Toutes les couleurs de la danse au Sónar

L'édition la plus complexe du Sónar s'est reflétée dans la programmation de la première soirée du festival à la Fira. Les têtes d'affiche ont donc brillé par leur absence – à l'exception de l'habituel Richie Hawtin – d'un programme contraint par les circonstances, mais qui a néanmoins permis quelques performances remarquables. Ce ne fut pas le cas du groupe BICEP, qui a ouvert la scène principale du SonarClub avec un spectacle visuellement peu satisfaisant, pourtant annoncé comme aussi important que la musique. Si le duo irlandais a tenu ses promesses, faisant danser la foule sur des rythmes puissants, les images qui illustraient leur spectacle étaient pour le moins discrètes.
Plus tôt, la soirée avait été inaugurée sur la scène du SonarLab par NAGUIYAMI, DJ barcelonaise d'origine japonaise, qui, devant un public restreint, a fait preuve de bon goût en mixant kuduro, amapiano et autres sonorités du Sud. La présence féminine était notable, suivie sur la même scène par SICARIA, nom de scène de la Marocaine d'origine britannique Lou Nour, qui a dévoilé sa passion pour le dubstep, la global bass et autres rythmes à un rythme accéléré. De son côté, la Galloise Emma Kirby, alias Elkka, auteure-compositrice-interprète à ses débuts et DJ et artiste sur le label Ninja Tune, est venue proposer une session simple, avec une house efficace. Cependant, c'est la Sud-Coréenne Peggy Gou, qui alterne ses activités de DJ avec celles de productrice et de créatrice de mode, qui a mis le dancefloor du SonarClub sens dessus dessous. Son album « I Heard You », sorti l'année dernière, a fait d'elle une immense star, et cela s'est avéré évident lors d'une session au cours de laquelle elle a combiné les rythmes habituels de la grosse caisse avec des voix et d'autres détails mélodiques qui ont servi à enrichir sa performance.

Public au Sónar
Jordi Borràs / ACNParmi les déceptions, Pa Salieu se distingue. Le rappeur et chanteur britannique d'origine gambienne, bien qu'accompagné par un trio de batterie, percussions, claviers et trompette, n'a pas été à la hauteur de son album « Afrikan Alien », lors d'un concert qui n'a pas vraiment décollé et où il a gâché sa réputation en rappant et en criant dans un style plutôt banal. Ce n'est qu'occasionnellement, comme lors de la sortie de « Glidin' », que nous avons pu entrevoir son talent pour allier tension et groove.
Lire aussi Sónar : dix incontournables du festival Sergio Lozano
À l'inverse, l'artiste japonais Daito Manabe a offert un spectacle audiovisuel retentissant, synchronisant images et sons. Sa séance était une véritable démonstration d'imagination, combinant les changements de rythme aux transformations des visuels, qu'ils soient géométriques, linéaires, spiralés, de cercles concentriques, de micro-organismes ou de formes gélatineuses. Le processus évoluait de rythmes puissants à une abstraction basée sur le bruit, en passant par des breakbeats et du drum'n'bass, pour aboutir à un final grandiose.

Pa Salieu lors de sa prestation au Sónar
Jordi Borràs / ACNUn autre artiste qui n'a pas déçu était le Londonien Kieran Hebden, connu pour Four Tet, une légende de la musique électronique moins accommodante qui a eu le défi de se produire sur la piste de danse principale. Et malgré un public plus restreint que Peggy Gou, il a réussi à le maintenir sans concessions majeures. On comprend qu'il ait misé sur des rythmes métronomiques et quelques uplifts occasionnels, mais son set était tout sauf linéaire. Les changements constants ont déstabilisé le public, car il a osé interrompre les beats et inclure des fragments ambiants de voix évanescentes, et même quelque chose qui sonnait comme de l'électro-swing mélangé à de la house. À d'autres moments, une progression bruyante ou un imprévu est apparu, rendant le set plus atmosphérique que d'habitude sur la piste de danse principale.

La scène du Sónar Lab
Jordi Borràs / ACNSur la scène isolée du SonarCar, transformée en petit club charmant au sein de l'immense salle Fira, nous avons pu apprécier le duo masqué péruvien Dengue Dengue Dengue, qui joue de l'électro tropicale ; une techno psychédélique mêlant rythmes puissants, éléments afro-latins, chicha péruvienne et drum'n'bass. Nous n'avons pas pu entendre Max Cooper, son show audiovisuel ayant dû être annulé pour cause de problèmes techniques. Malgré ce contretemps, la soirée a tout de même été ponctuée de toutes les couleurs de la musique dance.
lavanguardia