L'ablation tumorale percutanée, l'arme sans chirurgie des radiologues contre le cancer

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L'ablation tumorale percutanée, l'arme sans chirurgie des radiologues contre le cancer

L'ablation tumorale percutanée, l'arme sans chirurgie des radiologues contre le cancer

Atteinte d’une tumeur primitive du foie, avec une lésion sur le lobe droit et une autre sur le gauche, Sophie (le prénom a été modifié), qui présentait par ailleurs une contre-indication médicale, ne pouvait pas bénéficier d’une intervention chirurgicale. Ses lésions ont pourtant été détruites.

Cette Varoise a bénéficié, fin mai, de la première ablation tumorale percutanée pratiquée par les équipes du service de radiologie interventionnelle du Centre Hospitalier Intercommunal Toulon La Seyne-sur-Mer.

Le Dr Geoffrey Rico, radiologue interventionnel et le Pr Serge Agostini, chef du service d’Imagerie de l’hôpital Sainte Musse, font le point sur cette technique mini invasive qui complète l’arsenal thérapeutique contre les cancers… Mais pas que!

Par la chaleur ou par le froid

"Ce traitement permet de détruire des tumeurs du poumon, du foie, des reins et des os de manière ciblée, sans recours à la chirurgie. Des aiguilles guidées par scanner sont insérées directement dans la tumeur. Sa destruction se fait soit par la chaleur – radiofréquence ou micro-ondes –, soit par le froid – cryothérapie –, en fonction du type de lésion", résume le Dr Rico.

Cette procédure, réalisée sous anesthésie générale, offre une alternative non invasive aux traitements traditionnels, en réduisant les risques et en accélérant la récupération.

"Elle permet un retour rapide à domicile après une hospitalisation d’une à deux nuits. Les suites opératoires sont facilitées, les douleurs moindres et la cicatrisation extrêmement rapide. Il n’y a pas de points de suture, juste la trace d’une piqûre", confirme le Dr Rico.

Une option supplémentaire

L’ablation tumorale percutanée élargit le champ du traitement des cancers.

Le cas de la première patiente toulonnaise opérée à Sainte Musse est exemplaire: "On ne peut pas opérer un cancer du foie bifocal. On peut retirer chirurgicalement le lobe droit ou le lobe gauche, pas les deux. L’ablation tumorale percutanée était la seule option pour détruire ces deux lésions", précise le Pr Agostini.

Ce traitement est également particulièrement adapté aux patients pour lesquels une intervention chirurgicale est contre-indiquée ou présente des risques, un sujet âgé avec des comorbidités par exemple.

Il est cependant conditionné, entre autres, à la taille de la tumeur: "L’ablation percutanée permet de détruire des petites tumeurs, jusqu’à quatre ou cinq centimètres maximum pour le rein, trois centimètres pour un cancer primitif du poumon", indique le Dr Rico.

Un recours décidé au cas par cas

Le recours à ce procédé est donc retenu suite à une validation de plusieurs professionnels en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).

La décision tient compte du profil du patient, du type de cancer et de son stade.

"Par exemple, on peut détruire des métastases d’un cancer colorectal si elles ne sont pas trop nombreuses, mais à condition également que le cancer primitif soit contrôlé par la chimiothérapie", détaille le radiologue.

Si la chirurgie reste le traitement de référence – le gold standard – pour les tumeurs du rein et du poumon, l’ablation percutanée représente cependant "une alternative curative tout aussi efficace, souligne le Pr Agostini. C’est un traitement à part entière qui prend sa place dans la boîte à outils contre les cancers", à côté de la chirurgie, de la radiothérapie, de la chimiothérapie et de l’immunothérapie.

Et ce n’est pas tout: "Des indications non oncologiques émergent également pour l’ablation percutanée, telles que la destruction de nodules d’endométriose ou de tumeurs osseuses bénignes."

L’intervention réalisée pour la première fois le 22 mai dernier à l’hôpital Sainte Musse à Toulon marque le premier pas vers la création d’un grand service de radiologie interventionnel, avec la construction d’une unité d’hospitalisation dédiée dont l’achèvement est prévu pour fin 2026.

"C’est un investissement humain, mais aussi financier, qui implique l’ensemble du service, la commission médicale d’établissement et la direction du CHITS, salue le Pr Serge Agostini. Soumise à autorisation et pratiquée dans les CHU et quelques gros centres hospitaliers périphériques, l’ablation tumorale percutanée est un acte qui nous place au niveau d’un CHU."

Var-Matin

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