Consommation. Sept associations accusent les supermarchés d'inciter à l'achat de malbouffe

Sept associations ont accusé, mercredi, les principales chaînes de supermarchés de « brader » la santé des consommateurs et de les pousser « à acheter des aliments mauvais pour la santé ».
Des promos pour la « malbouffe » et des produits sains qui restent chers : sept associations tire la sonnette d'alarme. Foodwatch France, le Réseau Action Climat, France Assos Santé, la Fédération française des diabétiques, la Confédération syndicale des familles, l'Union nationale des associations familiales et le Collectif national des associations d'obèses ont passé au crible « près de 5 000 promotions alimentaires » mises en place par les cinq plus gros distributeurs entre février et mars 2025.
« Le doute n'est plus permis : dans les supermarchés, les promotions censées vous permettre de faire des économies poussent surtout à acheter des aliments mauvais pour la santé », s'alarment les associations, selon lesquelles « deux tiers des promotions (66%) concernent des produits trop gras, trop sucrés, trop salés ». Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl « se disent toute l'année les alliés du "bien manger", mais en pratique, ils vont à l'encontre de leurs engagements », déplore Audrey Morice, porte-parole de l'ONG Foodwatch.
Carrefour et Intermarché se défendentLe groupement des Mousquetaires (Intermarché) fait valoir qu'il fait « des promotions sur l'ensemble des produits plébiscités par (ses) clients » et ajoute que ces derniers « bénéficient tous les week-ends de 10% de réduction sur l'ensemble du rayon fruits et légumes ».
De son côté, Carrefour « conteste point par point cette étude pour ce qui le concerne », assurant avoir « fait de la transition alimentaire pour tous sa raison d'être ». « En moyenne, dans un hypermarché, 30% de nos promotions s'appliquent à des produits sains (fruits et légumes, potages, conserves de légumes, sans nitrites...) ».
D'après l'enquête des associations, « seules 12% des promotions portent sur des aliments sains comme les fruits, les légumes ou les légumineuses, et que les Français ne consomment pas suffisamment », indique l'enquête, qui se base sur les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS).
Benoît Granier, du Réseau Action Climat (RAC), insiste quant à lui sur le caractère « dommageable » de cette surreprésentation des produits mauvais pour la santé parmi les produits bradés, car « les promotions pourraient être utilisées pour inciter les consommateurs à avoir au contraire une alimentation plus saine ». Les associations déplorent également que de « trop nombreuses promotions incitent à surconsommer en achetant en grande quantité » car d'après elles « 40% des promotions » proposent d'acheter des produits qu'il est recommandé de « fortement limiter selon les recommandations santé », à l'instar de la charcuterie, des plats préparés à base de viande rouge, ou encore des boissons sucrées.
Ce déséquilibre dans la qualité des produits en promotion fait dire à Audrey Morice qu'il existe une forme de « marché à deux vitesses », avec d'un côté « les produits les moins bons pour la santé à des prix bradés », et de l'autre « des produits sains au prix fort ». Dans leur communiqué, les associations appellent les enseignes de la grande distribution à garantir « au moins 50% de promotions sur des produits de qualité, à des prix accessibles ».
Début mai, une autre étude, menée par le Réseau Action Climat, interpellait déjà les acteurs de la grande distribution sur leur « retard » dans la transition alimentaire, et mettait en avant que « la grande distribution, de par son pouvoir sur l'amont des filières comme sur les consommateurs, a un rôle important à jouer » pour « l'accès » à une alimentation « saine » et « durable », insiste l'ONG dans son rapport.
Le Bien Public