Les responsables défendent le projet de loi libéral qui obligerait les hôpitaux, les banques et les hôtels à transmettre des données

Le projet de loi sur la frontière proposé par le gouvernement libéral permettrait à la police et à l'agence d'espionnage du pays de rechercher des informations auprès d'un large éventail de fournisseurs de services - y compris des professionnels de la santé, des banques et des sociétés de location de voitures - sans mandat, ont précisé jeudi des responsables gouvernementaux.
Pour défendre ce projet de loi vivement critiqué, des responsables fédéraux ont tenu une réunion d'information avec les journalistes, où ils ont affirmé que ces changements étaient nécessaires pour s'adapter à l'évolution du paysage criminel. Ils ont évoqué avec les journalistes les dispositions du projet de loi relatives à l'« accès légal », sous réserve de ne pas être cités directement.
La Loi sur les frontières renforcées, également connue sous le nom de projet de loi C-2, a été présentée plus tôt ce mois-ci et a depuis suscité une vague de réactions négatives de la part de groupes de défense des libertés civiles, d'universitaires et de certains députés de l'opposition qui soutiennent qu'elle crée de nouveaux pouvoirs de surveillance portant atteinte à la vie privée et à la Charte des droits et libertés.
Un responsable a déclaré jeudi lors de l'appel qu'ils avaient tenu cette réunion d'information pour expliquer plus en détail les raisons pour lesquelles le gouvernement a décidé d'aller de l'avant avec cette législation qui fait la une des journaux.
Si le projet de loi C-2 est adopté, il obligerait les fournisseurs de services à communiquer des renseignements de base à la police et au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) sans autorisation judiciaire. Il créerait également une nouvelle ordonnance obligeant la communication de renseignements plus détaillés sur les abonnés, avec autorisation judiciaire, dans le cadre d'une enquête criminelle.
Selon le cas, cette ordonnance de production pourrait exiger que des tiers remettent des noms, des adresses, des numéros de téléphone et les services qu’ils ont demandés.
Les responsables ont donné un exemple hypothétique : le SCRS reçoit une information selon laquelle un individu associé à un numéro de téléphone canadien pourrait planifier un attentat terroriste. Pour mener son enquête, le SCRS doit d'abord confirmer l'identité de la compagnie de téléphone responsable du numéro avant de pouvoir demander une ordonnance de communication de renseignements supplémentaires, comme le nom et l'adresse associés.
Un critique affirme que le projet est « mûr pour les abus »Toutefois, le projet de loi autorise également les enquêteurs à saisir des données (y compris les informations sur les abonnés) sans mandat dans des circonstances urgentes et urgentes. Cela pourrait inclure les situations où un retard pourrait entraîner la perte de preuves ou une menace imminente pour la sécurité publique, selon le gouvernement.
Lors d'une conférence de presse officielle, les journalistes ont déclaré que même si les fournisseurs de services Internet recevront probablement le plus de demandes, ils ont confirmé que la définition des fournisseurs de services publics est très large.
Cela pourrait inclure une société de location de voitures, un hôtel ou une institution financière. Les professionnels de la santé, notamment les hôpitaux, les médecins et les cabinets de psychiatres, pourraient également répondre à cette définition, ont-ils précisé.
Le responsable a souligné que la police doit croire qu'il existe des raisons de soupçonner que les informations en question aideront à une enquête criminelle, et a déclaré qu'il existe un mécanisme dans le projet de loi permettant aux fournisseurs de services de demander un contrôle judiciaire s'ils ne sont pas à l'aise de transmettre des informations.
Mais ceux qui ne s'y conforment pas s'exposent également à des conséquences juridiques, notamment des milliers de dollars d'amendes et une éventuelle peine de prison.

Les critiques affirment que le projet de loi porterait atteinte à la vie privée et pourrait enfreindre la Charte des droits et libertés.
Tim McSorley, coordinateur national du Groupe de surveillance internationale des libertés civiles, a déclaré que la manière dont le projet de loi est rédigé est « propice aux abus ».
« Sans mandat, la police et les agences d'espionnage pourraient exiger des informations sur nos activités en ligne en se basant sur le faible seuil de suspicion raisonnable », a-t-il déclaré dans un communiqué mercredi.
« Le projet de loi C-2 minerait plus d’une décennie de jurisprudence canadienne en matière de protection de la vie privée et permettrait une expansion massive de la surveillance nationale. »
Jeudi, le gouvernement a également déposé une déclaration sur la Charte, une analyse visant à déterminer si le projet de loi porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Charte.
Le document du ministère de la Justice soutient que les parties du projet de loi relatives à l’accès sont conformes à la Charte.
Elle soutient que la common law reconnaît déjà que la police, dans des circonstances urgentes, peut effectuer des perquisitions qui nécessiteraient autrement un mandat.
Le projet de loi bénéficie du soutien des chefs de police canadiens, qui estiment que les demandes sans mandat permettraient de recueillir le strict minimum d'informations, mais pourraient faire la différence dès le début d'une enquête. Les défenseurs de la protection de l'enfance réclament également des modifications visant à obliger les fournisseurs d'accès à Internet à coopérer avec les forces de l'ordre.
Richard Fadden, ancien directeur du SCRS, a déclaré qu'un annuaire téléphonique permettait autrefois à la police de « faire plus ou moins la même chose » que ce qui est recherché dans ce projet de loi — bien que les critiques soutiennent que les nouvelles demandes sans mandat fourniraient beaucoup plus de données .
Depuis l'introduction du projet de loi, le gouvernement fédéral a fait valoir qu'il visait à assurer la sécurité des frontières, à lutter contre le crime organisé transnational et le blanchiment d'argent et à stopper le flux de fentanyl mortel à travers la frontière.
Le Canada subit des pressions de la part du président américain Donald Trump pour renforcer la sécurité à ses frontières. Son administration a parfois justifié sa guerre commerciale en invoquant le flux de migrants irréguliers et de fentanyl vers le sud.
cbc.ca