Heidi professeur d'économie civile

Pour créer un nouveau modèle économique, il est nécessaire – comme nous l’avons dit lors de notre premier rendez-vous, et comme peuvent nous l’enseigner le déjà mentionné Luigino Bruni ou un guide exceptionnel comme Antonio Brunori – de s’inspirer de l’univers végétal et d’établir des parallèles, concrets et non théoriques, avec l’économie. La symbiose végétale – pensons par exemple au lichen qui vit grâce à l’interconnexion entre les algues et la mousse – est un symbole de réciprocité inconditionnelle dont bénéficient tous les sujets impliqués.
La nature préfère en effet les relations mutualistes où tout le monde est gagnant. De là, nous pouvons établir un nouveau parallèle entre les niches écologiques, c'est-à-dire le rôle d'une espèce (ou d'une population) au sein d'un écosystème et qui permet son existence, et des concepts tels que la créativité et l'innovation dans une optique capable de voir des opportunités de bénéfice mutuel et de croissance commune.
82% de la masse vivante est représentée par les plantes, 13% par les bactéries, 5% par tout le reste et de cela, l'homme représente 0,01%. Ainsi, la majorité des êtres vivants, et donc le règne végétal, ne vivent pas aux dépens des autres formes de vie : ils se nourrissent grâce à la photosynthèse. C'est la plante elle-même qui produit sa propre subsistance (le règne végétal est donc autotrophe contrairement aux autres formes vivantes, définies comme hétérotrophes). Le monde végétal se distingue par son autonomie alimentaire et le partage des ressources dans un but collectif. Cela nous ramène au concept de gratuité : sans gratuité, il n’y a pas de rencontre pleinement humaine avec l’autre, sans gratuité, la confiance ne peut pas être générée et ni la société ni le marché ne peuvent fonctionner.
Enfin, il ne faut pas oublier que les plantes sont des organismes capables de combiner flexibilité et solidité, elles sont capables de résister aux stimuli qui les mettent en danger, elles parviennent à ne pas mourir même lorsqu'elles sont dévorées, grâce à une organisation modulaire, une fonctionnalité distribuée sans centres de contrôle. Chaque partie de leur corps est importante mais aucune n’est véritablement indispensable. La plante est un organisme collectif et pour cette raison – lors des grandes crises – elle est paradoxalement plus forte que les animaux, dont le grand avantage évolutif dépend du développement des organes, et donc d’une forte division hiérarchique et fonctionnelle. N’ayant pas de cerveau ni d’organes centraux, ils ont dû apprendre à « penser », « voir », « sentir », « communiquer », en valorisant surtout les périphéries, les zones les plus en contact avec le sol. Ils ont dû apprendre à vivre en parfaite coopération avec toute la forêt, car un arbre survit s’il développe des relations de mutualité avec toute la forêt.
Quelle meilleure leçon pour une organisation fondée sur la confiance et la démocratie ?
Merci Heidi !
Notizie.it