Voici KBC, la banque belge qui convoite ABN Amro

Selon Bloomberg et la FD, le bancassureur belge KBC convoite le néerlandais ABN Amro. L'agence de presse financière américaine rapporte que le groupe belge étudie une possible acquisition d'ABN Amro afin de renforcer sa position sur le marché européen. Le journal économique néerlandais rapporte que le groupe belge a fait appel aux banquiers d'affaires de Bank of America à cette fin.
L'étude en serait encore à ses débuts. KBC a tempéré les attentes en précisant dans un communiqué que l'entreprise étudiait actuellement uniquement une éventuelle acquisition d'un assureur belge.
Une telle acquisition s'inscrirait en principe dans le cadre de la consolidation du système bancaire européen, actuellement fragmenté, une tendance de plus en plus prônée ces derniers temps. L'idée est qu'en créant des banques plus grandes et plus solides, l'Europe serait mieux à même de concurrencer les États-Unis et la Chine. L'année dernière, plusieurs banques européennes ont envisagé des acquisitions d'envergure, parfois transfrontalières. Par exemple, l'italien Unicredit souhaite acquérir l'allemande Commerzbank et y a déjà acquis une participation substantielle.
Non. L'époque où ABN Amro était un géant bancaire international est révolue. En 2008, le géant bancaire néerlandais de l'époque a été démantelé après son acquisition par Bank of Scotland, Fortis et Santander. Peu après, le gouvernement néerlandais a dû nationaliser la branche néerlandaise de Fortis/ABN Amro pour éviter son effondrement. Depuis lors, ABN Amro est restée une banque modeste à l'échelle mondiale, avec un bilan total de 385 milliards d'euros à la fin de l'année dernière. KBC, avec un bilan total de 373 milliards d'euros, affiche une taille similaire.
À d'autres égards, KBC est encore plus important. L'an dernier, l'entreprise belge a affiché un bénéfice net de 3,4 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires total de 11,2 milliards d'euros, avec environ 40 000 employés. ABN Amro a enregistré un bénéfice net de 2,4 milliards d'euros pour un résultat d'exploitation de 8,9 milliards d'euros et compte plus de 21 000 employés. La capitalisation boursière de KBC dépasse les 40 milliards d'euros, soit près du double de celle d'ABN Amro.
Pas vraiment, car il existe d'importantes différences culturelles entre les institutions financières, sans parler des différences de pratiques commerciales entre les Pays-Bas et la Belgique. KBC est née en 1998 de la fusion de Kredietbank, CERA Bank et Assurantie van de Belgische Boerenbond (ABB). Ces institutions sont issues du secteur agricole, et aux Pays-Bas, on peut les comparer à Rabobank. Le bureau de KBC à Anvers (voir photo) est connu sous le nom de « de Boerentoren » (la Tour des Agriculteurs).
ABN Amro, quant à elle, est née d’une fusion de banques qui finançaient principalement de grandes entreprises : l’Amsterdamsche Bank, la Rotterdamsche Bank, la Twentsche Bank et la Nederlandse Handel-maatschappij (Société commerciale néerlandaise).
KBC est également beaucoup plus international qu'ABN Amro. Sur ses 40 000 employés, seuls 15 000 travaillent en Belgique, son marché d'origine. Hors de Belgique, KBC est principalement présent en Europe centrale, notamment en République tchèque, en Slovaquie, en Hongrie et en Bulgarie. Sur les plus de 21 000 employés d'ABN Amro, 86 % travaillent aux Pays-Bas.
Y a-t-il d’autres différences ?Oui. Peut-être plus important encore que ses racines historiques ou l'importance de ses marchés nationaux est le rôle de KBC en tant que banque et assureur. Aux Pays-Bas, le modèle dit « bancassurance » est tombé en disgrâce depuis la crise du crédit. ABN Amro opère dans l'assurance, mais via un partenariat avec le géant de l'assurance NN.

Il était une fois. En février dernier, Johan Thijs, PDG de KBC, déclarait dans une interview à la FD que sa banque s'intéressait déjà au marché néerlandais depuis plus de dix ans. À l'époque, de « sérieuses discussions » avec la Nederlandsche Bank (la Banque centrale néerlandaise) avaient révélé que le régulateur n'autorisait plus le « modèle intégré de bancassurance » en raison de la crise du crédit.
« Mais pour nous, le modèle de bancassurance est crucial », a souligné Thijs. « Le simple rachat d'une banque ne nous intéresse pas. » Le PDG de KBC a toutefois ouvert la porte aux Pays-Bas en indiquant ne pas connaître l'avis actuel de la DNB (Banque centrale néerlandaise) sur la combinaison banque-assurance.
Aucun autre nom ne circule actuellement, mais ABN Amro a fait l'objet de rumeurs de rachat plus fréquentes ces dix dernières années. En 2016, la banque scandinave Nordea aurait été intéressée ; en 2022, la banque française BNP Paribas aurait envisagé une offre de rachat ; et début 2024, Deutsche Bank a été mentionnée comme acquéreur potentiel.
RTL Nieuws