Comment le Canada est devenu le port le plus sûr dans la tempête du commerce mondial

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Comment le Canada est devenu le port le plus sûr dans la tempête du commerce mondial

Comment le Canada est devenu le port le plus sûr dans la tempête du commerce mondial

Lorsque la guerre commerciale a éclaté en février, le Canada semblait être l'un des pays les plus durement touchés par les tarifs douaniers américains. Mais en trois mois de volatilité vertigineuse, les menaces intermittentes se sont multipliées, le Canada a négocié des exemptions importantes et les données économiques ont remarquablement bien résisté.

Un nouveau rapport de l'économiste en chef de la RBC, Frances Donald, et de l'économiste en chef associé, Nathan Janzen, révèle que le Canada est désormais confronté au tarif effectif moyen le plus bas de tous les principaux partenaires commerciaux des États-Unis.

« Bien que la voie économique du Canada demeure difficile, elle semble considérablement moins périlleuse qu’il y a quelques mois à peine – un récit qui n’a pas encore imprégné la psyché canadienne », ont-ils écrit.

RBC a constaté que 86 % des produits expédiés par les entreprises canadiennes aux États-Unis l'an dernier seraient toujours exemptés de droits de douane en vertu des règles actuelles. Les données du Bureau du recensement des États-Unis publiées en avril indiquent que près de 90 % des exportations canadiennes vers les États-Unis sont restées exemptées de droits de douane en avril.

« Le tarif effectif moyen sur les importations américaines en provenance du Canada était de 2,3 pour cent — en hausse significative par rapport à zéro en janvier — mais le plus bas de tous les principaux partenaires commerciaux des États-Unis », ont écrit les auteurs.

Ainsi, disent-ils, le Canada semble être devenu le port le plus sûr dans une tempête mondiale — pour l’instant.

Encore quelques dégâts

Cela ne veut pas dire que la guerre commerciale ne cause pas de dommages. Elle en cause. Certains de ces dommages se reflètent dans les données économiques.

Les chiffres de Statistique Canada publiés cette semaine montrent que les ventes du secteur manufacturier ont connu la plus forte baisse depuis des années.

« Les ventes totales du secteur manufacturier ont diminué de 2,8 % pour atteindre 69,6 milliards de dollars en avril, soit la plus forte baisse d'un mois à l'autre depuis octobre 2023 et le niveau le plus bas depuis janvier 2022 », a-t-il déclaré dans un communiqué publié vendredi.

Le taux de chômage a poursuivi sa hausse inexorable, s'établissant désormais à 7 %. Hormis la pandémie de COVID-19, il s'agit du niveau le plus élevé depuis 2016. Sans surprise, le déclin du secteur manufacturier et les pertes d'emplois se sont concentrés dans des régions sensibles aux échanges commerciaux, comme le sud-ouest de l'Ontario.

Des employés de Honda travaillent le long de la chaîne de montage de véhicules à Alliston, en Ontario.
Des employés de Honda travaillent sur la chaîne de montage de véhicules à Alliston, en Ontario. (Nathan Denette/La Presse canadienne)

Mais l’équipe de la RBC écrit que l’économie canadienne a remarquablement bien résisté jusqu’à présent.

Selon les enquêtes sur le sentiment des consommateurs, la confiance a chuté lorsque la guerre commerciale a commencé en mars.

« Mais les données réelles sur les dépenses ne correspondent pas à cette ampleur de faiblesse. »

La force de deux fronts clés

Oui, l’emploi a diminué, mais les offres d’emploi sur les sites de recherche d’emploi comme Indeed.com ont montré des signes de stabilisation.

Le Canada tire également sa force du fait qu’il dispose d’une grande marge de manœuvre sur deux fronts clés : la politique budgétaire et la politique monétaire.

La politique budgétaire désigne les dépenses publiques. La politique monétaire fait référence aux taux d'intérêt fixés par la Banque du Canada.

La banque centrale a considérablement réduit ses taux l'an dernier. Son taux directeur au jour le jour a déjà baissé de 225 points de base (de 5 % à 2,75 %). Le gouverneur Tiff Macklem a maintenu ses taux inchangés pendant trois réunions consécutives, en attendant de nouvelles données, mais Donald Trump affirme que la banque dispose d'une marge de manœuvre si une nouvelle baisse des taux s'avère nécessaire.

« Nous pensons que la banque centrale est désormais arrivée au terme de son cycle de baisse des taux et ne prévoyons pas de nouvelles réductions. Toutefois, cela dépend du contexte de croissance économique et de la stabilisation du marché du travail », ont écrit Donald et Janzen.

Sur le plan budgétaire, le gouvernement fédéral aurait enregistré des déficits élevés ces dernières années, mais son niveau d'endettement relatif demeure parmi les plus bas du monde développé.

Exploiter les capacités budgétaires pourrait contribuer à stimuler la croissance dont nous avons tant besoin.

« Des mesures visant à éliminer les barrières commerciales interprovinciales pourraient porter leurs fruits à long terme et contribuer à soutenir l’investissement et la croissance de la productivité. »

Ils soulignent également les changements de politique fiscale, les programmes de prêts et les dépenses de défense récemment annoncées qui pourraient stimuler la croissance jusqu'à l'année prochaine.

Le Canada pourrait bénéficier de l’isolationnisme américain

Mais un facteur clé des perspectives de croissance du Canada découle en réalité de l'isolationnisme croissant aux États-Unis. Selon elle, le choc commercial a forcé les économies du monde entier à repenser leur dépendance à l'égard des États-Unis.

« Les ressources du Canada — l’agriculture, l’énergie et les minéraux essentiels — sont de plus en plus bien placées pour répondre aux besoins de l’économie mondiale, en particulier dans le contexte où elle cherche à accroître les dépenses en matière d’IA, de données et de défense », ont écrit Donald et Janzen.

Ce changement « représente un moment pour le Canada d’investir en lui-même et de répondre à ce besoin ».

Le rapport de la RBC ne diminue pas les menaces bien réelles auxquelles le Canada est confronté, ni ne minimise l’impact que la guerre commerciale et toute l’incertitude qu’elle entraîne ont déjà.

Mais cela offre un réétalonnage honnête de la position actuelle du Canada et de la mesure dans laquelle cette position a changé au cours de trois mois de changements radicaux dans le commerce mondial.

cbc.ca

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