18 ans) présentant une forme sévère de la maladie, selon les résultats d’un essai international de phase 3 coordonné par l’équipe du Pr Thierry Passeron, chef du service de dermatologie du CHU de Nice (hôpital l’Archet 2).
"Un tiers des patients atteints des formes les plus sévères (plus de cheveux du tout) et plus de 70% de ceux souffrant d’une atteinte de 50 à 95% ont eu une repousse de plus de 80% du cuir chevelu à 36 semaines", annonce le dermatologue.
Et, fait tout aussi important: "Le traitement oral, bien toléré, n’a entraîné aucun effet secondaire inattendu, à la posologie utilisée, soit celle déjà validée pour l’eczéma, affection pour laquelle ce médicament est déjà disponible chez l’enfant dès l’âge de 2 ans."
Compte tenu de ces résultats, il est selon le spécialiste, très probable que les agences du médicament, américaines et européennes, autoriseront dans les prochains mois une mise sur le marché (et un remboursement) du médicament, élargie aux adolescents.
Seul bémol: Baracitinib n’est pas curatif, le traitement doit être maintenu sur le long terme pour éviter les rechutes, comme c’est le cas pour d’autres maladies auto-immunes (psoriasis, eczéma).
"Il est possible que dans le futur, des protocoles permettent une interruption après un ou deux ans de traitement, sans rechute", augure le spécialiste, tout en précisant que "les données à ce sujet restent à venir."
Une extension chez les plus jeunes dès cet étéFace aux résultats positifs observés chez les adolescents, une nouvelle étude, coordonnée par le Pr Passeron, va être lancée dès l’été prochain pour les enfants âgés de 6 à 12 ans, atteints d’une pelade touchant plus de 50% du cuir chevelu (1). Là, l’espoir est encore plus fort, sachant qu’il n’existe à ce jour, aucun autre traitement autorisé pour cette population.
"Nous sommes optimistes, les premiers résultats montrent que chez les jeunes patients, la réponse au traitement semble même meilleure que chez les adultes."
Et les progrès dans le champ de la pelade ne s’arrêtent pas là, puisque "d’autres traitements, ciblant d’autres voies, sont en développement".
1. Pour toute famille concernée, l’essai pédiatrique est encore ouvert au CHU de Nice. Il est possible de contacter le centre au 04 92 03 62 25 ou par mail: [email protected]
La pelade touche, à des degrés divers, 2% de la population. Et contrairement à une idée (trop) répandue, elle n’est pas une maladie psychosomatique.
"La pelade résulte d’une réaction auto-immune, souvent déclenchée par des facteurs environnementaux variés: stress majeur, infections virales (comme la Covid-19), changements hormonaux, etc. Dans plus de la moitié des cas, elle débute dans l’enfance ou l’adolescence et touche autant les garçons que les filles. Près de 10% des patients développent des formes sévères (plus de 50% du cuir chevelu atteint). La maladie évolue par poussées qui peuvent se répéter au cours de la vie", précise le Pr Passeron.
Comme c’est le cas des autres maladies auto-immunes, on observe une augmentation des cas de pelade dans les pays occidentaux depuis plusieurs années.
Nice Matin