Valerio Mieli raconte une jeunesse de confusion et de recherche de liberté


Photo ANSA
Portes coulissantes
Dans son nouveau livre, le réalisateur utilise l’expédient du « et si » pour questionner les choix que nous faisons lorsque nous sommes jeunes, qu’ils soient sentimentaux, professionnels, géographiques, comme s’ils restaient d’une importance primordiale tout au long de notre vie. L’importance de s’ouvrir à l’incertitude alléchante de ce qui est nouveau, et pas nécessairement meilleur.
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Qu'est-ce que la vitalité ? Un don qui tôt ou tard trouvera sa voie d’expression, quelles que soient les conditions de départ – provinces, lourdes responsabilités, coups bas de la vie contre lesquels on ne peut rien ou presque – ou une vertu qui se nourrit de choix constants de liberté, qu’ils soient les plus évidents comme aller boire un verre à Paris et grandir à la lumière de tout ce raffinement ? Valerio Mieli a toujours raconté des histoires au cinéma, même si son succès « Dieci inverni » (Dix hivers) de 2009, avec lequel il a remporté le David de Donatello et le Nastro d'Argento, a été immédiatement suivi d'un roman, mais cette fois c'est à une forme de narration plus pure – une belle écriture, ironique, expéditive – qu'il confie le retour à son thème le plus cher, cette remise en question des choix de jeunesse, qu'ils soient sentimentaux, professionnels, géographiques, comme s'ils restaient d'une actualité pressante pour toute la vie. Et le fait que Scelgo tutto (Nave di Teseo) puisse être transformé en film ou en série, étant donné que les droits ont déjà été acquis par Wildside, n'enlève rien au fait qu'il s'agit d'un roman de mots, sans clins d'œil à d'autres langues que la fluidité de l'intrigue. L'expédient du « et si », ou des portes coulissantes si vous préférez, s'applique à la vie de Cosimo, appelé Cosimino dans sa ville natale de Ciociaria, mais prêt à se transformer en un Cosimo plus énigmatique à Paris, au fil des quelque 400 pages qui racontent les deux côtés du carrefour, je pars ou je ne pars pas, je sors ou je ne sors pas .
« Il avait rencontré des gens nouveaux, différents, étrangers. Lui, il avait rencontré, il avait rencontré. Et moi ? Moi non, non », raisonne le protagoniste sur le thème central de la vie bien remplie, cette vie insouciante où il faut pondre un œuf sous peine de condamnation, d'insatisfaction, hanté par l'éternelle question : être satisfait est-il une bonne ou une mauvaise chose ? Je me demande si nous nous posons encore cette question aujourd’hui ou s’il s’agit d’un problème générationnel de ceux qui approchent de la cinquantaine et qui pensaient vraiment pouvoir tout choisir ? Une enquête s'impose, peut-être qu'aujourd'hui se consommer n'est plus à la mode, qui sait. Et c'est lié au thème de l'ailleurs, du départ – « Et tu te crois cosmopolite juste parce que tu as baisé en dehors de la province ? » – et de nouvelles rencontres, pour s'échapper avec effort de cette cage merveilleuse qu'est le premier amour, « ce temps sans temps » auquel il suffit de revenir pour se rappeler que, sous la surface ridée, notre mer était toujours calme, profonde et mystérieuse. Et pour s'ouvrir à son indétermination tentante de ce qui est nouveau, et pas nécessairement meilleur . Lorsque la Parisienne Marie-Madeleine accompagne le protagoniste dans les musées, avec elle « cette masse d'objets, les statues, les tableaux, prenaient vie, comme des jouets dans les dessins animés la nuit, et les bâtiments, les panneaux, les publicités dans le métro aussi : d'abord silencieux, ils scintillaient maintenant de sens. La forêt était enchantée.
Et ainsi lui aussi semble prendre vie, prendre vie sous sa nouvelle forme, celle du sophistiqué Cosimo. Final? Non, l’existence est bien plus compliquée que cela et Mieli nous la raconte dans ses hauts et ses bas, mettant la protagoniste en comparaison avec un personnage encore plus militant dans sa recherche de liberté, Giacoma, tourmenté par le profond non-conformisme de ceux qui sont terrifiés à l’idée de renoncer à quelque chose de leur expérience humaine au nom d’une structure à laquelle nous ne devons rien. Ou peut-être que oui ? Parce que cette structure – la famille, la forme d’amour, prendre soin de ceux qu’on aime tant, suffisamment pour sentir qu’avec ce rire, avec cette passion on peut aller loin ensemble – sont celles qui nous protègent, qui nous permettent de nous concentrer sur nos idées, et encore mieux s’il y a l’expérience de Paris pour nous dire que les idées ne suffisent jamais et qu’il faut les respecter, même si on les accueille avec des rires. Jusqu'à quel point les destins peuvent-ils diverger si le seul véritable moteur de tout est le caractère, la nature, cette recherche de la plaisanterie, du côté drôle des choses, du jeu comme capacité continue à mélanger les cartes ? Seule la fiction nous permet de le découvrir .
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