Après l'expulsion de Michel Friedman du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale : son éditeur s'exprime

Il faut trois heures de route pour rejoindre Klütz depuis Berlin-Mitte, et moins d'une heure pour Schwerin ou Lübeck. Dans cette petite ville où l'on sent la proximité de la mer Baltique , on peut se plonger dans l'œuvre de l'écrivain Uwe Johnson , qui a su, de manière incomparable, transposer les liens entre l'Allemagne et l'Allemagne en littérature. Depuis près de vingt ans, la Maison de la littérature « Uwe Johnson » et son exposition permanente sont installées dans un ancien grenier à blé. Longtemps, seuls les initiés en avaient connaissance. Ces derniers jours, l'information a fait le tour de l'Allemagne. Oliver Hintz, directeur de la Maison de la littérature, a annoncé publiquement qu'à l'instigation du maire de Klütz, il lui avait été demandé de retirer l'invitation du journaliste Michel Friedman à une lecture, car le maire craignait des manifestations d'extrême droite ou des actions de sympathisants du Hamas.
Cependant, les explications du maire, présentées lundi soir aux membres du conseil municipal de Klütz, et pour lesquelles il n'a pas encore pu s'exprimer au Berliner Zeitung, mettent en avant les coûts de l'événement. Comme l'a rapporté le Lübecker Nachrichten mardi, il s'est défendu des accusations dans une déclaration au début de la séance du conseil municipal : « La crainte des extrémistes de droite n'a joué aucun rôle dans le rejet de la présence de Friedman. Il a uniquement invoqué les coûts escomptés de cette présence. » Le maire n'appartient à aucun parti politique habituel, mais à l'Association des électeurs indépendants.
Cependant, comme le directeur du Literaturhaus l'avait déjà assuré à plusieurs médias, la ville n'aurait eu à prendre en charge ni les frais ni l'hébergement. Ces deux frais auraient été pris en charge par des donateurs privés. Hintz n'avait pas encore répondu à une demande du Berliner Zeitung mardi après-midi.
Michel Friedman devait intervenir à Klütz sur les questions de démocratie à l'occasion du 120e anniversaire d'Hannah Arendt (présenté dans l'exposition permanente). Friedman vient de publier le livre« Mensch ! Liebeserklärung eineszweifeln Demokraties » (Humain ! Déclaration d'amour d'un démocrate désespéré) aux éditions Berlin-Verlag. Il y écrit : « Je suis représentant commercial. J'ai une petite valise, et à l'intérieur se trouve la Loi fondamentale. » Nous lui avons demandé ce que cela lui faisait, en tant que représentant commercial, de ne plus avoir le droit d'ouvrir la porte. Il nous a répondu : « Puis je regarde autour de moi et j'aperçois une fenêtre ouverte. Je me dis : j'y vais. »
Felicitas von Lovenberg : Nous n'avons jamais rien vécu de tel auparavant
Nous avons interrogé l'éditrice Felicitas von Lovenberg sur cet incident. Elle dirige Piper Verlag, dont fait partie Berlin Verlag. Elle répond plus en détail à la question de savoir si elle a déjà vu un auteur de sa maison d'édition se voir refuser l'invitation d'un événement par crainte de protestations. « Non, nous n'avons jamais vécu cela aussi directement et dans une telle ampleur que cela semble se produire ici, même si nous avons malheureusement déjà constaté avec notre auteur Hendrik Cremer, qui, dans son livre « Plus nous restons silencieux, plus nous aurons besoin de courage », a constaté que certains organisateurs intéressés ont décidé de ne pas envisager une lecture par crainte d'hostilité. »
Piper Verlag, dont fait partie Berlin Verlag, est l'éditeur d'Hannah Arendt, souligne-t-elle. « Les livres sur la vie et la culture juives, ainsi que sur la lutte contre l'antisémitisme, l'extrémisme de droite et le racisme, ont toujours fait partie intégrante de nos programmes et de nos profils d'éditeurs au sein de nos deux maisons d'édition. Tant que je serai éditrice, cela restera ainsi. »
Michel Friedman la décrit comme une personne qui défend la nécessité d'un débat public sur les opinions divergentes. Habitué à la controverse, il n'a jamais annulé un événement de sa propre initiative par crainte de protestations. « Michel Friedman recherche toujours le dialogue. Tous ses livres, et notamment "Mensch !", en témoignent. » Michel Friedman reste ouvert à de nouvelles invitations dans la région. « Les premières communes ont déjà répondu présentes. Fin octobre, il prononcera le discours d'ouverture du prix Johannes Stelling à Schwerin. »
Mais voilà que Friedman arrive à Klütz, bien plus tôt que prévu. Mardi après-midi, l'association d'auteurs PEN Berlin a annoncé l'organisation d'un rassemblement à Klütz pour lundi prochain à 17 heures. Son membre, Michel Friedman, y prendra la parole. Le slogan est : « La violence commence là où s'arrête la parole – pour une société civile forte à Klütz et partout ailleurs. »
Berliner-zeitung