Maladie d’Alzheimer : le Béarn va accueillir la toute première résidence française dédiée aux couples aidants-aidés

L’ouverture de la maison L’Arribet, à Malaussanne, est espérée dans dix-huit mois. Ce projet inclusif comprend 12 T2 aménagés autour d’espaces partagés, où France Alzheimer 64 va animer des ateliers
Président de France Alzheimer 64, Jean-Claude Lapabe est venu parler au nom de l’union nationale des 101 associations françaises : « Le président Joël Jaouen m’a chargé de vous présenter toutes ses félicitations pour ce projet, a-t-il transmis. Quand nous nous sommes rencontrés en 2023 avec Bernard Dupont (maire de Malaussanne et conseiller départemental du canton d’Artix et Pays de Soubestre, NDLR), nous avons tout de suite répondu favorablement. La philosophie repose sur le vivre ensemble et le respect du couple, ce qui lui confère un caractère social innovant au vu des difficultés psychiques et relationnelles que pose cette maladie ».
La première pierre symbolique de ce lieu novateur a été posée ce 6 juin dans le petit village de Malaussanne (444 habitants), dans le Nord-Béarn. Ici, dans 18 mois, ouvrira la toute première résidence française dédiée aux couples aidants-aidés touchés par l’Alzheimer débutant. Entouré d’un impressionnant aréopage d’élus et de responsables locaux, dont le préfet des Pyrénées-Atlantiques, qui n’ont pas tari d’éloges sur le projet, l’édile Bernard Dupont avait de quoi se réjouir.
« Sécurité et répit au quotidien »« Cette maladie, ce n’est pas qu’un aidant et un aidé, c’est aussi celle de la famille, a tenu à souligner le président de France Alzheimer 64. Ce lieu va permettre à des personnes souffrant de troubles cognitifs d’accéder à un chez soi adapté, convivial, en couple, en assurant à la fois sécurité et répit au quotidien. Nous sommes sûrs que ce dispositif est indispensable. Au niveau national, de nombreuses personnes vont s’enquérir de ce que vous avez fait Monsieur Dupont. »

David Le Deodic/ « Sud Ouest »
Concrètement, la future maison L’Arribet - du nom de l’association locale impliquée dans la plupart des projets sociaux de la commune - va pousser à deux pas du centre-bourg. Elle sera située près de l’Ehpad de Malaussanne, qui comprend une unité Alzheimer de huit places, déjà gérée par la même structure.
L’Office 64 de l’habitat va construire deux bâtiments de 300 m², chacun comprenant six logements indépendants de type T2, dont le loyer est fixé autour de 500 euros, et des lieux de vie partagés : séjour, cuisine et espaces extérieurs (jardins communs, terrain de pétanque). L’opération a coûté un peu plus de deux millions d’euros.
« Ici, on va monter un, deux voire trois ateliers, a annoncé le président de France Alzheimer 64. L’un sera dédié aux aidés, pour de la mobilisation cognitive, leur faire travailler la mémoire. Et quelque chose de tout nouveau chez nous, l’éducation thérapeutique du patient. C’est-à-dire demander à l’aidé de devenir l’acteur de sa vie, et garder sa personnalité. En deux mots : qu’il ne se fasse pas ‘’manger’’ par son aidant, qui prend souvent trop de place. » La maison L’Arribet sera donc un lieu de stimulation pour la personne atteinte de troubles et de répit pour le partenaire aidant, le tout au sein d’un espace communautaire où interviennent assistantes de vie, proches et aidants.
Lotissement « Arc-en-ciel »« Aujourd’hui, la médecine fait des progrès, poursuit Joël Jaouen. On peut stabiliser cette maladie mais on ne la guérit pas. Pour les personnes qui seront dans cette maison, quand la maladie progressera, il y aura un Ehpad à côté et l’aidant pourra trouver un appartement ou une maison juste à côté. »

David Le Deodic/ « Sud Ouest »
Ce 6 juin à Malaussanne, c’est aussi tout un nouveau lotissement intergénérationnel - construit par le bailleur social Domofrance - qui a été inauguré. Baptisé Arc-en-ciel et implanté non loin de la mairie, de l’école et de l’église, il se compose de 12 logements, dont six maisons individuelles (du T3 au T5 avec jardins et garages) mais également de six logements seniors, conçus pour favoriser l’autonomie des personnes âgées, avec, là encore, une salle commune située au centre pour favoriser des activités partagées et tisser du lien social.
« Ce programme illustre une parfaite adéquation entre le cadre de vie rural et des logements modernes, accessibles et intergénérationnels », s’est félicité Francis Stephan, directeur général de Domofrance.
« Je voudrais vous remercier parce qu’on voit se dessiner ici une forme de richesse commune qui est celle du lien humain, entre les habitants, les générations », a glissé le préfet au maire de Malaussanne, avant de souligner le « travail collectif », qui a permis ces réalisations. « C’est aussi une leçon pour l’État, que les meilleures innovations viennent de la richesse du terrain, là où elles sont construites, pensées pour être adaptées au meilleur échelon », a-t-il conclu.
SudOuest