"Conclave" sur les retraites : quels sont les points sur lesquels les partenaires sociaux doivent-ils s'accorder ?

Le “conclave” sur les retraites, qui a débuté il y a déjà six mois, touche bientôt à sa fin. Et si les négociations sur l’âge légal du départ à la retraite ont fait couler beaucoup d’encre, les échanges réunissant les partenaires sociaux sont loin de ne porter que sur ce sujet.
Alors que les discussions doivent se terminer mardi 17 juin, retour sur les points plus ou moins sensibles qui restent à trancher.
Un départ à 64 ans. Le Medef, principal représentant du patronat, a affiché son inflexibilité sur l’âge de départ à 64 ans. Sans vouloir le dire très clairement, les syndicats semblent avoir pris acte de cette situation. Ils ne renonceraient pas à revendiquer le retour à 62 ans, mais accepteraient de signer un accord si l’âge de départ était abaissé pour certaines catégories de personnes.
La pénibilité et l’usure professionnelle. Proposer une retraite anticipée aux personnes travaillant dans des conditions pénibles ou usantes pourrait être une voie de compromis. Le Medef a proposé que des personnes en invalidité ou en incapacité permanente puissent partir à 61 ou 60 ans selon les cas (62 ans aujourd’hui). Mais le “compte n’y est pas côté salarié”, tranche Christelle Thieffinne pour la CFE-CGC auprès de l’Agence France-Presse, qui estime qu’il y a dans les propositions patronales un “angle mort”, celui des personnes usées à 60 ans mais non reconnues comme invalides. De son côté, la CFDT défend bec et ongles une proposition permettant d’étendre les départs anticipés liés au C2P, le compte professionnel de prévention. Elle propose que le C2P puisse concerner les personnes exposées aux “manutentions manuelles de charge”, aux postures pénibles et aux vibrations mécaniques.
Le niveau de pension des mères. Le Medef suggère de “permettre aux femmes ayant acquis des trimestres supplémentaires liés à la maternité de bénéficier d’une amélioration de leur niveau de pension en modifiant le calcul du salaire annuel moyen […] non plus sur les vingt-cinq meilleures années mais sur vingt-trois ou vingt-quatre années, ce qui mécaniquement améliorera leur niveau de pension”. Mais, pour “financer le surcoût, la surcote parentale à partir de 63 ans, instaurée par la réforme Borne, serait supprimée”. Avec la surcote, certaines mères de famille peuvent, à 63 ans, voir leur pension augmenter à raison de 1,25 % par trimestre cotisé, soit un maximum de 5 %.
Détricoter la décote.La décote est cette pénalité qui minore la retraite versée aux personnes qui partent en retraite à l’âge légal, mais sans avoir cotisé un nombre suffisant de trimestres (172 exigés par la réforme Borne, soit 43 ans). Cette décote est appliquée pour les départs jusqu’à 67 ans. Les syndicats proposent que cet âge soit abaissé à 66 ans. Cette mesure bénéficierait particulièrement aux femmes, qui sont nombreuses à devoir attendre 67 ans pour partir sans pénalité.
Comment obtenir une retraite sans décote.
Les carrières longues rabotées ? C’est une des concessions que pourraient faire les syndicats : pour éviter d’alourdir trop la facture des mesures femmes et pénibilité, il serait envisagé de raboter le dispositif de carrière longue mis en place par la réforme Borne.
Vers un équilibre financier en 2030. Ce conclave devait permettre d'atteindre l’équilibre financier. Selon les prévisions à l'heure actuelle du Conseil d’orientation des retraites, le déficit du système des retraites atteindra 6,6 milliards d’euros en 2030. Mais les organisations patronales refusent d’augmenter les cotisations salariales ou patronales.
Les retraités mis à contribution. Les syndicats marchent sur des œufs sur la question, mais ils ne rejettent pas l’idée que les retraités puissent être mis à contribution pour rééquilibrer le système des retraites. Les scénarios envisagés par le "conclave" seraient une forme de sous-indexation des retraites sur l’inflation – comme c’est déjà le cas pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco – ou une augmentation des taux de CSG, qui pourrait épargner les retraités modestes.
Planet.fr