Réseaux sociaux. Combien gagne vraiment un influenceur ? Entre mythe et réalité

Cette activité fascine autant qu’elle questionne : combien gagne un créateur de contenus sur les réseaux sociaux ? Avec la professionnalisation de ce métier et l’exposition de certains influenceurs, les spéculations vont bon train : partenariat à six chiffres, voyages tous frais payés et vie de luxe sont ancrés dans l’imaginaire collectif. En réalité, ils sont très peu à pouvoir vivre convenablement de ce métier.
Les têtes d’affiche comme Léna Situations, Squeezie, EnjoyPhoenix ou Inoxtag gagnent effectivement des dizaines, voire des centaines de milliers d’euros et sont entourés d’une équipe de professionnels au quotidien pour réaliser leurs contenus, mais ne représentent qu’une infime partie des 145 000 créateurs de contenus en France.
Les plateformes rapportent peuIl faut d’abord distinguer les différentes sources de revenus. « La majorité provient des partenariats sponsorisés avec les marques (vidéos, stories, posts sur les réseaux sociaux) et non des plateformes elles-mêmes », détaille Solène Juredieu, directrice du pôle clients chez Reech Agency, une agence d’influence marketing. Si 60 % des Français interrogés par Reech citent la rémunération par les plateformes comme salaire des influenceurs, celle-ci reste très minoritaire dans les revenus des créateurs. À cela peut s’ajouter pour certains une marque personnelle, des produits dérivés, des livres, formations, goodies et produits offerts.
« 66 % des créateurs gagnent moins de 5 000 euros par an grâce à leur activité d’influence. Très peu d’influenceurs gagnent leur vie grâce à cette activité. La majorité ont des métiers à côté, c’est une passion pour la plupart », indique Solène Juredieu.
Une réalité que ne perçoit pas le grand public : seul un sondé sur 100 pense qu’un créateur de contenus peut ne rien toucher de son activité, alors que, dans les faits, 26 % des influenceurs n’ont déclaré aucun revenu lié à cette activité en 2024 (étude Reech 2024). À l’inverse, seulement 6 % des créateurs de contenus ont déclaré toucher plus de 50 000 euros par an alors que 14 % des participants pensent qu’un influenceur touche effectivement cette somme. « C’est tout le fantasme que le grand public peut avoir sur les influenceurs : de l’argent facile, des millions d’euros, mais c’est très loin de la réalité. Et puis, il ne faut pas oublier que créer du contenu, c’est un travail qui demande du temps et c’est un investissement, notamment pour ceux qui ont une activité à côté », souligne Solène Juredieu.
Combien touche vraiment un créateur de contenu ?
Selon l’étude menée par Reech sur le salaire des créateurs de contenus, 26 % ont déclaré ne rien toucher de leur activité en 2024, 21 % ont déclaré moins de 1 000 euros par an, 19 % ont déclaré entre 1 000 euros à 4 000 euros par an, 9 % entre 5 000 et 9 000 euros par an, 10 % entre 10 000 et 19 000 euros par an, 9 % entre 20 000 et 50 000 euros par an, tandis que 6 % des créateurs de contenus affichent plus de 50 000 euros sur un an.
L’agence d’influence marketing estime le revenu médian des créateurs à 1 600 euros mensuels, en raison de la forte proportion de créateurs ne dégageant pas ou peu de revenus de leur activité, soit moins que le Smic (1 801,80 euros brut mensuel). La plupart des créateurs de contenus sont des nano-influenceurs (moins de 10 000 abonnés) ou micro-influenceurs (entre 10 000 et 30 000 abonnés). Ils vont pouvoir toucher un petit complément de revenus, des cadeaux ou invitations et vont intéresser les marques par leur taux d’engagement élevé puisqu’avec un nombre raisonnable d’abonnés, ils sont considérés comme fiables et proches de leur communauté.
Une rémunération variableÀ titre d’exemple, Jean-Baptiste Viet, créateur de contenu dans la tech, révélait avoir reçu en juillet 2023 3 200 euros pour la vente de ses livres, 500 euros pour son premier placement de produit et estimait son salaire à 1 250 euros brut par mois grâce à YouTube, plateforme sur laquelle il est suivi par plus de 100 000 abonnés.
Contrairement à un emploi salarié, le salaire d’un influenceur est extrêmement variable et dépend des campagnes des marques (souvent plus nombreuses en fin d’année et plus faibles en été), des négociations selon le contenu et de la pression algorithmique : une baisse d’engagement peut faire chuter les tarifs proposés et les opportunités très rapidement.
Ce métier demande également une certaine rigueur concernant la publication de contenus, mais il y a aussi toute une partie que le public ne voit pas : conception, tournage, montage, gestion de la comptabilité et du statut d’autoentrepreneur, modération, etc. Vivre de la création de contenus de façon confortable n’est pas impossible mais reste réservé à une minorité d’influenceurs, souvent après plusieurs années de travail.
(*) L’étude 2025 a été menée en décembre 2024 et janvier 2025 auprès de 1 000 utilisateurs des réseaux sociaux, représentatifs de la population française de 18 ans et plus par Reech.
Le Progres