Le leadership éthique n'est pas seulement juste et nécessaire : il est biologiquement possible

L'éthique n'est pas seulement souhaitable, elle est nécessaire et… possible. Certains dirigeants d'entreprise cèdent au cynisme pour trouver des raccourcis vers le succès : l'être humain serait fondamentalement mauvais. Les conséquences démontrent régulièrement leur erreur. Aujourd'hui, la science apporte son éclairage. Dans son ouvrage « Le leadership éthique : la sagesse du choix » (Espasa), Alfred Sonnenfeld, l'une des voix les plus influentes en éthique appliquée et en neurobiologie comportementale, affirme que le véritable leadership ne repose ni sur le charisme ni sur l'efficacité, mais sur la cohérence morale et l'exemplarité.
« Nous ne sommes pas esclaves de nos gènes. Nous pouvons changer. Le leadership éthique est aussi une forme d'entraînement intellectuel. » En réalité, Sonnenfeld propose une approche qui s'apparente à une révolution. Alors que les médias nous bombardent sans relâche d'exemples de comportements méprisables chez ceux qui devraient guider le destin de notre société, il offre une alternative puissante : former des leaders qui se dirigent d'abord eux-mêmes, qui incarnent des vertus telles que la prudence, la tempérance et la justice, et qui exercent leur influence par l'autorité morale, et non par le pouvoir formel.
À cette fin, il déploie une puissante force de persuasion. La sagesse de la philosophie classique, avec Socrate et Aristote en figures de proue, se conjugue à la spiritualité chrétienne et aux découvertes scientifiques, notamment en neurobiologie. Le champ de bataille est la société tout entière, mais le monde des affaires se distingue peut-être comme un terrain privilégié. Ainsi, la présence, lors du lancement du livre à l'Ateneo de Madrid, de Nuria Chinchilla, directrice de la Chaire Femmes et Leadership de l'IESE Business School, et d'Antonio Garrigues Walker, président de la Fondation Garrigues, revêtait une importance particulière.
Membre du comité d'éthique de la Charité de Berlin et professeur à l'Université Humboldt et à l'UNIR, Sonnenfeld propose dès le premier chapitre de son nouvel ouvrage « [s]e être les entrepreneurs de nos vies » et dévoile les dix découvertes de ses recherches : les êtres humains sont relationnels par nature ; se connaître soi-même ; ce qui compte pour mener une vie épanouie ; gérer nos imperfections ; nous pouvons changer, nous ne sommes pas prédéterminés ; comprendre le « pourquoi » de mes actions ; la prudence perfectionne la capacité d'action des êtres humains ; le leader a l'esprit de service et, par conséquent, sait comment servir ; le leadership exige d'apprendre à aimer ; et le bonheur naît d'un enthousiasme vital.
Tout découle de l'idée clé selon laquelle « nous devenons bons ou mauvais par nos actes de volonté », et c'est là « la différence entre l'action éthique et la production, entre la vertu et la technique ou l'art ». Dans ce dernier cas, « nous nous efforçons de bien faire un travail extérieur à l'agent — construire des navires ou des voitures, peindre un tableau, etc. — », tandis que, dans la vie d'une personne, ce qui compte en fin de compte, c'est que la personne elle-même soit bonne.
Le livre illustre ce point de vue à travers des personnalités d'horizons divers, d'une mère anonyme à Beethoven . Lors de la présentation à l'Ateneo, une personne aussi pragmatique que Chinchilla a pu interroger Sonnenfeld sur la mesure dans laquelle « des circuits neuronaux peuvent être développés pour faciliter des améliorations concrètes dès aujourd'hui ». L'expert s'est appuyé sur l'exemple des addictions et de la pratique japonaise de l'immersion en forêt pour conclure que « la neurobiologie nous apprend qu'il est possible de se reconstruire en empruntant certains chemins ».
Dans la continuité de cette malléabilité de notre comportement, Garrigues a soulevé la question du pessimisme , exprimant son aversion pour « son usage fréquent en Espagne pour paraître sérieux ». Sonnenfeld s'est de nouveau appuyé sur la neurobiologie pour souligner qu'« il est essentiel de savoir qu'on ne naît pas grincheux, mais qu'on le devient, selon son approche de la vie ». Chinchilla a ajouté qu'« il ne faut pas non plus tomber dans un optimisme aveugle, mais plutôt dans un optimisme réaliste, avec l'espoir de pouvoir changer le monde : le pessimisme s'explique par l'incapacité à voir au-delà de sa situation immédiate ».
La conversation se poursuivit, touchant un public qui se reconnaissait dans ces schémas que nous pouvons maîtriser si nous avons le sens de l'orientation. Sonnenfeld propose ceci dans les conclusions de son livre : « Un bon leader est un leader prudent. Et un leader prudent est celui qui s'efforce d'acquérir la plus grande compétence technique possible , tout en sachant mettre ce savoir au service du bien commun. L'empreinte que laisse l'action vertueuse en nous est le bonheur, et le bonheur est aussi ce que la personne vertueuse offre à son entourage. C'est l'amour, le fondement sur lequel repose le bonheur, la raison la plus profonde pour laquelle il vaut la peine de s'efforcer d'être vertueux. »
elmundo




